Le
29 octobre 2008 :
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse)
Succès. Salle comble. Des gens
debout. Plus de 150 personnes. Le débat a duré plus de deux heures.
La presse était présente. Démonstration de notre argumentaire
incontournable et de notre détermination.
Chacun avec sa sensibilité, plusieurs intervenants
ont critiqué le PADDUC sous ses différents aspects (
environnemental, économique, politique…).
Ci après, le contenu de l'intervention de Paulu
MEDURIO, représentant de Corsica Libera au sein du front Anti Padduc.
Pour évaluer les
problèmes que suscite le PADDUC actuellement proposé, il nous faut
remonter en arrière et le resituer dans sa perspective historique.
Le point de départ le plus significatif se situe
en 1971.
Cette année là, le schéma
d'aménagement la Corse présenté par la DATAR le 27 juillet pour la
période 1971 - 1985 avait été complètement rejeté par l'opinion
publique insulaire, par toutes les organisations
socioprofessionnelles et par le conseil général qui l’avait
complètement amendée.
Ce schéma
postulait la disparition du peuple corse. Il prévoyait en effet qu’à
l’horizon 1985, la Corse serait composée de 320 000 personnes dont
140 000 Corses au maximum.
Les technocrates de la
DATAR n'avaient à l'époque tenu aucun compte d'une étude prospective
réalisée par le Hudson Institute, qui, en deux mois, avait brossé
un tableau extrêmement réaliste de la situation de la Corse et
identifié les problématiques de son développement, et en particulier
la question qui constitue ce que l’on a coutume d'appeler depuis
plus de 30 ans « le problème Corse ».
Ainsi
figuraient dans les conclusions du rapport produit par cet institut
américain les termes suivants :
« Un changement décisif de politique est nécessaire.
Il
semble qu'il y ait que deux options
Soit accélérer l'érosion de
l’identité culturelle corse, par exemple en encourageant une
nouvelle immigration massive en provenance de la métropole. Ainsi la
période de transition sera aussi courte que possible et la Corse
atteindrait rapidement un niveau élevé de peuplement (environ
500 000) en majorité non Corse.
Soit
conserver et restaurer l'identité culturelle et les traditions Corse
en développant le potentiel de l'île dans le contexte Corse, selon
le schéma donné au chapitre précédent.
Ne
choisir aucune de ces deux options accroîtrait le sentiment de
frustration.
Il faut
reconnaître la première pour douloureuse, difficile et aléatoire.
La
seconde semble raisonnable, sans grand risque et pourrait être
intéressante et passionnante. »
Ce rapport ne fut jamais divulgué par la DATAR. L'ARC
( Action Régionaliste Corse), qui se l’était procuré par une
indiscrétion en donna une diffusion très importante.
Sans tenir
compte des amendements proposés par les élus de la Corse, le
gouvernement confirma au mois d'août 1972 le schéma d'aménagement de
la Corse, document marqué par la volonté de développer le tourisme
de masse (le mot tourisme est cité 76 fois sur les 33 pages de
texte).
Ce plan
prévoyait la création de 250 000 lits touristiques avec des projets
énormes par exemple sur la Testa Ventilegne. Il prévoyait aussi, par
exemple, de créer 12 000 postes à quai pour les ports de plaisance.,
etc...
En matière
de foncier le schéma d'aménagement indiquait : «
le lancement de projets touristiques d'envergure,
envisagé pour les 10 ou 15 prochaines années, dans les zones
d'entraînement, bute en général sur le problème de la mobilisation
des terrains. Celle-ci a déjà été effectuée, parfois depuis
longtemps, le défaut d'équipements généraux et l'absence d'un climat
favorable à la construction ayant bloqué le développement des
opérations. »
Il faut
dire que à la fin des années 50 d'énormes portions de notre littoral
avaient été achetées pour des sommes dérisoire par un certain nombre
de promoteurs et de banques.
Chacun connaît la suite.
Ce projet n'a
jamais pu aboutir grâce, et notre peuple en est conscient, aux
sacrifices consentis par des générations de jeunes Corses qui y ont
laissé leur liberté et parfois leur vie.
En 1982 les lois
de décentralisation avaient prévu un schéma dont l'assemblée de
Corse donna en 1988 une première ébauche qui libéralisait
complètement la construction sur le bord de mer. Ce schéma fut
complètement rejeté et, devant l'absence de consensus à l'assemblée
de Corse, c'est le préfet qui élabora le schéma de 1992,
actuellement applicable.
Un nouveau
projet de schéma d'aménagement réalisé en 1995-1996 en application
du nouveau statut de la Corse de 1991 fut aussi rejeté car il
ouvrait encore la porte de façon extrêmement permissive à la
bétonisation de notre littoral.
La période
qui suit est marquée par plusieurs faits qui sont révélateurs de la
poursuite par l'État et la classe politique traditionnelle d'options
désastreuses pour les Corses.
Il s'agit
du retour au droit commun des successions d'une part, et de la
volonté de déroger à la loi littoral, que l'État français a toujours
encouragé. C'est ainsi que lors de sa venue en Corse en septembre,
trois mois avant les discussions de Matignon, et alors qu’il
refusait à la corse tout pouvoir législatif ou réglementaire dans
les autres domaines, Lionel Jospin évoquait déjà la possibilité qui
serait offerte aux élus Corse de définir les conditions
d'interprétation des lois montagne et littoral.
Au cours
des discussions de Matignon la question de l'application en Corse de
dispositions dérogatoires à la loi littoral ont été au cœur des
débats. Un certain nombre d'élus de premier plan sont intervenus de
façon récurrente pour que cette loi soit assouplie chez nous. Mais
ces velléités ont été abandonnées devant les oppositions qu’elles
ont suscité.
Rappelons
toutefois qu’au cours de ces 40 dernières années les objectifs du
schéma de 1971 ont été mis en oeuvre de façon rampante et
souterraine, notamment lors de l'élaboration des plans d'occupation
des sols, les élus locaux optant le plus souvent pour la
bétonisation, sous l’œil bienveillant de l’état, en ménageant par
ailleurs leurs propres intérêts, qui comme en témoigne l'exemple
frappant de l'extrême sud.
En trente
ans, c'est la volonté de mettre en oeuvre une soi-disant économie
résidentielle qui à prédominé.
En 1999,
il y avait en Corse 20 fois plus de résidences secondaires qu’en
1975.
Avec un
parc immobilier ou les résidences secondaires représentent 34 % (
chiffres de 1999 qui ont d'ailleurs fortement évolués depuis) la
Corse représente un record en Europe pour le nombre de résidences
secondaires par rapport à la totalité du parc immobilier.
La loi de
2002 intervenue après les discussions de Matignon prévoit que
l'assemblée de Corse peut adopter ont une directive territoriale
d'aménagement pour le l’interprétation des lois montagne et
littoral, et c'est sur ce point, en grande partie, que les
propositions de l'exécutif doivent être refusés.
Sans
attendre que le PADDUC ait été voté, un certain nombre
d’orientations présentées par l’exécutif territorial ont déjà
adoptées par l’assemblée de corse, et aussitôt mises en application
en vue de créer des faits accomplis.
C’est le
cas par exemple du schéma d’aménagement des eaux, du plan de
développement rural de la corse, du plan de développement
touristique, du PEI, etc…qui orientent déjà les investissements, en
cours de réalisation, dans la même direction néfaste que celle
proposée par le PADDUC.
Ajoutons a
ces schémas la fin des arrêtés Miot et la mise en place de l’agence
foncière, qui sont destinés a accélérer le déblocage du foncier au
profit de la spéculation.
Le PADDUC a pour vocation de
lever les obstacles juridiques a une construction débridée, qui
conduirait a marginaliser et a appauvrir encore plus les corses sur
leur propre terre.
En effet
le déblocage de milliers d'hectares sur le littoral, le
déverrouillage complet des instruments juridiques de protection
montre que les rédacteurs n’ont tiré aucun enseignement des 40
années écoulées et reproduisent toujours les mêmes schémas qui ne
peuvent que conduire au conflit.
Dossier
"Spéculation" / PADDUC sur
Unità Naziunale :
Lire le dossier ici
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
FICP, Unità Naziunale
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