Le
17 mai 2008 :
(12:59 Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse)
L’Assemblée Nationale française –
une fois n’est pas coutume – a enfin débattu d’un sujet jusqu’à il y
a peu tabou en France : les langues dites « régionales ».
La langue corse était évidemment
concernée.
Nous avons suivi avec un grand
intérêt la position des élus insulaires sur ce sujet, plus
particulièrement celle de Camille de Rocca – Serra.
Notons tout d’abord une analyse bien
tardive sur notre langue quand M. de Rocca Serra, de concert avec M.
Santini écrivent : « Ces langues sont, en effet, un des marqueurs
identitaires essentiels dont nos sociétés ont besoin en un temps ou
se brouillent et s’estompent les valeurs et les repères ».
Mais le constat a ses limites et sa
dimension politique prend subjectivement sa mesure quand il est
dit : « Qui oserait encore prétendre, en 2008, que les langues de
France menacent l’unité du pays et remettent en cause la position du
français comme langue de la République ? ».
Puis la langue est confinée dans
l'habituel cadre aléatoire : « Nous ne désirons pas, pour notre
part, ouvrir le débat de la co-officialité parce qu’il ne nous
semble pas de nature à faire progresser la discussion dans le cadre
du débat à venir »…
Autrement dit, faisons patte de
velours, ce sera plus productif.
La position de Camille de Rocca –
Serra restreint la langue dans son emploi. L’argumentation d’un « plan
stratégique d’aménagement et de développement linguistiques pour la
langue corse, intégrant à la fois un projet éducatif et un projet
sociétal » se heurte aux réalités orale et écrite du quotidien,
si dégradées aujourd'hui que ces projets n'aboutiront qu' à des
mesures inopérantes à force d' être inconsistantes.
Pour notre part, nous ne prônons
évidemment pas « l’usage du français et la pratique du corse », mais
bel et bien l’usage du corse et sa traduction sociétale dans
toutes ses dimensions.
Le rapport du conseil scientifique
de la Collectivité Territoriale de Corse est on ne peut plus clair à
cet égard, qui, compte tenu de la situation sociale et linguistique
du corse, estime que « la question du statut d’officialité trouve
une nouvelle pertinence ».
La solution stratégique pour sauver
la langue réside dans l’adoption d’un statut d’officialité.
M. Camille de Rocca Serra
circonscrit « la pratique » de notre langue au cadre de sa
« république » qui refuse toujours – malgré son orientation
européenne – de signer la Charte européenne des langues
minoritaires.
Il la circonscrit d’autant plus
qu’il détache la langue de sa communauté originelle et de la culture
qu'elle véhicule.
M. Camille de Rocca Serra in fine
n’ose évidemment pas aborder la globalité du problème de la langue
et de ses implications : sa véritable reconnaissance signifierait
la prise en considération de la dimension de peuple de la communauté
à laquelle elle appartient. Et donc de son identité.
Il manque en effet au discours de
Camille de Rocca Serra la demande politique dont la réalisation
garantira à la langue corse un avenir autre que celui de langue
morte.
Nous ne voyons ici qu’un texte de
portée générale qui inscrit notre langue dans un ensemble culturel
délayé, un ersatz proche du folklore (qui lui aussi d' ailleurs fait
partie du patrimoine). Un texte où cette tendance affirmée à fondre
le Corse dans un « ensemble de langues régionales » connote un
projet qui ne pourra jamais conduire, d' ailleurs, aucune des
langues minorées du domaine français à faire reconnaître son
identité, caractère fondamental et fondateur. Et surtout pas notre
langue. Parce que, comme disait Roland Barthes: « La langue
dominante est fasciste ».
En effet, qui ignore encore que
« l'identité nationale » française ne peut tolérer l'existence
d'autres identités dans la sienne?
Nous sommes de ce fait, nous, aux
antipodes de la jobardise, des gausseries et autres sarcasmes agités
par les amis de Camille de Rocca Serra, Reno et Clavier le temps
d’une « enquête corse »…Inutile de s'offusquer de ces avanies
récurrentes: celui qui n'ose pas s’affirmer est toujours traité à
l'aune de sa pusillanimité.
CORSICA NAZIONI INDIPENDENTI
Sezzioni suttanaccia
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