Le
3 décembre 2007 :
(12:59
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse)
À l'occasion de la tenue du
procès Colonna, la Ligue Bretonne des Droits de l'Homme tient à
réagir sur quelques éléments révélateurs des manières de la justice
spéciale «anti-terroriste» en France.
Tous ceux qui, ces
dernières années, ont eu à subir la répression juridico-policière ne
s'étonneront pas de la manière dont plusieurs témoins ont relaté
leurs gardes à vue : il est de notoriété publique que celles-ci sont
l'occasion de pressions sur les personnes interrogées. Ainsi de
Michèle Alessandri qui rapporte "les souffrances et les
humiliations subies lors de la garde à
vue". "J'avais peur de prendre des coups,
j'entendais pleurer dans le couloir... des bruits de
bottins" ou encore :
"la juge m'a dit que mes enfants iraient à la DDASS".
Ou
encore Nicole Huber-Balland qui décrit des interrogatoires où elle
est "malmenée et manipulée",
où on lui "crie dessus". Pour finalement
asséner : "Je suis très étonnée par
mes déclarations... On me soufflait les choses".
Mais de telles manipulations n'ont-elles pas déjà eu lieu concernant
des affaires s'étant déroulées il y a quelques années en Bretagne?
Rappelons aussi, comme cela a eu lieu ici il y a quelques années,
l'empressement de quelques responsables politiques, et
singulièrement Nicolas Sarkozy - à l'époque ministre de l'Intérieur
- à désigner un coupable, cela au mépris de tout respect de la
présomption d'innocence.
Rien de vraiment étonnant finalement, quand on voit
que lors de son audition du 26 novembre, Roger Marion répond
“non” à la question “Oui ou non,
êtes-vous présent lorsque Maranelli donne
le nom de Colonna ?”, alors que dans son livre paru
cette semaine au Seuil il écrit :
“J'entends alors moi-même Didier Maranelli raconter qu'il fait
partie d'un groupe de sept activistes qui ont décidé de provoquer un
électrochoc en tuant le plus haut représentant de l'État en Corse
(...).”
Et au fait, pourquoi Roger Marion, témoin cité par la
défense, a-t-il été convoqué à l'Élysée par Claude Guéant, bras
droit du président de la République, fin octobre ? Un debriefing
de dernière minute, peut-être ?
Quid aussi des propos du médecin légiste
ayant affirmé que Colonna ne pouvait être le tireur, compte tenu de
sa taille.
Une fois de plus, comme il semble être la règle dans
ce genre d'affaires, comme dans le cadre de l'instruction, le procès
se fait principalement à charge. Comme si pour l'accusation et la
partie civile l'accusé était bien le coupable idéal.
Ajoutons enfin que la mission d'observation de la
Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH),
chargée de suivre l'intégralité du procès, n'est pas en mesure
d'accéder librement à la salle d'audience, comme le souligne une
dépêche AFP du 30 novembre.
Cette mission est notamment composée de deux avocats
qui rédigeront un rapport destiné à la FIDH à l'issue du procès.
La justice spéciale anti-terroriste française
aurait-elle quelque chose à cacher ?
Pour la LBDH
M. Herjean
Source photo :
ABP, Unità Naziunale, Archives du site.
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