Le
14 mars 2009 :
(13:00
Unità Naziunale,
www.unita-naziunale.org - Corse - Lutte internationale)
Byen bonswa tout moun !
J’ai un papier en poche que je sors avec le nom des entreprises qui
ont signé ces jours ci [ L’accord Jacques BINO ou Accord régional
interprofessionnel sur les salaires ]. Nous allons communiquer les
noms de certaines de ces entreprises pour apporter la preuve qu’il y
avait des chefs d’entreprises et des syndicats patronaux qui
s’exprimaient ; mais depuis la signature de l’accord BINO, il y a
nombre d’entreprises qui ont dû signer parce que leurs travailleurs
se sont mis en grève !
La liste qui suit n’est pas exhaustive, mais elle sert à montrer
qu’on y trouve nombre d’entreprises adhérentes du MEDEF [Qui a
quitté la table des négociations, après avoir tenté de torpiller
celles-ci].
VIGILE SECURITE - JET SARL - GPS - RSP - MARSHALL SECURITE - EGSTP -
DAUPHIN SECURITE - CARAIBES IMPORT - LA BRADERIE - SODEC
DISTRIBUTION EDOUARD - SOPIMAT - SUPER U CHANZY - HOTEL FLEUR D’EPEE
- HOTELS CARIBEA (SALACO, CLIPPER...) - MAC DONALD - LEADER PRICE -
FEDREATION DU BATIMENT - SODEXHO - HOTEL ARAWAK - SUPER U LA ROCADE
- MATCH - CORA - M. BRICOLAGE - ECOMAX - SOCREMA - L’ARTCHIPEL SCENE
NATIONALE - CIMENTS ANTILLAIS - VIENNOISERIE PLUS - RENAULT - SOCAR
- CODIMA - CADI SURGELES - SOFRIBER - CHAMPION BOISRIPEAUX...
Demain matin, les
camarades de Carrefour Destrelan ont rendez vous avec Hayot, et avec
Despointes pour Carrefour Millenis.
C’est une belle lutte ! Les camarades ont donc eu raison de se
mobiliser dans leurs entreprises pour exiger l’application de
l’accord BINO.
Nous avons entendus
les propos de JEGO, et à sa suite le préfet : tous deux remettant en
cause le préambule de l’accord BINO. Il y a là quelque chose
d’extraordinaire !
Au moment de la
rédaction du préambule, le préfet était présent ainsi que les deux
médiateurs mandates par le premier ministre FILLON. Ils ont tous
trois participé à la rédaction su protocole. Ils nous ont même
suggéré quelques formules à y inclure.
Et voilà qu’aujourd’hui nous les entendons affirmer leur opposition
à ce préambule !
Il y a une autre
chose qui les gène dans le protocole BINO. C’est ce que nous avons
appelé la clause de convertibilité. On est dans la situation
suivante : ils sont d’accord pour signer l’augmentation de 200 euro
des bas salaires pendant 3 ans. Et je rappelle que s’agissant des
entreprises de moins de 20 salariés, les patrons paieront 50 euro,
les collectivités 50 euro pendant 12 mois et l’Etat 100 euro pendant
3 ans. Et au bout de 12 mois pour les collectivités et de 3 ans pour
l’Etat, l’entreprise versera l’intégralité de l’augmentation. Voilà
ce que prévoit l’accord BINO.
Eux [syndicats patronaux non
signataires de l’accord : MEDEF - CGPME],
considèrent qu’ils vont augmenter les salaires de 200 euro dans les
conditions décrites plus haut ; mais qu’au bout de 3 ans ils les
reprendront, ces 200 euro !
Où a t-on déjà vu pareille chose ?!
Comment admette qu’un
travailleur ayant perçu 200 euro pendant 3 ans, soit 2400 euro
pendant 12 mois, puisse accepter une brusque amputation de son
salaire après 3 années, en avril 2012 ?!
C’est pourquoi l’accord salarial Jacques BINO contient une clause
stipulant que l’employeur prendra en charge les 200 euro au bout des
3 années.
Et tout naturellement toutes les entreprises citées plus haut sont
d’accord et signent l’accord BINO. Car elles se rendent bien compte
qu’il n’est pas normal qu’il y ait des gens percevant 200 euro et
que dans 3 ans on puisse leur dire que « c’est fini », « vous perdez
vos 200 euro mensuels de revenus » !
Nous avons bien
constaté l’existence d’un certain nombre de frustrations. Notre
camarade Marinette [Délégué syndical à l’usine Gardel] en a parlé
plus tôt, on a ainsi entendu M. DIEULEVEULT,
Directeur de GARDEL AFFIRMER QUE JAMAIS IL NE SIGNERAIT L’ACCORD
BINO !
Mais faute de signature,
l’usine n’ouvrira pas, les salariés étant en grève.
Nous avons aussi été invités à participer à la manifestation du 19
mars à Paris ! Un camarade du LKP s’y rendra et défilera au nom du
LKP.
Pour bien monter qu’il y a de la solidarité, il y a beaucoup de
solidarité chez les travailleurs. Pour dire aussi que de très
nombreux travailleurs de France nous aident spontanément en nous
envoyant par chèque ou mandat de l’argent. Ils nous disent enfin de
ne pas lâcher ce combat car nous avons raison de nous battre ; que
notre lutte est juste ; et que cela leur donne plus de force pour
qu’ils puissent eux aussi se battre !
Nous disons aussi
qu’il y a des camarades qui sont toujours en grève, des camarades de
la BRINK’S, de TOP ONE SECURITE, de l’AEROPORT... Il y a des
camarades qui n’ont pas encore signé, ceux de CARREFOUR, de MILENIS,
de la concession TOYOTA, et de tous les autres concessionnaires
automobiles. Il y a beaucoup de camarades en grève.
Ce que nous vous demandons, c’est de leur apporter votre soutien.
Car le combat est
rude ; surtout quand vous avez en face les HAYOT, les DESPOINTES,
qui ne veulent rien entendre, qui ne veulent rien lâcher ! Ils ont
l’argent, ils peuvent payer l’augmentation ! Mais ils refusent que
des petits nègres leur réclame une augmentation.
Et c’est pourquoi nous nous devons d’être très fermes dans tout ce
que nous disons et dans tout ce que nous faisons !
Ces messieurs pensent
pouvoir venir faire ce que bon leur semble ici : ils doivent bien
comprendre qu’on n’est plus au 16eme ni au 17eme ni au 18eme
siècle ! Que c’est fini ! Que dorénavant, dans tout ce qu’ils font,
ils devront compter avec nous ! Sinon, ils ne le feront pas, dans ce
petit pays de Guadeloupe !
La grève générale est
suspendue, et il y a peut-être quelques nostalgiques. Mais nous
avons un certain nombre de tâches à réaliser, de choses à continuer
à faire ensemble. Et assurément, dans les jours à venir, nous
demanderons aux travailleurs, aux Guadeloupéens, à tous les
travailleurs de tous les pays présents depuis le 20 janvier et
présents ce soir, de continuer à se rassembler ici, devant notre BIK
au Palais de la Mutualité. Car nous continuerons les meetings et
prises de paroles, nous continuerons les réunions d’information,
nous continuerons à nourrir notre conscience, nous continuerons à
discuter entre nous et à échanger... Pour que notre mouvement ne
s’arrête pas, pour faire vivre tout ce que nous avons mis en place.
Parce que c’est ce qui se produit souvent : nous atteignons les
sommets, ensuite nous nous endormons, nous oublions... Mais ce coup
ci nous ne devons pas oublier, nous devons continuer à travailler
ensemble !
Et ce travail, nous
devons le poursuivre dans les communes, dans les sections, dans les
quartiers. C’est pourquoi nous invitons tous les camarades, à
entamer des discussions avec les voisins, les familles, et les amis
pour pour décider ensemble de mettre en place des comités LKP dans
toutes les communes.
Dans toutes les communes, car il y a problèmes partout ! A
Basse-Terre, à Saint-François... montons des comités LKP pour
fédérer la Guadeloupe en comités LKP pou pé déliyanné péyi la !
Cela signifie que
nous avons beaucoup de réunions à organiser pour écouter les gens.
Car on ne peut imaginer le nombre de propositions qui sont faites !
Il y a des gens qui nous font part de leurs problèmes, d’autres qui
viennent exposer leurs problèmes... Mais il y a beaucoup de monde
qui vient nous trouver avec des idées : des idées à concrétiser ;
des idées dont la réalisation nécessite des financements, des idées
de création d’activités, des idées pour développer la production...
C’est ce dont
nous avons besoin !!!
Aussi, Jean Marie NOMERTIN en a déjà parlé, cette
petite somme de 200 euro que nous venons d’arracher, eh bien cet
argent là, n’allons surtout pas la jouer au Loto, n’allons pas la
gaspiller chez HAYOT...
Faisons en sorte de
développer la production locale, faisons plus souvent un petit tour
au marché - même si des fois il nous arrive de penser ou constater
que les denrées sont un peu cher, mais eux aussi vendront moins
cher, faisons leur confiance... Faisons en sorte d’acheter notre
poisson, de nous tourner vers la production locale...
Pour que justement ces 200 euro servent à développer la production
locale, à développer l’emploi.
Car c’est ce que nous
leur avons répondu quand ils nous ont affirmé vouloir encore créer
plusieurs milliers de contrats aidés. Tout le monde peut bien voir
les problèmes générés dans les communes par ces contrats aidés. Nous
ne disons pas aux gens de ne pas accepter un contrat aidé, de ne pas
en faire ; car quand on cherche du travail dans un pays ayant un
taux de chômage de plus de 40%, on prend ce que l’on trouve.
Mais aujourd’hui on
se rend bien compte que ces contrats aidés sont devenus un outil aux
mains des politiques. Un outil pour soit disant faire baisser le
chômage ; mais dans le même temps, un outil pour préparer et
remporter les élections ! Car comme par hasard, quand un administré
rencontre un problème d’emploi : contrat aidé ! Et quand vient la
période des élections : contrats aidés !
Et c’est bien à cela qu’ils servent !
Nous devons
aujourd’hui nous battre pour le développement de véritables contrats
de travail ; car on ne peut pas former un projet de vie avec un
contrat aidé, même si ce dernier vous aide pendant un petit moment.
Et pour conclure,
camarades, trop longtemps ils nous ont fait croire que tout ce qui
venait de l’extérieur était meilleur que ce que nous produisions,
que ce qui existait chez nous. Ainsi, le nombre de Mac DONALD
implantés dans la région pointoise (Pointe-à-Pitre - Abymes -
Baie-Mahault - Gosier) est impressionnant ! Cela signifie que nous
avons un gros effort à faire pour habituer nos enfants à nos propres
aliments ; et pour nous mêmes nous (ré)habituer à nos propres
aliments.
Pour finir, je le
redis, dans les jours, semaines et mois à venir nous devons nous
retrouver ici même au moins une fois par mois, dans des bik a pawol,
pour continuer à échanger et à discuter entre nous...
Afin ansanm ansanm de voir ce que nous faisons avec ce pays, parce
que c’est notre pays !
Ansanm nou ka lité ! Ansanm nou ké gannyé ! Ansanm nou ka lité !
Ansanm nou ké gannyé !
Jou nou ké mété a jounou...
Péké vwè jou !
Elie DOMOTA,
Meeting au Palais de la Mutualité
Pointe à Pitre le 13 mars 2009
Dossier
Soutien Guadeloupe / Antilles
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
UGTG.ORG, Unità Naziunale
© UNITA NAZIUNALE
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