Le
5 janvier 2009 :
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte internationale)
Stéphane Hessel, 91 ans, ancien diplomate et
résistant français, qui a notamment participé à la rédaction de la
Déclaration universelle des Droits de l'Homme en 1948.
L’Ambassadeur de France Stéphane Hessel, ancien résistant et
déporté, condamne vivement le comportement d’Israël à Gaza et
appelle au retour à la table de négociation pour mettre en place la
seule solution à ses yeux, celle des deux Etats « rendue de plus en
plus difficile, au fur et à mesure que s’accumulent de part et
d’autre, soit le mépris et l’humiliation, soit la haine. » Il faut
que cette accumulation cesse le plus vite possible, dit-il et alors,
« au nom de ce que l’histoire nous a appris sur la possibilité du
pardon, [...] il faut avoir hâte que cette possibilité de pardon et
de solidarité dans un Proche-Orient pacifique puisse être rétablie.
»
Stéphane Hessel s’entretient avec Swiss Info, 5
janvier 2009 (source audio
ici)
Stéphane
Hessel : En réalité, le mot qui s’applique - qui devrait s’appliquer
- est celui de crime de guerre et même de crime contre l’humanité.
Mais il faut prononcer ce mot avec précaution, surtout lorsqu’on est
à Genève, le lieu où siège un haut commissaire pour les Droits de
l’Homme, qui peut avoir là-dessus une opinion importante.
Pour ma
part, ayant été à Gaza, ayant vu les camps de réfugiés avec des
milliers d’enfants, la façon dont ils sont bombardés m’apparaît
comme un véritable crime contre l’humanité.
Ce terme, vous osez le prononcer ? C’est la
disproportion qui vous choque, entre les roquettes palestiniennes et
une offensive terrestre massive ?
C’est
l’ensemble du comportement. C’est naturellement la disproportion,
vous avez raison de le souligner...Une terre densément peuplée, la
plus dense du monde probablement, sur laquelle on frappe avec des
instruments militaires qui ne peuvent pas faire la différence entre
les militaires et les civils. D’ailleurs il n’y a pas de militaires,
il n’y a que des civils à Gaza - des militants peut-être, mais
sûrement pas une armée.
Donc c’est
une armée, l’une des plus puissantes du monde, qui s’attaque à une
population qui n’a vraiment pas de défense. Ca, c’est typiquement un
crime de guerre.
A quoi peut aboutir cette offensive ?
C’est le
plus grave. On a bien l’impression que une fois de plus des
militaires essayent de mettre un terme à l’activité de guérilla.
Nous avons vu que dans tous les cas de figure récents dans le monde,
que ce soit le Vietnam, la Tchétchénie ou quoique ce soit d’autre,
il n’y a pas de solution militaire. La solution c’est la
négociation.
Ce qui se
passe en ce moment au Caire est extrêmement important. Il faudrait
que les dirigeants israéliens se rendent compte qu’à ne pas accepter
une négociation et un cessez-le-feu, et une négociation pour la
paix, ils font un tort immense à leur pays, et aussi à leur armée.
Tsahal avait la réputation d’être une armée honorable. Elle ne l’est
plus lorsqu’elle frappe sur des gens sans défense.
C’est également le spectre de l’échec en 2006 au
Liban qui revient, et pourtant de nombreuses résolutions depuis de
nombreuses années, ont été prises notamment au Conseil de Sécurité
de l’ONU, mais jamais appliquées pour quelles raisons selon vous ?
Parce que
l’Etat d’Israël, depuis des décennies, a réussi à berner sa
population. A faire croire à sa population que l’Etat était en
danger, que sa sécurité était à chaque instant menacée, et que pour
cela il ne fallait ne tenir aucun compte de ce que pense la
communauté mondiale, et s’assurer en tout cas de l’appui de l’Etat
évidemment le plus puissant à l’heure actuelle, les Etats-Unis. Nous
ne pouvons qu’avoir un espoir, c’est qu’avec l’arrivée au pouvoir de
Barack Obama, les Etats-Unis cesseront d’apporter un soutien
inconditionnel et dramatique à un Etat qui continue à violer les
résolutions internationales.
Mais le choix de la violence, [provient du fait] que
la blessure de la seconde guerre mondiale et de la Shoah n’est pas
refermé..
Oui, c’est
évidemment ce qui permet à un gouvernement qui lui n’a plus rien à
voir avec cette Shoah, et qui n’est plus composé de victimes
potentielles de cette Shoah... que ce gouvernement puisse s’appuyer
sur ce souvenir dramatique, auquel nous sommes tous
extraordinairement sensibles, moi tout le premier. C’est l’horreur,
absolue commise par les nazis. Mas cela ne doit pas permettre à un
Etat d’Israël, actuellement le plus puissant de la région, de violer
impunément toutes les règles internationales.
Vous êtes
très sévère avec l’Etat d’Israël, Stéphane Hessel... Jusqu’à
maintenant le chemin vers la paix c’était deux Etats côte à côte, un
Etat Palestinien et un Etat Israélien. Est-ce encore possible, ce
partenariat avec les Palestiniens ?
C’est la
seule solution. Elle est rendue de plus en plus difficile, au fur et
à mesure que s’accumulent de part et d’autre, soit le mépris et
l’humiliation, soit la haine. Il faut que cette accumulation cesse
le plus vite possible, et alors, au nom de ce que l’histoire nous a
appris sur la possibilité du pardon - nous l’avons éprouvé, nous
européens, et dans d’autres pays, en Afrique du Sud aussi - il faut
avoir hâte que cette possibilité de pardon et de solidarité dans un
Proche-Orient pacifique puisse être rétablie.
Stéphane
Hessel est un diplomate, ambassadeur, ancien résistant et déporté
français, qui a notamment participé à la rédaction de la Déclaration
universelle des Droits de l’Homme de 1948.
Stéphane
Hessel ambassadeur de France
Dossier soutien au
PEUPLE PALESTINIEN
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