Le
6 juin 2009:
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte internationale)
Aucune guerre n’est propre. La phrase est du général
espagnol et ancien responsable de la Garde Civile José Antonio Sáenz
de Santamaría, questionné dans les pages du quotidien conservateur
"La Razon" sur la guerre sale menée contre la mouvance abertzale
durant la période du gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez.
Convoqué par la commission parlementaire espagnole pour apporter son
témoignage dans le procès contre l'ancien secrétaire d'Etat à la
Sécurité Rafael Vera, sur la manière dont les fonds secrets
gouvernementaux ont été utilisés dans la lutte contre l’ETA, le
général a accepté d'apporter son témoignage, tout en précisant qu’il
parlerait aussi de la guerre sale menée par les gouvernements
précédents, c’est-à-dire par le régime dictatorial de Franco ainsi
que par le gouvernement conservateur qui l’a suivi. L’interrogatoire
n’a finalement pas eu lieu. Comme l’affirmait Sáenz de Santamaría
dans la Razon, depuis l’époque de la dictature, l’Etat espagnol a
mené ce que le général a appelé la « guerre irrégulière». « Parce
que je ne connais aucune guerre propre. Pour cette raison, je
préfère parler de guerre régulière ou irrégulière. La lutte
antiterroriste ne peut pas se faire avec les schémas d’une guerre
régulière ». C’est dans ce schéma de guerre irrégulière que les
premiers actes de kidnapping ont commencé. Le premier dont on a
témoignage, référencé par le Rapport sur les Victimes de Violations
des Droits de l’Homme comme conséquence de la Violence d’Origine
Politique (réalisé par "la Direction des Drois de l’Homme du
gouvernement de la Communauté Autonome Basque") s’est produit le 7
mai 1975. Il s’agit d’une tentative d’enlèvement d’un avocat du
procès de Burgos qui jugeait des militants de l’ETA. Depuis, il y en
a eu plus d’une trentaine, dont certains avec une fin tragique comme
dans l’affaire Lasa-Zabala ou d’autres moins connus comme le cas de
l’étudiante Yolanda González ou celui de Jesus Mari Zubikarai,
Jhisa ou encore celui de Jose Ramon Ansa, tué il y a exactement
30 ans, le 6 mai 1979. Ce jeune de 17 ans habitant à Andoain, avait
été séquestré puis tué par balle, sans autre motif que de semer le
trouble parmi la population. L'action fut revendiquée par le groupe
parapolicier triple A (Alianza Apostólica Anticomunista).
Lasa Zabala
Le
16 octobre 1983, Joxi Lasa et Joxean Zabala, jeunes réfugiés
politiques, sont kidnappés à Bayonne, place Pontrique. Au début
personne ne croit à un enlèvement, estimant que cette méthode n’est
plus d’actualité après les premières élections démocratiques en
Espagne. En mars 1995, les corps des deux hommes sont retrouvés à la
morgue d'Alicante. Ils avaient été enterrés dans un champ,
recouverts de chaux vive. Pour les amis et parents, la certitude que
Joxi et Joxean ont été sauvagement torturés et assassinés ne fait
pas l'ombre d'un doute. L'autopsie ne fera que confirmer leur
calvaire : ongles arrachés, tiges d'acier enfoncées dans les
gencives, coups portés par des barres de fer, balle dans la nuque.
Plusieurs responsables du gouvernement espagnol ainsi que des gardes
civiles seront condamnés pour ces faits attribués au GAL.
On ne peut pas oublier non plus la
tentative d’enlèvement à Hendaye de Jose Maria Larretxea Goñi,
accusé d’appartenance à l’ETA. Le réfugié avait réussi à s'échapper
et quatre policiers espagnols avaient été arrêtés par la police
française. Incarcérés à Pau, ceux-ci furent libérés quelques
semaines plus tard, par exigence des kidnappeurs de Segundo Marey,
habitant d’Hendaye enlevé par erreur par un commando du GAL composé
de barbouses. En mars 2007, Rafael Vera, ancien responsable espagnol
à la Sécurité, condamné pour les affaires des fonds secrets et
l’enlèvement de Marey, a avoué dans les colonnes du quotidien
catalan "La Vanguardia" avoir ordonné l’enlèvement de Larretxea Goñi
tout en niant celui pour lequel il a été incarcéré. Malgré ce
témoignage, il n’a toujours pas été inquiété pour cette affaire.
Kidnapping express
Selon
ledit rapport, les enlèvements les plus réussis correspondent à des
« kidnappings express », c’est-à-dire, des enlèvements qui ne durent
que quelques heures et dont le but est d’interroger -souvent avec
l’emploi de la torture- ces personnes : des militants politiques,
syndicaux ou de simples citoyens. Mais certains cas ont tourné au
drame. Ce fut le cas pour Josu Zabala. Josu Zabala “Basajaun”,
militant de ETA, avait été retrouvé mort le 27 mars 2007 sur une
montagne près de Zarautz , tué par une balle dans la poitrine.
Disparu quatre jours plus tôt à Pampelune, la version officielle
avait conclu à un suicide, mais le pistolet retrouvé à proximité du
corps n’avait pas d’empreintes digitales, ce qui excluait cette
thèse. Des mégôts de cigarettes avaient été trouvés auprès du corps,
mégots qui ne correspondaient pas à la marque du paquet de
cigarrettes qu’il avait en poche. Le corps présentait également des
rougeurs sur les poignées et au bas de la tête, traces dont
l’origine n’avait pas été recherchée, l’enquête ayant été classée
sans suites. Pour la famille, la thèse du kidnapping par les forces
de l’ordre avait été la plus crédible.
Arrivés à ce point, il faudrait
rappeler les « papiers » du colonel Perote, responsable du CESID,
les services secrets espagnols. Dans ces documents, le CESID affirme
que l’enlèvement des activistes de l’ETA peut être un outil efficace
dans la « lutte contre-terroriste »
En 1988, l’opération Mengele fut
organisée par les services secrets espagnols. Mengele, du nom du
docteur nazi qui utilisait des juifs comme cobayes afin de tester de
nouveaux produits sur des être vivants L’opération envisageait de
kidnapper trois personnes sans domicile fixe, pour essayer un
nouveaux produit que les services secrets espagnols souhaitaient
utiliser lors de séquestration de membres de l’ETA afin de les
interroger. L’opération fut un fiasco. Trois mendiants furent bien
kidnappés à Madrid mais les trois avaient été tués moururent sous
l’effet de ces nouveaux produits. L’opération fut donc annulée.
L’affaire fut révélée par la presse en 1998.
Cas récents
En
plus du kidnapping dont a été victime le réfugié Juan-Mari Mujika le
11 décembre dernier à Saint Palais, ces dernières semaines plusieurs
cas de tentatives de séquestration ont été dénoncées. Ainsi, Lander
Fernandez, jeune homme de 29 ans résidant à Bilbao, a été séquestré
le 19 mai dernier par trois hommes se présentant comme des
policiers. Ce jour-là, à sa sortie de la faculté, Lander Fernandez
est abordé par deux hommes se présentant comme des policiers. En le
prenant par le bras, l'un d'eux s'exclame, « Lander, venez avec
nous ». Le jeune homme est Introduit dans une voiture, conduit à la
sortie de Bilbao vers un endroit reculé où les deux policiers lui
demandent de collaborer avec eux, sous peine de menaces en tous
genres.
Remis en
liberté, Lander Fernandez aura ces mêmes personnes sans cesse à ses
trousses pendant une semaine. Jusqu’au 27 mai, où ces policiers
l’abordent à nouveau l’invitant à rejoindre leur voiture. Face au
refus de Lander Fernandez, ceux-ci le plaquent au sol et le rouent
de coups. A ce moment-là, il se met à hurler « ils me
kidnappent ! ». Plusieurs témoins s’approchant de la scène, les
hommes s’enfuient laissant Lander Fernandez sur place. Le jeune
homme a dénoncé ces faits en déposant une plainte.
Nous n'avons pas encore d’éléments
consistants pouvant soutenir une opinion fondée sur ce qui est
arrivé à Jon Anza, mais l’histoire récente du Pays Basque offre pas
mal de pistes qu’il ne faudrait pas ignorer. Cette histoire -dont
peut être on ne connaîtra jamais la fin- sent la guerre sale.
Pardon, irrégulière
Dossier
" Sulidarità Euskadi
:
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Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
Pays Basque Info, Unità Naziunale
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