Lors d'une conférence de presse, organisée vendredi matin à l'assemblée, plusieurs responsables du Tavini Huiraatira - dont le vice-président du Pays Antony Géros - ont tenu à faire le point à propos de la position du parti concernant la manifestation que celui-ci compte organiser le 29 juin. Ce jour - férié en Polynésie française  et date officielle de la 'Fête de l'Autonomie' - est contesté par le Tavini depuis des années. Celui-ci considère même que cette date doit être commémorée comme "un jour de deuil". En 2006, lors d'un gouvernement Temaru précédent, la cérémonie officielle avait même été annulée, au grand dam des autonomistes qui avaient alors organisé leur propre manifestation.

Pour autant, si la polémique a pu être vive les années précédentes, le parti indépendantiste ne veut pas en faire un prétexte de division, ont assuré Antony Géros, Myron Mataoa et Vito Maamaatuaiahutapu. "Avons-nous  une moitié de coeur et une moitié de cerveau pour vouloir absolument amputer le débat et nous imposer des oeillères", interrogent les responsables du parti en rappelant qu'"à l'époque du Pacte de Progrès", la réflexion sur ce thème était "le centre et le cadre de ces débats".

Le positionnement du Tavini reste donc inchangé et le 29 juin doit plutôt être rattaché à la date du 29 juin 1880, avec la signature de Pomare V entérinant le fait que "les compétences souveraines du Maohi de l'époque soient concédées à la France". C'est pourquoi "c'est une date que nous voulons bannir des célébrations festives",  a précisé Antony Géros.

L'indépendance est "un faux débat"

La célébration et l'interprétation du 29 juin ne doit cependant pas être sujet à fâcheries, pour le Tavini, alors qu'aujourd'hui "la parole est libérée". Et il a rappelé qu'en 2008, pour confirmer son alliance avec Oscar Temaru, l'autonomiste Gaston Flosse s'était rendu à la cérémonie organisée à Faa'a en parallèle de la manifestation officielle.

De même, revenant sur le "cap de l'indépendance", proposé par Oscar Temaru à l'occasion des Etats Généraux de Polynésie française, Antony Géros a même concédé qu'il s'agissait d'une "petite astuce" visant à introduire une motivation de participation à ce forum qui se tient "dans un autre contexte que dans les DOM", et qui semblait ne pas susciter d'engouement particulier.

"La mayonnaise est en train de prendre", se réjouit le premier vice-président du parti en expliquant que l'indépendance est "un faux débat". Dans un contexte mondial d'interdépendance, il faudrait plutôt parler d'un "processus". Il faut "améliorer l'autonomie de la Polynésie, française aujourd'hui, souveraine demain", a-t-il encore précisé en rappelant que la France elle-même a délégué une partie de sa souveraineté, économique par exemple, à l'Europe.

Vers "une pleine autonomie"

"Ce que nous souhaitons, c'est une pleine autonomie", a-t-il encore voulu faire savoir en expliquant également que s'il était légitime de parler d'indépendance à l'époque coloniale, ce nouveau terme de pleine autonomie est adopté par des instances internationales comme l'ONU. Aujourd'hui, "alors que les clivages idéologiques ne sont plus prétextes à une absence de dialogue, ceux qui veulent parler d'autonomie peuvent le faire, de même que ceux qui veulent parler de pleine autonomie", veut ainsi faire savoir le Tavini, qui voudrait que soient évitées les "réactions épidermiques".

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