Le
2 juin 2009 :
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse) Revolution
is not a picnic », affirmait Yasser Arafat dans un célèbre
discours. Les nationalistes de Corsica Libera ont tout de même
choisi de manifester leur opposition au Padduc en organisant une
merendella sur la plage de Cala Purcina (la baie des cochons)
juste en face de la maison de Christian Clavier à Porto-Vecchio. Il
faut dire que la résidence secondaire de l'acteur est située dans le
lotissement de Punta d'Oro qui appartient au président de
l'assemblée de corse, Camille de Rocca Serra.
Le 30 août dernier, une manifestation s'était
déroulée au même endroit, avec intrusion dans le jardin de Christian
Clavier, entraînant le limogeage du coordinateur des services de
sécurité dans l'île Dominique Rossi. Une mesure qui avait fait
polémique au niveau national en raison de l'amitié affichée de
l'acteur avec le président Nicolas Sarkozy. Depuis, la villa en
question est surveillée jour et nuit par une quinzaine de gendarmes
et 10 militants nationalistes ont été poursuivis en justice, dont
Jean-Guy Talamoni. Condamnés à 500 euros d'amende en première
instance, ils seront rejugés en appel mercredi 3 juin à Bastia. Un
rassemblement de soutien sera organisé à 14 heures devant le
tribunal.
Sous surveillance
policière
Hier matin,
c'est à Porto-Vecchio que les manifestants se sont rassemblés, avant
de prendre la route des plages en direction de Punta d'Oro, entre
Santa Giulia et Palombaggia. Certains ont accédé à la mer par le
chemin du littoral, d'autres sont passés par l'accès du lotissement
où un cheminement piéton est autorisé. À l'intérieur et aux abords
du lotissement, ainsi que dans la propriété Clavier, une soixantaine
de gendarmes avaient été déployés pour assurer la sécurité du lieu.
Tous étaient visiblement sous tension. A l'arrivée sur la plage, une
conférence de presse a été organisée, en présence de nombreux
représentants de médias locaux et nationaux. Paul Félix Benedetti
devait notamment déclarer : « En nous rendant à Cala Purcina,
nous adressons un message clair à tous ceux qui souhaitent faire de
la Corse un Corsicaland pour nababs et autres nantis, à tous ceux
qui nous spolient et privatisent les espaces remarquables, en
particulier sur le littoral ». Il a également décliné
l'opposition ferme de Corsica Libera au Paduc qui sera examiné les
15 et 16 juin par l'assemblée de Corse : « Ce document préconise
un développement de type résidentiel. Nous devons le rejeter pour
imposer un véritable projet de développement durable ». Jean Guy
Talamoni a dénoncé « un mélange des genres entre un promoteur
immobilier qui est également président de l'assemblée de Corse et
qui, à ce titre, travaille à l'établissement d'un Padduc qui
favorise ce type d'activité ». Et d'ajouter : « C'est digne
d'une république bananière ! »
Parmi les
manifestants, se trouvaient également des personnes qui ne sont pas
nationalistes mais qui étaient simplement venues pour soutenir cette
initiative. C'est le cas de Jean-Paul, un Corse de la diaspora
originaire de Sotta : « Je suis sensible à la préservation du
littoral et à son libre accès. Je viens très souvent à la pêche sur
cette plage depuis 20 ans et j'aimerais pouvoir continuer à la
faire, mais j'ai très peur que l'on détourne la loi littoral au
profit d'une minorité ».
Après le
pique-nique sur la plage, écourté par le mauvais temps, les
manifestants ont quitté le lotissement dans le calme. Avec toutefois
quelques réflexions à l'endroit des gendarmes, considérés comme de «
simples gardiens de propriété privée ».
Les cochons
sauvages, eux, sont restés dans la nature et chacun méditera ainsi
cette citation d'Anatole France : « C'est pour la plupart des
hommes un exemple décourageant que la sérénité d'un cochon...»
Pierre
Ciabrini
Source photo :
corsematin.com, Unità Naziunale, Archives du site.
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corsematin.com, Unità Naziunale
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