Le
3 avril 2007 : (Corse - Euskal Herria) Une conférence de presse
commune de deux associations de défense de prisonniers politiques
Basques et Corses se tenaient à Paris au CICP ce mardi 3 avril. Une
conférence de presse commune pour faire le bilan de 20 années de
justice d'exception depuis la fin de la cours de sureté de l'Etat
dans les années 80. 20 ans de répression orchestré par une justice
coloniale d'exception.
Voici le texte de la
conférence de presse de Paris
(source
Askatasuna) Nous vous remercions d’être venus à cette conférence
de presse, conjointement organisée par les associations Askatasuna
et CAR. Sont présents Amaia Rekarte et Anaiz Funosas au nom
d'Askatasuna et Stella Castela et Jean-Philippe Antolini au nom du
CAR (Comité Anti Répression corse).
Nous nous
trouvons actuellement en pleine campagne présidentielle, et compte
tenu de la situation répressive que nous vivons au Pays Basque et en
Corse, il nous a semblé fondamental d'interpeler les candidats et
faire un bilan de cette situation, en démontrant le rôle répressif
de la 14ème section, qui n’est qu’un outil de la stratégie de l’Etat
français contre les peuples corse et basque.
Amaia Rekarte va commencer par une présentation du fonctionnement de
la 14ème section juridique d’exception qui bafoue les libertés
démocratiques. Nous présenterons ensuite un bilan de la répression
de 1986, année de la création de la 14ème section à nos jours au
Pays Basque et en Corse.
BILAN DE LA RÉPRESSION
Euskal Herria
Depuis
la création de la 14ème section anti-terroriste, nous comptons 860
arrestations sur le territoire de l'État français. Il y a eu près de
350 incarcérations. 4 prisonniers politiques basques sont morts dans
les prisons françaises. Prés de 280 militants ont été expulsés et 84
militants extradés.
En 1999, la FIDH avait présenté un rapport épinglant le
fonctionnement de cette 14ème section anti-terroriste.
Ces dernières années la répression n’a fait que se durcir, pour
preuve le nombre de prisonniers politiques basques incarcérés dans
les prisons françaises et la façon dont ils sont traités.
Actuellement nous comptons 150 prisonniers politiques basques
incarcérés dans 30 prisons françaises. Parmi eux, 99 sont toujours
en préventive. Nous tenons à souligner l’allongement des délais
d'instruction. Dernièrement, Iñaki Santesteban et sa compagne
Anne-Marie Toyos ont été jugés en assises 8 ans après que les faits
se soient déroulés.
PRÉSENTATION DU DOSSIER SUR LA 14ème SECTION ANTI-TERRORISTE
Amaia
Rekarte présente le dossier réalisé par Askatasuna et en souligne
quelques points importants dont voici un résumé:
Les législations anti-terroristes augmentent les pouvoirs de
l'instruction en ce qui concerne les moyens techniques (surveillance
vidéo de tout lieu public ou privé, stockage des données
informatiques, etc - nous rappelons que la CNIL s'était alors
opposée à ces mesures jugeant qu'elles portaient atteinte aux
libertés) les pouvoirs d'investigation (infiltration, garde à vue de
6 jours – nous rappelons que cette dernière mesure a été remise en
question par la Cour Européenne des Droits de l'Homme qui préconise
un maximum de 4 jours).
Ces législations spéciales successives ont sérieusement durci le
traitement pénal des affaires jugées par l'État français comme
"terroristes". De nouvelles infractions ont vu le jour dans les lois
de 1996, avec notamment l'apparition de la notion d'association de
malfaiteurs, les peines prévues ont été aggravées par la loi Perben
II en 2004 avec la circonstance aggravante de direction d'une bande
organisée qui fait passer le dossier de la correctionnelle aux
Assises. Une autre circonstance, celle d'association de malfaiteurs
à visée terroriste est ajoutée par les lois Sarkozy en 2006, portant
les condamnations dans ces affaires à des sommets surréalistes,
puisqu'un prisonnier ayant plusieurs affaires en cours peut être
recondamné à chaque fois pour le même délit d'appartenance à une
association de malfaiteurs.
Askatasuna dénonce également les pratiques de cette section:
-
Les pratiques abusives de la DNAT. La violence de certaines
arrestations a même été dénoncée par le Rapporteur Spécial du Comité
contre la Torture de l'UE. Par ailleurs, le procès Erignac avait mis
en lumière des montages grossiers.
- La durée exagérée des délais d'instruction. Quand la loi prévoit,
ce qui est déjà très long, un délai de 4 ans et 8 mois, la pratique
porte parfois ce délai à 6 ans, comme ça a été le cas dans l'affaire
Plévin.
- La centralisation des compétences à Paris et la connivence envers
les différentes parties du procès que cette situation implique, qui
est totalement contraire au droit. La création d'une Cour d'Assises
spéciales composées de juges professionnels. Le Juge d'Application
des Peines centralisé à Paris qui supprime les remises de peines et
refuse les libertés conditionnelles ou y ajoute de nouvelles
conditions non prévues par la loi (rédemption).
- La lourdeur des peines. À l'allongement des condamnations
s'ajoutent de nombreuses mesures aggravantes et arbitraires comme le
retrait des droits civiques, l'interdiction définitive du territoire
ou de certains départements, etc.
- Nous dénonçons en général les procédures dérogatoires qui mènent
le plus souvent à la violation des droits essentiels des personnes
et nous voulons attirer l'attention de tous sur le caractère vaste
et flou du concept de terroristes. Il s'applique ici à des militants
réclamant à l'État français la pure et simple application de leurs
droits, qu'ils soient individuels ou collectifs. Il peut s'appliquer
à toute voix contraire au projet du gouvernement en place.
INTERPELLATION DES CANDIDATS
Nous, Askatasuna et le CAR avons décidé de faire front à cette
politique répressive, et donc d’ouvrir une campagne pour la
fermeture de la 14ème section anti-terroriste. Dans les semaines à
venir, nous allons rencontrer un grand nombre d’acteurs politiques
et sociaux pour leur faire part de cette réalité.
Le 7 avril prochain une réunion publique aura lieu en Corse.
Puis une manifestation sera organisée le 21 avril à Ajaccio pour
dénoncer le procès qui aura lieu au Tribunal de Grande Instance de
Paris, où 17 militants corses vont être jugés.
Les 25-26 mai prochain, nous organisons un Forum sur le
fonctionnement de la 14ème section anti-terroriste et sur les
libertés démocratiques à Bayonne.
Puis le 16 juin prochain une manifestation sera organisée à Bayonne.
Euskal Herria, le 3 avril 2007
Source : Askatasuna
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
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