Le
8 juin 2007 : Dans le cadre des élections législatives en Corse, le
mensuel U Ribombu a réalisé une interview des 4 candidats
nationalistes représentant la démarche Unione per una soluzione
pulitica.
1) Jean-Marie Poli
vous vous présentez dans la 1ère circonscription de la Corse du Sud,
quel est le sens de votre candidature?
Ceccé Buteau et moi même nous nous présentons à ces
échéances parce que nous considérons qu'il est désormais plus
qu'urgent d'être sur tous les terrains de lutte ,pour dénoncer la
dramatique situation faite à notre peuple.
Ces élections sont très exactement un moyen parmi
d'autres pour aller à la rencontre des Corses , qui d'ailleurs
attendent des nationalistes qu'enfin ils se mettent en marche sur
tous les chemins pour dénoncer la politique de l'Etat colonial et
des clanistes corses qui lui sont inféodés , politique seule
responsable de l'état dans lequel se trouve notre pays aujourd'hui .
Nous voulons donc par le biais de cette candidature
militante dénoncer avec force le fait que désormais le peuple corse
est minoritaire sur sa propre terre, que le corps électoral de la
Corse ne correspond pas à la réalité des corses en corse et que donc
l'expression du vote sur des sujets qui nous intéressent
exclusivement ne peut être tenu pour valable.
Nous souhaitons attirer l'attention de notre peuple
sur l'entreprise de décorsisation des emplois systématisée et
programmée.
Nous dénonçons avec force la spéculation immobilière
et foncière qui connaît aujourd'hui un développement exponentiel
inquiétant et sans précédant, empêchant ainsi les corses de se loger
décemment à cause d'une inflation incontrôlée et démesurée du prix
des loyers ou des terrains .
Cette spéculation se fait avec la large complicité
des chefs de clan et de certains responsables politiques qui
veulent, comme ils le disent ,désanctuariser la Corse. Nous
prétendons ne pas les laisser faire au moins au nom de tout ce que
nous ont laissé nos anciens .A tarra corsa hè a casa di u populu
corsu è devi firmà à u populu corsu.
L'urgence de la situation sociale de notre peuple
doit nous mobiliser pour stigmatiser la paupérisation grandissante
d'une majorité de Corses et les effets aggravants de l'action
coloniale sur une crise économique qui nous conduit vers une
insoutenable précarité ,voir une marginalisation qui à terme nous
exclura de notre propre société.
C'est pour ne pas laisser, les véritables
responsables de ce cahot social ,économique ,culturel et politique
,être les seuls interlocuteurs de notre peuple au cours de cette
campagne et s'accaparer honteusement les acquis de notre lutte,
acquis dont notre peuple bénéficie désormais au quotidien. Nous
sommes certains que notre discours fera aisément la démonstration de
leurs responsabilités accablantes et donc nous proposons par
l'intermédiaire de ces échéances électorales de les disqualifier
définitivement.
2) En quoi votre candidature se différencie de
celle des autres candidats?
Nous sommes différents dans cette campagne parce que
nous sommes les seuls à proposer une alternative pour la sortie
d'une crise qui à tendance à se pérenniser.
Seuls les Nationalistes sont capables d'impulser, si
ils sont entendus la mise en œuvre d'une solution politique prenant
en compte l'intérêt collectif des Corses et leurs droits nationaux,
à contrario de nos adversaires qui eux ne pensent qu'a leur carrière
politique que la plupart ont reçu en héritage et qui appellent à une
pacification répressive que les patriotes corses payent et paieront
alors encore au prix fort de leur légitime résistance.
3) Souvent les élections législatives sont
présentées comme difficiles pour les nationalistes, où les rouages
clanistes et clientélistes sont notamment forts. Quel est votre
sentiment à ce sujet?
Je pense qu'il n'y a pas d'élections plus
spécifiquement clanistes qu'elles soient législatives ou
territoriales ou communales ou autres, mais que malheureusement la
Corse ne s'est pas encore débarrassée de ces procédés moyenâgeux et
que la pression du clan sur le corps électoral se fait ressentir
indifféremment et au même niveau , peu importe la consultation.
C'est malheureusement une constante que les
Nationalistes ont toujours dénoncé , comme la fraude, l'aliénation
des votes ou le chantage aux passe-droits.
Par contre une de nos difficultés dans ces élection
résident plutôt dans notre propre camp ou la mobilisation est
souvent assujettie au peu d'intérêt militant porté à ce type
d'élections dites "Françaises".
Il s'agit là d'une erreur politique, car en dehors
des élections que les nationaux pourront un jour très prochain (et
c'est mon souhait le plus cher) mettre en place dans le cadre de nos
propres structures nationales corses,
actuellement toutes les élections politiques,
professionnelles syndicales, associatives etc se font dans le cadre
institutionnel de la république française .
Elle en a choisi, les règles, impose les compétences
politiques et gère les attributions matérielles de ses propres
structures , fussent elles basées sur notre territoire .
Quand bien même si l'originalité de certains de ces
outils , leur confère un bien mince caractère d'exceptionnalité ils
sont et demeurent une émanation du système Français. c'est une des
raisons supplémentaires qui doit nous inciter à aller à la
confrontation avec nos adversaires politiques afin de dénoncer
l'action néfaste de ce système et inviter notre peuple à rejoindre
notre démarche pour ne pas se laisser capter par ceux qui
profiteraient de notre absence ou de notre silence en ces occasions.
4) Que vous inspire la victoire de Nicolas Sarkozy
aux présidentielles? Une solution politique est-elle envisageable?
N Sarkosy a été pendant de nombreuses années le
ministre de l'intérieur et si il calque sa politique à l'égard de la
Corse sur ce qu'il a fait jusqu'à présent cela ne nous inspire rien
de bon. Faut t'il rappeler qu'il n'a pas tenu ses promesses sur le
rapprochement des patriotes incarcérés , ou rappeler sa politique du
tout répressif distillé tous azimuts dans les rouages de notre
société .
Nous ne pouvons accepter notamment ses déclarations
provocatrices lors de sa venue à Porti Vechiu où il s'est fait
applaudir par ses amis politiques en insultant les corses et les
nationalistes. Ce n'est certainement pas la meilleure des façons
pour s'engager sur la voie d'un dialogue pourtant nécessaire.
Cependant qu'ils soient de droite ou de gauche les
dirigeants d'un pays aussi dimensionné que la France sont avant tout
des hommes politiques diplômés de grandes écoles où on leur apprend
très tôt dans leur enseignement que l'on ne peut régler un problème
politique que par une solution politique.
D'où l'importance cruciale d'envoyer un message par
l'intermédiaire d'un score important des nationalistes à ces
élections, message qui doit traduire la volonté des corses à
s'orienter vers une autre politique pour notre pays.
Mais là encore ma crainte n'est pas tellement portée
sur la volonté du pouvoir parisien à s'engager dans cette voie. Mon
inquiétude va plutôt en direction des supplétifs locaux de ce même
pouvoir, qui pourrait adopter une attitude de blocage comme ils
l'ont fait par le passé, par crainte de se voir écarter d'un
processus qu'ils ont toujours combattu, parce que dangereux pour
leur avenir politique .
Car inévitablement pendant le moment qui précédera la
solution politique, moment où il faudra nécessairement faire un état
des lieux de la situation de la Corse, celui-ci fera remonter à la
surface leurs incuries, leur incompétences et bousculera l'ordre
établi qui les maintenait docilement et servilement au pouvoir
donnant raison à l'alternative nationaliste devant notre peuple
enfin éclairé de leur gabegie et de leur absence de courage
politique.
Source photo :
Site perunasoluzionepulicca.com, Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
U Ribombu Juin 2007, Unità Naziunale
© UNITA NAZIUNALE 1999 - 2007
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