Le
3 aout 2008 :
(12:59
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse)
Pour la
première fois depuis 20 ans, les indépendantistes sont réunis pour
relever ensemble les défis lancés à la nation.
Après une
phase de réconciliation qui a commencé il y aura bientôt dix ans, le
3 juillet 1999, avec la signature du protocole de Migliacciaru, nous
sommes enfin parvenus au bout du chemin.
20 années
de marche en ordre dispersé : que de temps perdu, me direz vous.
Certes.
Que de
gâchis. C’est incontestable.
Mais la
voie que nous avons empruntée à Migliacciaru, en 1999, a fini par
nous conduire ici, tous ensemble, à Corti, dans notre capitale
historique, et ça, c’est déjà une victoire.
Il a fallu
pour cela faire appel à ce qu’il y a de meilleur en nous.
Cette
victoire sur nous-mêmes, sur nos suspicions d’hier, sur nos rancœur
d’avant-hier, sur les hésitations que nous pouvions avoir encore il
y a peu, cette victoire, nous voulons la dédier à tous ceux - je dis
bien à tous ceux - qui ont donné leur vie pour la nation, quelle que
soit la formation à laquelle ils ont appartenu.
Nous
voulons, ici et aujourd’hui, les honorer tous. Par ces mots qui
n’ont rien d’anodin et que nous avons longuement médités avant de
les prononcer, nous scellons notre réconciliation et notre unité
retrouvée.
Nous
pensons également à tous ceux qui suivent fiévreusement nos travaux,
par le journal, du fond de leur cellule.
Ils ne
sont pas spectateurs à distance de cette nouvelle démarche, mais
pleinement partie prenante.
Nous
saluons enfin les militants qui ont choisi la forme de lutte la plus
difficile.
Notre
solidarité politique, qui leur est acquise depuis tant d’années, est
indéfectible.
Nous
voulons enfin remercier nos invités internationaux qui ont accepté
d’être les parrains de cette nouvelle démarche, et qui nous aideront
à faire passer de l’autre côté de la mer un message clair, message
qui fait écho au cri de tant de nationaux depuis deux cent cinquante
ans :
A Corsica ùn hè micca un coppiu di dipartimenti
francesi, hè una nazione vinta chì hà da rinasce.
***************
En deux
cent cinquante ans, tout a changé, en Corse comme ailleurs. Tout,
sauf une chose, la volonté des dirigeants français de faire
disparaître notre peuple.
« La cage
sans les oiseaux » n’a pas seulement été la devise de Mussolini.
C’est le mot d’ordre, depuis toujours, de la politique française en
Corse.
Au XVIIIe
siècle, l’instrument de cette politique était la guerre, le fer et
le feu.
Aujourd’hui, même si Paris n’a pas renoncé à sa présence militaire
et à la répression brutale, ses armes
favorites contre notre pays sont la démographie et l’accaparement
économique.
La
démographie :
Chaque
année, 4000 étrangers débarquent en Corse pour s’y installer. Ceux
qui viennent de France arrivent bien souvent pour prendre des
fonctions à responsabilités, alors même que ces postes pourraient
être occupés par nos jeunes diplômés, en particulier ceux qui
sortent de l’Université de Corti.
Pendant
que des étrangers s’installent comme chefs de service ou dans
d’autres fonctions d’encadrement, de trop nombreux Corses ont le
choix entre l’exil et la précarité.
Cette
situation, inadmissible, est le fruit d’une politique délibérée,
visant à noyer notre communauté nationale sous le flot de nouveaux
arrivants.
Les
nationaux corses ont toujours eu une conception ouverte du peuple
corse, composé de Corses d’origine et de Corses d’adoption. Cette
conception du peuple corse, qui n’a aucunement vocation à changer,
ne concerne pas ceux qui arrivent en pensant que la Corse c’est la
France.
Elle ne
concerne pas ceux qui sont les instruments d’une politique de
substitution ethnique voulue par Paris.
Notre
conception du peuple corse ne concerne pas ceux qui arrivent en
uniforme, ni ceux qui viennent pour nous commander sur notre terre.
En un mot,
notre sens atavique de l’hospitalité ne nous fera pas accepter
d’être chassé de notre propre pays.
Ceux qui
sont venus en amis ont toujours été bien accueillis, quant à ceux
qui viennent en conquérants, nous estimons que le mieux qu’ils aient
à faire et de reprendre le bateau dans l’autre sens.
L’accaparement économique :
Aujourd’hui, une gigantesque OPA a été lancée sur la Corse : des
multinationales s’emparent de secteurs économiques stratégiques, les
spéculateurs font main basse sur notre terre.
Progressivement, le système politique français prépare l’avènement
en Corse d’un nouveau pouvoir, tout aussi étranger, mais cette fois
de nature financière.
Notre pays
a connu une situation identique au XVe siècle, lorsque Gênes avait
confié l’administration de l’île à la banque de Saint Georges, de
sinistre mémoire.
Aujourd’hui, dans sa funeste démarche, la France a trouvé des
complices corses :
Ceux qui
parlent de « désanctuariser » leur propre pays.
Ceux qui
élaborent un PADDUC livrant la Corse à la spéculation.
Au XVe
siècle déjà, certains Corses avaient contribué à préparer la
main-mise de l’Office de Saint Georges.
Probablement, comme ceux qui sont aujourd’hui à la manœuvre, y
ont-ils trouvé leur compte.
Car c’est
bien l’intérêt personnel qui incite ces élus à mettre la Corse à
l’encan.
Per u corpu vendenu
l’anima.
Ils font
penser à cette caricature de dictateur latino-américain d’un roman
de Garcia Marquez. Ce dictateur, cupide et ignorant, avait vendu
jusqu’à la mer de son pays à une puissance étrangère.
Soyez
assurés que si quelqu'un avait fait une telle proposition à nos
élus, ils auraient modifié leur PADDUC en conséquence !
Redevenons
sérieux : cet accaparement économique est déjà bien avancé et seul
un mouvement indépendantiste fort et organisé est susceptible de
l’enrayer.
À titre d’exemple, est-ce que nous pouvons accepter
ce qu’annonce le Corse-Matin de ce jour, à savoir une action de la
BNP pour inciter les Italiens et les Anglais à acheter des biens
immobiliers dans l’île ? Et ce alors que les Corses ne peuvent déjà
plus accéder à la propriété, et que les banques refusent de
consentir des emprunts aux particuliers et entreprises insulaires ?
Alors que les banques détournent notre épargne et refusent de jouer
le jeu d’un développement productif ?
Est-ce que nous allons accepter cela ?
Notre réponse est claire et sans ambiguïté : c’est
non !
***********
Nous
en arrivons à la démarche que nous portons aujourd’hui sur les fonts
baptismaux : la refondation du mouvement indépendantiste.
Tout
d’abord, il nous faut parler de l’indépendantisme.
Etre
indépendantiste corse, ce n’est pas une posture idéologique.
L’indépendance, ce n’est pas un slogan.
L’indépendance, nous en sommes convaincus, est la réponse appropriée
aux problèmes de la Corse d’aujourd’hui.
Nous avons
commencé à travailler, de façon approfondie, sur un projet
économique d’indépendance, et consulté, pour ce faire, des experts
corses et internationaux. Il nous ont confirmé ce que nous savions
déjà instinctivement : l’indépendance est le seul moyen d’enrichir
la Corse.
L’échec de
la politique française dans notre pays est patent, et les choses ne
vont guère s’améliorer.
Si un
premier ministre français a choisi de venir en Corse pour annoncer
que l’Etat français était en faillite, ce n’est certainement pas
innocent. Il aurait pu le dire de Paris ou de Lyon. Il l’a dit en
Corse et le message est facile à déchiffrer : les restrictions vont
s’appliquer prioritairement à notre pays.
Ainsi, les
miettes recueillies par nos élus, en vertu du mensonge de la fameuse
« solidarité nationale », vont encore diminuer de volume et, pendant
ce temps, nous allons continuer à payer nos impôts au Trésor public
français et notre épargne va continuer à être détournée vers la
France.
Très
vite, l’indépendance deviendra la seule solution économique
raisonnable, elle sera notre planche de salut.
Les
clanistes en seront pour leurs frais, eux dont la devise, empreinte
de délicatesse, était « Munghje Marianna ! » Observons au
passage à quoi tenait leur amour pour la France :
Munghje Marianna ! Eri, ùn ci era tant’affare à
munghje, è avà ci ne serà ancu di menu.
Les
indépendantistes - qui n’ont jamais eu pour projet de traire
Marianne, mais plutôt de s’en débarrasser - devront s’attacher à
convaincre un plus grand nombre de Corses que l’indépendance est à
la fois le choix du cœur et celui de la raison.
Mais à
côté de ce projet d’indépendance, dont il faudra poursuivre
l’élaboration, nous devrons nécessairement formuler des propositions
transitoires pour juguler les fléaux qui nous assaillent, en matière
d’emploi, de précarité, de foncier. S’agissant également du déclin
de la langue corse, notre langue nationale, le sanctuaire de notre
identité…
Déjà, des
propositions réalistes sont élaborées, dans les secteurs les plus
divers, qu’il s’agisse d’agriculture, de tourisme, d’éducation ou de
santé publique…
Dans les
mois qui viennent, les indépendantistes devront formuler leurs
propositions et leur feuille de route pour sortir de la crise.
Mais pour
le faire avec force et de façon crédible, il faudra parler d’une
même voix et créer l’instrument unitaire dont la Corse a besoin pour
assurer la défense de ses intérêts.
Car seuls
les indépendantistes unis sont capables d’affronter les forces
considérables qui travaillent aujourd’hui contre la Corse et les
Corses.
C’est la
raison pour laquelle nous nous sommes résolument engagés dans une
refondation du Mouvement patriotique.
Corsica Nazione Indipendente réaffirme solennellement
sa décision d’entrer pleinement dans cette démarche de refondation.
Avec l’ensemble des formations et des militants
inorganisés qui composent la démarche, nous allons continuer à
examiner le parcours du mouvement national, de ses origines à
aujourd’hui, à évaluer ses acquis et les limites qu’il a
rencontrées. Forts de ce bilan, nous élaborerons un projet politique
de souveraineté, d’émancipation économique, sociale et culturelle.
Nous devrons également préparer les nécessaires adaptations du
mouvement aux profondes mutations que notre société connaît
aujourd’hui.
Nous
conclurons par un message à tous les Corses :
Depuis
plusieurs décennies, les indépendantistes se sont attachés à
défendre cette terre, à arrêter la main de ceux qui voulaient la
défigurer.
Ils ont
préservé le peuple corse, sa culture, sa manière de participer au
monde, qui serait déjà de l’histoire ancienne sans les sacrifices
consentis.
Ils ont
commis des erreurs. Quelle action humaine en est exempte ?
Mais ils
ont tout donné, parfois jusqu’à la vie.
Aujourd’hui, aucun autre courant politique ne peut se prévaloir d’un
tel attachement à notre communauté et d’une telle détermination à la
défendre.
Devant les
menaces qui se profilent devant nous, devant le travail de
construction qui nous attend, il nous faut un outil fiable et
solide. C’est cet outil que nous nous proposons de construire.
Avec tous
les Corses inaccessibles au découragement.
Avec tous
ceux qui ne peuvent envisager le renoncement.
Avec tous
ceux qui veulent laisser aux nouvelles générations la terre bénie
des dieux dont nous avons hérité.
Evviva
u populu corsu !
Evviva a Nazione !
Dossier
:
GHJURNATE DI CORTI DI U
2008
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
Unità Naziunale
© UNITA NAZIUNALE
Vos
réactions sur cet article ici :http://forucorsu.unita-naziunale.org/portal.php |