Le
10 octobre 2008 : (13:00 Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse) Depuis
les années 50, l'Etat, et ses complices locaux poursuivent avec
obstination une politique qui vise à implanter un tourisme de masse
sur notre île. Le PADDUC ne doit dès lors pas être envisagé de façon
isolée. Il fait partie d'un ensemble cohérent de dispositifs
(programmes d'investissements, retour au droit commun des
successions, création de l'agence foncière…) au service d'un
objectif exclusif : la mise en oeuvre d'une économie résidentielle,
dont l'une des conditions est l'élimination des obstacles humains et
juridiques à l'utilisation du foncier. Pour « mettre en mouvement »
le marché des terres dont le PADDUC facilitera la constructibilité,
il est indispensable de faciliter l'aliénation de biens immobiliers
encore largement aux mains des corses. C'est dans cette optique
qu'il faut envisager la création du GIRTEC, diplomatiquement
rebaptisé (le terme d'agence foncière, chargé d'une charge
émotionnelle trop importante ayant au passage été abandonné) que les
propagandistes officiels présentent comme une institution au service
des corses dans le domaine de la propriété. Avec une générosité à
laquelle nous n'avions pas été accoutumés, il prendra en charge,
dans le but de titrer les propriétés, la recherche généalogique, les
frais de géomètre…et créera aussi un fichier informatisé par le
biais duquel une estimation de la valeur foncière des terrains
pourrait, dans l’avenir, servir de base à une remontée considérable
des bases fiscales, analogue à celle qui a été pratiquée a l'île de
Ré. La pensée officielle transparaît cependant dans certains écrits,
même si l'Etat et ses complices locaux avancent masqués sur cette
question hautement sensible. Ainsi, le site de la documentation
française présente ainsi la problématique. Les constructions se
concentrent, dans l'intérieur, dans des villages souvent escarpés
dont l'extension est limitée par la rareté des terrains disponibles
aux alentours. Sur le littoral, de surcroît, l'étroitesse de la
bande côtière contraint de construire, le plus souvent, à proximité
de l'eau.
Dans ce contexte,
l'application du principe de l'urbanisation en continuité des
constructions existantes, destiné à limiter le «mitage», et les
dispositions tendant à protéger les espaces remarquables littoraux
ont pour effet de «geler» l'essentiel des terres sur lesquelles il
serait techniquement possible de construire.
Enfin la persistance de
nombreuses indivisions contribue également à détériorer l'état du
bâti en Corse, puisqu'il s'avère très difficile de vendre ou
d'acheter des immeubles indivis dont certains indivisaires
n'assurent pas l'entretien. Les difficultés rencontrées pour
l'entretien du patrimoine bâti ancien font donc pendant aux
problèmes posés pour réaliser des constructions neuves.
Le moniteur des travaux
publics et du bâtiment présentait ainsi la création du GIRTEC :
L'objectif est de mettre fin aux désordres qui bloquent le foncier
dans l'île. Les élus escomptent notamment résoudre les problèmes
générés par l'indivision : à défaut d'avoir un propriétaire
clairement désigné et donc de pouvoir être vendues, de nombreuses
maisons ou terres sont, en Corse, à l'abandon. Tout en affirmant que
l'absence de titres de propriété est un danger pour la survie de
certains biens et que, de façon générale, elle est devenue un frein
à la « possession normale des biens » (peut être faut il entendre
par là la possibilité de s'en défaire), le président Sarkozy dans
son discours devant l'assemblée de Corse donnait en octobre 2007 les
raisons réelles de la mise en place de cette agence, dotée de 11
millions d'euros dans le PEI 2007-2013. Vous savez que je me suis
impliqué personnellement dans ce dossier. Vous en connaissez les
raisons. La loi du 22 janvier 2002, prévoit de caler l'application
du droit commun des successions à partir d'une reconstitution
parallèle des titres de propriété.
Or cinq ans se sont
écoulés depuis et que s'est-il passé ? Rien ou presque rien du côté
des titres.
On est en décalage entre le fiscal et le juridique, puisqu'on veut
commencer à appliquer des droits pour les successions alors qu'on
n'arrive pas à les régler. Alors cette structure chargée de la
reconstitution des titres va être un progrès. Exercera-telle des
pressions sur les Corses pour vendre leurs biens ?
Evidemment, il n'en est pas question, cela n'a rien à voir.
L'objectif est la protection du patrimoine des corses. C'était le
temps où l'on pouvait penser que l'absence de titres de propriété
était une marque de solidarité collective et aussi, une protection
contre les intrus, l'intrus étant le plus souvent d'ailleurs
l'étranger au village. Mais aujourd'hui, il faut raisonner autrement
: l'absence de titres est devenue un danger pour la survie de
certains biens. Et de façon générale, elle est devenue un frein à la
possession normale des biens.
La vraie raison de la mise en place du Girtec est donc de rendre possible
le retour au droit commun des successions, voté (certainement pour
notre bien) une nuit a l'assemblée nationale, dans le silence
complice des élus corses, ceux la mêmes qui incitent a la
désanctuarisation, et sans que l'assemblée de corse ait été
consultée au préalable, contrairement à la loi. Le fait que Sarkozy
réponde par avance sur un ton rassurant (et anesthésiant) aux
légitimes inquiétudes des corses n'a rien pour nous rassurer. Il est
en effet évident qu'il existe une synergie entre :
• Le déclassement par le PADDUC de terrains actuellement protégés.
• La déréglementation par le PADDUC des conditions de la
constructibilité avec une interprétation extrêmement laxiste des
lois montagne et littoral.
• Le financement a grand frais des infrastructures notamment les
réseaux d'eau, les routes et l’électrification, en vue de desservir
des terrains à urbaniser.
• L'action du Girtec : Ce dernier, avec la titrisation, et la sortie
de l'indivision permettra le retour au droit commun des successions
qui contraindra les corses a vendre la terre dont ils ont hérité.
L'ensemble de ces actions participent d'une même volonté : celle de
déposséder le peuple corse en l'incitant, voire en le contraignant
par le biais de la fiscalité, à mettre en vente sur le marché
international son patrimoine dont aucun dispositif législatif ne
prévoit la protection.
Les corses seront, eux, dans l'impossibilité d'acquérir les biens
mis en vente, en raison de la hausse des prix provoquée par la
demande extérieure. Extrait d’un article de 20 minutes : A l'île de
Ré, le phénomène a pris de plein fouet et parfois par surprise des
propriétaires terriens situés en zone constructible.
La hausse des prix de l'immobilier a atteint 10 à 15% par an ces
trois dernières années sur l'île, accroissant le nombre de ceux
qu'un élu rétais qualifie de "riches malgré eux".
René Massé, 80 ans, raconte pour sa part qu'il a été obligé de
vendre un terrain pour régler l'ISF. S'il ne dit pas combien la
vente lui a rapporté, cet ancien viticulteur regrette d'avoir malgré
lui contribué au développement de la construction: quatorze maisons
s'élèvent aujourd'hui sur son ancien champ de 5200 m2.
L'octogénaire possède un patrimoine qui lui vaut de payer 16.000
euros d'ISF, alors que sa femme et lui perçoivent 1.180 euros par
mois au titre de leur retraite. Selon L' ADHIR, "C'est un système
qui fait partir les anciens, et qui fait qu'ils ne peuvent
transmettre leur culture et leur patrimoine".
Paul Medurio
*ADHIR : Association de Défense des Habitants de
l'île de Ré
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
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