Le
14 juin 2009 :
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte internationale)
La journée du 11 juin était une journée de
mobilisation en solidarité avec les peuples de l’Amazonie péruvienne
en lutte contre la spoliation de leurs terres, et en butte à une
répression sanglante depuis le 5 juin 2009.
Plusieurs dizaines de
milliers de manifestants sont descendu dans les rue de Lima en
solidarité avec les populations amazoniennes. “Alan genocida”, “Alan
asesino, igual que el chino (Fujimori)”, étaient les slogans les
plus entendus. Pour de nombreux témoins, c’était une des plus
grandes manifestation de ces dernières années. A part les classiques
partis de gauche, il y avait de tout : étudiants, ouvriers,
amérindiens dans leurs costumes traditionnels, artistes connus et
inconnus, et même des religieuses qui chantaient des chansons
catholiques ! Egalement, la présence notable des policiers du
syndicat Fenapol qui manifestent leur refus de la politique
répressive du gouvernement
Vers 16h, alors que la marche
se trouvait à trois rues du Congrès, la police a voulu empêcher les
manifestants d’approcher. Beaucoup d’entre eux n’ont pas supporté
qu’on leur interdise l’accès au Parlement et ont alors forcé le
barrage policier. La police a répondu en lançant des gaz
lacrymogènes, souvent à tirs tendus, provoquant beaucoup de blessés.
La foule se replie sur la Plazza San Martín où des groupes de
théâtre de rue et d’acrobaties se manifestent. Il y a à ce moment là
encore 3000 manifestants rassemblés malgré les charges et les tirs.
La manifestation est alors partie dans la direction du Parque
Universitario
Les affrontements ont duré
près de deux heures avec charges de la police montée et jets de
pierres. Le bilan serait de 2 détenus et 3 blessés dont un
grièvement (un passant qui aurait reçu une grenade lacrymo en plein
visage) qui a été hospitalisé.
La manifestation s’est
terminée par un meeting au cours duquel plusieurs organisations ont
pris la parole et annoncés d’autres mobilisations notamment la
Confederación Nacional de Comunidades del Perú Afectadas por la
Minería (CONACAMI).
Les observateurs ont noté la
présence de nombreux étudiants dans cette manifestation Près d’un
millier de jeunes issus de divers établissements universitaires
s’était regroupé sur la Plaza Dos de Mayo pour rejoindre ensuite la
marche de protestation pour les évènement de Bagua.
Pour Guillermo Bermejos,
représentant du mouvement social “Todas las Voces”, le fait que ces
centaines de jeunes ont rejoint cette manifestation sans dépendre
d’un parti ou d’un syndicat est le signe d’une rénovation politique
et sociale positive.
Protestation empêchée à Bagua
La protestation convoquée
nationalement n’a pu être réalisée dans la petite ville de Bagua
Grande, capitale de la province de Utcubamba (région de Amazonas).
La journée devait débuter par une messe en l’honneur de trois civils
morts vendredi dernier mais depuis les premières heures de la
matinée, l’armée a entouré la seule église de la ville, et en
empêchait l’accès aux paroissiens. La célébration religieuse a donc
été interrompue.
Par haut-parleur, les soldats
ont proclamé que les garanties étaient suspendues et il n’y a pas de
possibilité de se rencontrer, même d’assister pacifiquement à une
messe.
En réponse, les dirigeants du
front civique et de la coordination politico-sociale ont indiqué que
toutes les activités étaient suspendues et ont décrété une journée
portes closes totale pour ne pas provoquer les forces de l’ordre ou
de générer plus de confusion parmi la population.
Depuis très tôt le matin, les
gens étaient prêts à répondre à cette journée de grève et c’est
pourquoi les magasins et les marchés sont restés fermés. Une marche
pacifique avec les drapeaux blancs de la paix était prévue et n’a
pas pu avoir lieu.
Par ailleurs, hier, trois
stations de radio locales ont été fermées par des fonctionnaires du
ministère des Transports et des Communications et par la police, qui
se sont emparés des l’équipements et du matériel en raison de
l’absence de licence d’exploitation.
Après cela, les journalistes
radio La Voz ont reçu des menaces disant « maintenant, nous
arrivons » ou « c’est ton tour qui vient » et selon une hypothèse,
cela viendrait des membres de l’équipe ministérielle eux-mêmes afin
d’effrayer cette station qui depuis le début, soutient le mouvement
de protestation de la région amazonienne.
Radio La Voz
a dénoncé que l’on veuille la mêler à des
actes qu’elle n’a pas commis, comme d’avoir incité le 5 juin les
autochtones au meurtre de policiers
Yurimaguas, Tarapoto : mobilisation
massive
Sensation de calme intense
durant cette journée. Les blocages de la route qui relie Yurimaguas
et Tarapoto aux kilomètres 4, 17 et 34 ont été renforcés par des
milliers d’amérindiens venus de zones plus éloignées, notamment de
Alto Amazonas où l’état d’urgence vient d’être décrété. D’après les
organisateurs de cette journée, ils étaient au total 6000 à avoir
suivi l’appel à la mobilisation. La police était ici invisible. Une
manifestation s’est déroulée à la mi-journée dans le centre de la
ville, à l’appel d’associations, de syndicats de l’éducation et de
la santé. Parmi les banderoles et slogans, la solidarité avec
Alberto Pizango était particulièrement notable.
Le Pérou est resté en grande partie
paralysé.
A Puno, les transports ont été
paralysés, toutes les routes ont été bloquées par des blocs de
pierre et de bois, y compris la Panamericana Sur en direction de la
frontière avec la Bolivie. Manifestations (dans le centre où des
pierres ont été lancées contre la préfecture et le siège du parti
Apra. Affrontements avec la police. Le casque d’un policier a même
été subtilisé par des manifestants qui l’on brûlé peu après sur une
place publique.
A Juliaca, aucun transport, personne n’entre ni ne
sort, le marché est fermé. Dans la région, les classes n’ont pas eu
lieu.
A Tacna,
la direction régionale de l’éducation a décidé la suspension des
cours.
A Jaen
(province de Cajamarca), paralysie totale, aucune institution ni
entreprise n’a fonctionné. Au cours de la manifestation qui se
déroulait dans le calme, un jeune maçon awarun a été arrêté par la
police, matraqué et embarqué. Une journaliste de télévision, Maritza
Ramírez, qui filmait la scène a été également arrêtée. Libérée peu
après, elle n’a pas retrouvé son matériel de travail avec le
précieux enregistrement…
A Satipo,
région de Junín (amazonie centrale), tout était paralysé et les
habitants ont suivi la grève en restant chez eux. Des marches ont
été organisées dans la région de Rio Negro et La Merced.
A Huancayo (Junín),
des affrontements ont opposé pendant plusieurs heures la police et
des étudiants. Ceux-ci avaient pris position sur la Route Centrale
pour la bloquer en solidarité avec le mouvement national de
protestation. Arrivée de la police, gaz lacrymogènes et ripostes des
étudiants à coups de pierres et de morceaux de bois. Il a fallu des
renforts de police pour venir à bout des manifestants vers 18 h.
Bilan d’après la police : 5 policiers blessés, une vingtaine
d’étudiants arrêtés alors qu’ils voulaient se réfugier dans
l’université.
Manifestations à Pucallpa,
Yarinacocha, Cuzco, aux cris de « Le sang versé, jamais ne sera
oublié »
Et aussi dans le région de
Ucayali.
A Iquitos, la manifestation a
pu compter avec la nombreuse participation des étudiants qui lui ont
donné en outre une touche artistique : bougies enflammés, danses,
chansons, scènes de type théâtral…
A Arequipa, les manifestants
ont lancé des œufs sur le bâtiment de l’administration fiscale
Mobilisations hors du Pérou
Des rassemblements ont eu lieu
à Paris, Madrid, Barcelone, Bilbao ; Rome, Turin, Bruxelles, La
Haye… Et également dans la pluparts des pays d’Amérique du sud :
Argentine, Bolivie, Equateur, Colombie, Uruguay…
La riposte du gouvernement :
un appel à manifester de l’Apra « en défense de la démocratie »
Pour bien montrer qu’il na
lâche rien, le gouvernement par l’intermédiaire de son parti a lancé
ce 11 juin un appel à manifester mardi prochain « en défense de la
démocratie, comme une réponse politique aux actions de quelques
organisations extrémiste dans le pays qui prétendent déchaîner le
chaos et la violence ».
Pour le parti Apra, les
Indiens sont utilisés comme « chair à canon » par des organisations
de type communistes, avec des sendéristes et des membres du MRTA…
tout cela avec des organisations qui travaillent dans les
communautés amérindiennes et financées par des ONG européennes qui
visent à provoquer une stratégie à la bolivienne qui a permis, sous
prétexte de défendre les droits des Indiens, l’arrivée au pouvoir d’Evo
Morales.
Le parlementaire apriste
Mulder qui a lancé cet appel a ajouté que les militants de l’Apra
sont maintenant mobilisés pour défendre les locaux du parti (qui ont
souffert de quelques attaques de feu et de pierres) et qu’ils
effectueront de rondes de surveillance pour que cela cesse.
Décrets contestés suspendu, dialogue :
comment et pour aller où ?
Suite à la « suspension » pour
90 jours des décrets contestés par les populations amazoniennes,
amérindiennes ou non, le gouvernement a assuré vouloir reprendre le
dialogue avec les communautés en créant le “ Groupe National de
Coordination pour le Développement des Peuples Amazoniens”, avec
représentants des régions et des communautés. Mais en excluant
l’Association Inter-ethnique de Développement de la Forêt Péruvienne
(Aidesep) dont le porte-parole est réfugié dans les locaux de
l’ambassade du Nicaragua, ce « dialogue » risque fort de tourner
court ou de n’être qu’un jeu politicien pris pour amuser la galerie
ou gagner du temps devant le caractère inconstitutionnel des décrets
suspendus. .
Après avoir dit que les
populations originaires n’étaient pas des « citoyens de première
classe » et que les richesses du sol et sous-sol amazonien
appartenaient à tout le Pérou et non uniquement à ceux qui y
habitent, le gouvernement d’Alan Garcia multiplie les propos
contradictoires qui les rendent peu crédibles sauf sur un point : il
ne renonce en aucun cas à ses projets de donner toute liberté aux
multinationales d’exploiter et de piller les richesses de la forêt
amazonienne.
Un gouvernement affaibli et
qui pour beaucoup a perdu toute légitimité mais qui tente de
rebondir en s’élargissant aux deux autres partis (la droite
nationale et les fujimoristes) et surtout de monter les “Péruviens”
contre les “Indiens” sur le registre raciste de toujours, le progrès
et la patrie contre les sauvages archaïques.
Les appels se multiplient donc
pour demander le départ de ce gouvernement et la formation d’une
assemblée constituante. Pendant que d’autres, et parfois les mêmes,
souhaitent aller vers une grève générale indéfinie pour en finir
avec ce régime et l’oligarchie.
En attendant, la lutte
continue…
La police
péruvienne a repoussé avec des gaz lacrymogènes les manifestants de
diverses organisations qui se sont mobilisés à Lima en soutien aux
communautés indigènes de l'Amazonie.
Le Front National pour la Vie et la Souveraineté du
Pérou a réalisé ce jeudi une mobilisation en défense des communautés
qui ont subi le dit "Massacre de Bagua" durant le week-end dernier.
Le Front est composé par des organisations indigènes,
syndicales, des partis politiques de gauche, des organismes de
défense des droits de l'homme et des étudiants.
Au moins onze pays du monde ont accompagné la mesure.
La mobilisation se développait de manière pacifique.
Cependant, la police a empêché vers 16 h le passage
de la marche qui était à 300 mètres du Congrès de la République.
A ce moment les manifestants ont essayé de rompre le
cercle policier et la force de sécurité a répondu avec des gaz
lacrymogènes.
Dossier
soutien
Peuple Amazonie
Source photo :
http://amerikenlutte.free.fr/Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
http://amerikenlutte.free.fr/Unità Naziunale
© UNITA NAZIUNALE
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