Le
12 juin 2009 : (13:00 Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte de Masse) Elie
Domota, le leader du collectif Liaynnaj kont pwofitasyon (LKP), qui
a conduit d’une main de fer quarante-quatre jours de grève générale,
donne sa vision de la Guadeloupe sociale post-mobilisation au
journal France Soir.
FRANCE-SOIR. Trois mois après
la fin de la grave crise sociale qui a frappé la Guadeloupe quel
bilan dressez-vous de la situation locale ?
ÉLIE DOMOTA :
La situation demeure encore tendue. En fait, les engagements pris ne
sont pas respectés. L’Etat s’était engagé à verser un revenu
temporaire aux bas salaires tous les mois. Aujourd’hui il change
d’avis et décide de verser ces revenus tous les trimestres à compter
du mois de juillet. On soupçonne le gouvernement de vouloir
supprimer ce revenu et de le remplacer dans trois ans par le RSA.
Nous avons eu l’occasion de dire au préfet que nous n’étions pas du
tout d’accord avec l’arrêté d’extension de l’accord Bino pris par le
ministre du Travail.
Du coup, il supprimait la clause de convertibilité qui prévoyait
que, au-delà de l’aide des collectivités et de l’Etat, l’employeur
prendrait en charge, après trois ans, l’augmentation de salaire de
200 euros de l’accord.
Une
fois de plus, on veut casser ce pacte salarial passé en Guadeloupe
qui fait passer le Smic à 1.500 euros. Cette décision de sucrer la
clause de convertibilité fait que pour 30.000 personnes le gain de
ces 200 euros sera perdu. Dès 2010, elles perdront la part des
collectivités (50 euros) et, au bout de trois ans, les 100 euros de
l’Etat pour le RSA. Nous rappelons que le RSA n’est pas un salaire
mais une allocation versée par foyer en fonction de la situation
familiale. L’autre sujet qui nous préoccupe encore est la baisse
promise des prix des produits de première nécessité. On constate que
certains produits disparaissent des stocks, d’autres qui n’entrent
pas dans cette catégorie ont fortement augmenté…
Ce fut donc une mobilisation pour rien. On vit sur des promesses et
pas beaucoup de réalisations…
Non, on ne peut pas
dire ça. On peut dire qu’il y a un certain nombre d’avancées :
certains prix bas pratiqués sur des marchandises de première
nécessité, la baisse du prix de l’eau, du carburant, le gel des
loyers sociaux… Il y a des choses qui ont changé, cependant il faut
encore se battre, car tout n’est pas réglé. L’accord sur les
salaires n’avance pas, de même que les minima sociaux pour les
personnes âgées et le dossier de l’empoisonnement des terres
agricoles par le chlordécone. Il y a beaucoup de dossiers sur
lesquels on est en panne. Un premier travail a été fait, il y a des
succès, mais on droit continuer à travailler et à rester vigilant.
Le combat n’est pas terminé.
Après avoir fait la politique de la chaise vide en refusant de
siéger dans les organisations propres à discuter des problèmes de
l’île, vous vous êtes assagis en acceptant maintenant le dialogue…
On ne fait pas la
politique de la chaise vide. On refuse la politique du ventre bien
dodu et de manger dans la gamelle de n’importe qui. Les Etats
généraux sont une escroquerie intellectuelle. C’est une bonne
vieille pratique française : dès qu’on veut éluder un problème
important, on organise des grandes réunions. Ces états généraux sont
organisés pour permettre à l’UMP de reprendre la main et de se
refaire une santé. L’UMP en Guadeloupe prépare les futures élections
régionales de 2010 mais n’a pas de candidats.
A l’issue de ces EG,
on va nous sortir un document d’une centaine de pages. Et, comme par
hasard, ces décisions vont ressembler comme des sœurs jumelles à
celles promues dans la Stracom (stratégie de croissance pour
l’outre-mer) qui a déjà été validée dans le cadre de la loi de
finances en 2009. Qu’on ne nous fasse pas croire que l’on changera
en deux temps, trois mouvements cette loi. Aujourd’hui, il s’agit ni
plus ni moins de chercher une caution populaire pour valider des
décisions déjà prises.
Trois mille chômeurs de plus inscrits en mars dernier… vous
sentez-vous responsable ?
Il y a beaucoup de
désinformation. C’est faux, la majorité des entreprises en
liquidation sont en difficulté bien avant la grève. Il faut aller
fouiller pour voir quelles sont les entreprises qui ont été vraiment
touchées par la mobilisation.
De métropole, on a l’impression que le LKP mène un front
anti-métropolitains ?
Ce sont des bêtises.
Beaucoup racontent des conneries. J’ai entendu dire que l’on tabasse
les Blancs, que l’on est des tontons macoutes, que l’on est raciste.
Il s’agit de diaboliser les Guadeloupéens et de nous faire passer
pour des sauvages. On ne fait pas la chasse aux Blancs en
Guadeloupe, je tiens à le répéter.
source site
LkP
Dossier
Soutien Guadeloupe / Antilles
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Unità Naziunale, Archives du site.
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