Un
enfant de 13 ans arrêté à l’aéroport de Paris, amené au Pôle
financier et menacé d’être placé en foyer :
Vergogna à elli !
L’acharnement du pouvoir politique à l’encontre de
Carlu Pieri et de ses proches n’a plus de limites. Sa femme, Antonia
Pieri a été arrêtée à l’aéroport de Paris alors qu’elle se rendait
au parloir voir son mari. Son fils de 13 ans a été conduit avec elle
au Pôle financier !
Lors d’une conférence de presse, les responsables du CAR et de CNI ont
stigmatisé l’attitude répressive du gouvernement français. Le
représentant du CAR a déclaré « Non seulement on continue à mettre
en garde-à-vue les femmes de militants, mais maintenant, on s’en
prend même aux enfants ! » En effet, le fils d’Antonia Pieri, à qui
Carlu Pieri porte l’amour d’un père, a été conduit à la brigade
financière de Paris, en compagnie de sa mère, et menacé d’être placé
en foyer si personne ne venait le chercher ! Un moyen de pression de
plus sur Antonia Pieri, menacée pendant sa garde-à-vue d’une
possible – et surtout inventée – chute de son sursis si ses réponses
n’étaient pas conformes à la volonté des inspecteurs. Des pressions
inadmissibles, de même que les conditions de son arrestation.
Dans une lettre adressée au CAR, et lue pendant la conférence de
presse, Carlu Pieri évoque ce scandale judiciaire et la véritable
agression dont ces proches sont victimes : « Vous n’ignorez rien de
ce que ma femme, et notre enfant, Lisandru, ont dû subir alors qu’il
eut suffi de les laisser terminer la semaine de parloirs et surtout
rentrer le petit en Corse sans le traumatiser. A ce stade, il ne
peut y avoir de doute, lorsqu’on s’attaque, volontairement, à la
descente de l’avion, à une mère de famille, devant son fils, le
menaçant de finir dans un foyer, c’est délibéré, c’est volontaire,
c’est de la violence pure. On a volontairement laissé monter à Paris
un garçon de 13 ans pour le simple plaisir de la menacer d’être
placé dans un foyer.
Désormais, il faut le dire, les pères corses dans les prisons
parisiennes, les enfants corses dans les foyers parisiens, voilà
leur nouvelle devise. » Carlu Pieri conclut sa lettre et en appelle
à la ligue des droits de l’homme qui ne peut rester muette face à
cette procédure fictive et aux agissements de cette justice. Antonia
Pieri a déjà fait une garde à- vue similaire, pour les mêmes
affaires. Elle a déjà été convoquée chez le juge, et à son procès.
Elle n’a jamais tenté de prendre le maquis ou de fuir en Amérique du
Sud ou en Suisse ! Elle s’est toujours rendue à toutes ses
convocations, et c’était encore le cas cette semaine. Les
inspecteurs du Pôle financier de Paris le savent très bien et
n’avaient pas besoin d’un tel déploiement de forces. Elle aurait
répondu à une convocation.
Mais, si tel avait été le cas, ils n’auraient pas pu lui mettre la
pression en menaçant de placer son fils dans un foyer ! Quelle
tristesse pour un Etat d’en arriver là… Nous ne sommes pas Français,
mais si nous l’étions, nous en aurions honte.
L’acharnement contre Carlu Pieri et son entourage
Le premier acharnement contre Carlu Pieri et ses proches remonte à
l’échec du référendum en Corse au cours duquel Nicolas Sarkosy avait
voulu « faire plaisir à tout le monde » en proposant un nouveau
statut pour la Corse, malheureusement bien loin des discussions du
processus de Matignon. Au lendemain de cet échec, le Premier
Ministre de l’intérieur s’est réveillé après une apparition
miraculeuse pendant la nuit : il n’y a pas de nationalistes en
Corse, seulement des nationalistes mafieux, et Carlu Pieri est le
fils caché d’Al Capone. Cela prêterait à rire si ces déclarations
n’avaient pas été suivies d’un acharnement policier et judiciaire
sans précédant, conclu par des condamnations dignes d’une République
bananière. Et puis, il y a quelques semaines, le Premier Ministre de
l’intérieur a récidivé. En réponse à une question de Paul Giacobbi à
l’Assemblée nationale française, Nicolas Sarkosy a déclaré que sa
politique en Corse était une réussite car Carlu Pieri était en
prison !
Quelle indigence intellectuelle d’imaginer qu’un gouvernement puisse
réussir en Corse simplement en envoyant en prison des patriotes
sincères… Et le développement économique ? La Corse a toujours un
PIB inférieur de 15 % à la moyenne des régions françaises… Et la
culture ? Notre Histoire est toujours niée, et n’est toujours pas
enseignée, notre langue se meurt, paradoxalement à un moment où la
société corse dans son ensemble souhaite la sauvegarder, et c’est
sans doute là, une des plus belles victoires du nationalisme corse,
que d’avoir su faire passer ce message à notre peuple qui a pris
conscience de la perte que cela serait si la langue corse venait à
disparaître. Les très nombreux Corses qui travaillent dur chaque
jour pour survivre financièrement auront apprécié les déclarations
de Sarkosy qui sont à rapprocher de celle du préfet français Lemas
pour qui « tout va bien en Corse ». Peu importe si nos enfants ne
peuvent plus acheter de maison, et s’il y a 25 000 actifs sur 100
000 qui ne travaillent pas !
A la suite de cette déclaration du Premier Ministre de l’intérieur,
c’est encore une fois aux proches de Carlu Pieri que l’on s’en est
pris. Comme il est emprisonné et exilé depuis deux ans et demi, on a
décidé d’arrêter son fils – en lui tirant dessus – et certains de
ses proches. Et puisqu’on ne pouvait rien lui reprocher de nouveau,
et bien, on a repris d’anciens dossiers, on les a présentés de
manière différente, et hop, voici une nouvelle affaire qui est
apparue. Antonia Pieri mise en garde-à-vue pour l’époque où elle
gérait l’entreprise CNE s’est vue poser les mêmes questions qu’il y
a deux ans et demi !!! S’en est suivi pour Antonia Pieri une mise en
examen, tout comme Jacques Mosconi et Philippe Paoli.
« Une affaire déjà jugée pour le principal et à laquelle on veut donner un
supplément de vie juridique » a déclaré maître Vincent Stagnara. Ces
dossiers sont vieux, déjà jugés, et apparaissent vraiment comme du
réchauffé de mauvais goût. Jusqu’où iront-ils dans la persécution ?
Jusqu’où le pouvoir politique poussera-t-il le ridicule judiciaire
autour de Carlu Pieri ? Le mouvement national, CAR et CNI, était
présent aux côtés d’Antonia Pieri pour affirmer son soutien.
Le rapprochement
Les avocats présents ont fait remarquer que depuis plusieurs années,
des premiers ministres, des ministres de l’intérieur et de la
justice se sont succédés en déclarant tous que le rapprochement des
« détenus corses » était en cours.
Or, plus de trois ans après ces annonces, force est de constater que
ce n’est pas le cas. Les prisonniers politiques corses sont toujours
en dehors des lois puisque seulement quatre d’entre eux, sur près de
70 sont actuellement incarcérés au centre de détention de Borgu. Les
autres attendent toujours dans des prisons françaises et subissent
toujours une double peine, puisque vient s’ajouter à
l’emprisonnement, l’exil. Des cas particuliers ont été évoqués comme
celui d’Olivier Orsini qui attend une affectation depuis 6 mois et
qui pourrait bénéficier d’une libération conditionnelle. Ou encore
Patrick Castreno à qui l’on a proposé le Centre de Détention de
Salon-de- Provence en guise de rapprochement, et à qui on n’a pas su
dire pourquoi on lui refusait u Borgu… D’autre comme Philippe Paoli
ou André Negroni, qui a plus de 70 ans, attendent toujours un
hypothétique retour. Et la liste est longue, bien plus longue, des
patriotes à qui l’on refuse d’appliquer les lois communes et les
directives européennes qui prônent le rapprochement familial de tous
les détenus.
Pendant combien de temps encore nos prisonniers devront-ils être les
victimes de ce système politique ? Cette situation inacceptable,
régulièrement dénoncée par le CAR, doit impérativement cesser.
Felice Bacciochi
Voir le site du Ribombu :
http://www.uribombu.com/
Source photo :
U Ribombu N°15 2006, Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
U Ribombu N°15 2006, Unità Naziunale
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