Le
14 mai 2008 :
(12:59
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse) Le
plébiscite de Simon Renucci aux dernières élections municipales
d’Aiacciu pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. La
réélection du député-maire témoigne d’un satisfecit accordé à sa
gestion municipale qui, à défaut d’être innovante, a le mérite
d’exister. Pour dire les choses simplement, notons que Simon Renucci
arrive en tête dans tous les bureaux de la ville. Autrement dit, le
Maire sortant a su se faire entendre de toutes les composantes d’une
agglomération au profil communautariste très affirmé.
Son bilan n’est
pas aussi désastreux que celui de ses prédécesseurs, surtout en
termes financiers et fiscaux. Mais les pratiques clientélistes ont
repris de plus belle, la dette de l’hôpital s’est accrue et en 7 ans
de mandat aucun des grands problèmes de la ville n’a vu l’ombre
d’une amélioration .En fin de compte, la véritable chance de Simon
Renucci aura été de ne pas avoir d’opposition sérieuse durant son
mandat, les opposants ne se manifestant qu’en période électorale
dans le désordre que l’on sait. Quoi d’étonnant dans ces conditions
si son discours « humaniste », politiquement correct et parfois
sibyllin a emporté l’adhésion de 66% des électeurs. C’est bien là
que l’on doit trouver les raisons d’un succès sans partage et non
dans la réaction antigouvernementale, patente en France mais
dépourvue de sens dans le paysage politique corse.
Contrairement
aux propos convenus, les élections municipales ne sont pas
apolitiques, pas plus celles d’Aiacciu que celles des grandes villes
de Corse. Il ne s’agit pas de la gestion des bancs publics ; a
contrario elles ne sont pas non plus des enjeux idéologiques, du
moins comme on pourrait l’entendre dans une perspective
gauche/droite. Elles représentent des enjeux de pouvoir complexes,
en témoignent les manœuvres qui président à la distribution des
mandats dans la hiérarchie élective (CTC, Conseil Général, Capa) et
dans l’architecture de chaque clan. Parler dés lors d’ouverture sur
des convergences programmatiques c’est au mieux faire un vœu pieu,
au pire faire un contresens qui ne sera historique que pour les
adeptes de la méthode Coué.
Le mouvement national :
résultats et perspectives
Malgré la
relative faiblesse de ses scores en dehors des élections
territoriales, le Mouvement National reste le curseur autour duquel
s’organise le débat politique. Il est traversé lui aussi par
différents courants de pensée et ne constitue pas, loin s’en faut,
un ensemble monolithique.
Néanmoins,
depuis l’origine ou presque, une différence d’approche
méthodologique sépare sans les opposer fondamentalement les
partisans d’une rupture basée sur les rapports de force et ceux qui
prônent une stratégie d’entrisme-en particulier par les élections-
afin d’arracher des parcelles de pouvoir les plus larges possibles.
Il peut arriver à des périodes de blocage, que l’une et l’autre
tendance veuille affirmer ses positions propres. La crise politique
provoquée par l’incapacité de l’exécutif de l’Assemblée à présenter
des projets lisibles et à assumer ses responsabilités d’une part, le
parti pris par l’Etat d’éradiquer toute forme de résistance et de
revendication nationale d’autre part, a placé les indépendantistes
de CNI dans l’obligation de clarifier leur position. Ils ont exprimé
clairement l’objectif de l’indépendance et ont réaffirmé leur
ancrage dans la démarche de la LLN.
Cet
aggiornamento était indispensable afin d’éviter la dilution de notre
discours dans le politiquement correct. Mais pour les militants
d’Aiacciu il n’interdisait pas une démarche unitaire dans le cadre
d’élections municipales pour lesquelles les Nationaux sont souvent
peu enclins à cultiver la dichotomie autonomistes/indépendantistes.
A juste titre ils la jugent souvent artificielle tant les points de
convergence sont nombreux.
C’est dans ces
conditions que l’on a tenté d’élaborer une liste commune. Cela n’a
pu se faire.
Résultats :
liste T. Casanova 1519 voix 6,76%
liste L. Felli 1210 voix 5,39%
Liste J. Rossi 624 voix 2,78%
Pour 22446
votants
Le nombre de
voix nationales sur Aiacciu demeure stable au premier tour depuis
1989, avec un pic à 2803 voix en 1995. On notera cependant que les
trois listes nationales de 2008 réalisent le meilleur total cumulé
-3353 voix- qui représentent seulement 14,93% en pourcentage.
Mais surtout on
ne retrouve pas à Aiacciu les écarts entre la liste nationaliste
dite « d’ouverture » et celle soutenue par CNI. Si l’on considère
que la liste emmenée par Thierry Casanova était soutenue par 5
organisations, on voit que la liste conduite par Lucien Felli
soutenue par les indépendantistes n’a pas été désavouée par
l’électorat nationaliste. De surcroît, on peut raisonnablement
estimer que la Lista Suciale a largement mordu sur l’électorat de
CNI Aiacciu lui faisant perdre prés de 500 voix.
Les élections
municipales de 2008 n’ont pas fait sortir le MN ni de l’atomisation,
ni surtout de la confusion, il en va de même à Aiacciu comme
ailleurs.
On reconnaîtra
cependant aux indépendantistes le mérite d’avoir formulé clairement
leurs axes de revendication, même si justement la proximité de ces
annonces avec la campagne des municipales a pu se révéler une source
de malentendus tactiques. La deuxième composante du MN, malgré
certains de ses scores aux municipales, demeure un courant de pensée
plus ou moins diffuse où n’apparaissent pas de propositions précises
et relativise les vertus d’une ouverture qui se ferait « au-delà du
nationalisme ».
En fin de
compte, le clivage entre « modérés » et « radicaux » n’intéresse pas
la grande majorité des Nationaux. D’ailleurs, aussi bien sur la
question des prisonniers politiques, sur l’identité, la culture et
la langue, tous affirment des positions très fermes. En restant sur
ces bases on a bien vu, qu’entre les deux tours, à Bastia et Porti-Vechju,
les convergences sur des projets entre partis traditionnels et
nationalistes d’ouverture ont achoppés. Il y a peu d’espace en
réalité pour ce type d’expression qui par définition ne peut être
portée que de manière conjoncturelle par des individus plus que par
des structures politiques.
E AVALI
Qui va rafler la
mise ? Dans l’immédiat certainement pas les Nationaux. Le clan, qui
n’est pas plus de droite que de gauche, n’a jamais été aussi fort.
Sa position se nourrit de la crise économique et sociale dont il n’a
pas lui-même évalué les conséquences possibles. On constate qu’à
Aiacciu comme partout en Corse, n’émane du parti majoritaire aucune
proposition sérieuse de développement, aucune analyse prospective.
On raisonne au coup par coup à l’encontre de toutes les règles de la
politique. L’électorat ajaccien a donné un large quitus au maire
sortant. Mais les problèmes demeurent dans un pays où le discours a
atteint le niveau zéro de la politique comme en témoignent de
prétentieuses péroraisons médiatiques.
Et que
l’inquiétante montée de l’ultra nationalisme français est à ce jour
l’unique réponse aux seules forces politiques capables d’apporter
quelque chose de déterminant.
Ghjacumu Faggianelli
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
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