Voilà la réponse de la France à la soif de
démocratie d’Euskal Herria
La 14ème section anti-terroriste de
Paris a rendu son verdict dans le procès des avocats Unai Errea et
Itziar Larraz, et des prisonniers politiques basques Lorentxa Beyrie,
Ainhoa Mujika, Josetxo Otegi et Aintzane Orkolaga, à qui les deux
avocats sont accusés d’avoir passé des documents de façon
frauduleuse. Nous le voyons une fois encore aujourd’hui : cet
appareil judiciaire spécial est un véritable tribunal de guerre
contre les citoyens basques.
En ce qui concerne les deux avocats,
Unai Errea a été condamné à 4 ans de prison et Itziar Larraz à 3
ans. Tous deux ont été arrêtés immédiatement après l’énoncé du
verdict, et sont incarcérés. Ils sont condamnés également à 10
d’interdiction d’exercer leur métier et à l’interdiction définitive
du territoire français. Nous disons que ce procès est une mascarade
dont le véritable but est d’entraver le plus possible le droit à la
défense des prisonniers politiques basques. C’est une nouvelle
attaque au Collectif. Après la dispersion meurtrière, après le
rallongement arbitraire des condamnations jusqu’à la perpétuité (Iñaki
de Juana en est à son 43ème jour de grève de la faim, dans un état
très grave, et trois autres prisonniers de l’État espagnol ont
rejoint son mouvement ces derniers jours : Sebas Prieto, Gorka
Martinez et Jon Garmendia), après la privation de soins et de
droits, après le durcissement des conditions de détention, ce sont
ses avocats qu’on emprisonne. Jusqu’où iront les deux États qui
combattent Euskal Herria avec tant d’acharnement ? Et croient-ils
vraiment qu’il leur suffira ensuite de quelques petits retours en
arrière pour nous donner l’illusion de grands pas politiques ?
Quant aux quatre prisonniers, ils
sont tous condamnés à 5 ans de prison et à l’interdiction définitive
du territoire français sous l’accusation d’être restés en relation
avec ETA. Différents points sont à souligner dans ce procès
surréaliste. Tout d’abord, de tels faits relèvent habituellement
d’une procédure administrative interne à la prison, et non d’une
procédure judiciaire. C’est une première, et cela montre la volonté
des autorités française de s’aligner sur l’Espagne dans la recherche
du moindre prétexte pour maintenir les prisonniers basques le plus
longtemps possible derrière les barreaux. Ainsi, et dans la mesure
où chacun de ces prisonniers a été et/ou sera lourdement condamné
dans d’autres dossiers, il devient évident que ces condamnations
obéissent à une volonté politique de frapper ces militants le plus
durement possible. (Voir le procès dernier procès parisien en date,
lors duquel 14 militants basques ont reçu de très lourdes peines,
certains pour la troisième fois !). Mais il y a là une autre attaque
grave et inédite. Pour la première fois, l’interdiction définitive
du territoire français est appliquée à une militante basque de
nationalité française (Lorentxa Beyrie, originaire de Kanbo). Ce
nouveau pas dans la répression a toutes les raisons de nous
inquiéter : il s’agit d’un nouveau mode d’agression, qui consiste,
après avoir alourdi le plus possible la peine d’un militant, à
l’empêcher tout simplement de rentrer chez lui. Nous le redisons :
c’est le chemin opposé à une résolution démocratique du conflit,
c’est le chemin opposé à la justice et à la démocratie tout court.
C’est une provocation évidente.
C’est également la 14ème section qui
examinera en appel demain 21 décembre la demande de libération
conditionnelle de Filipe Bidart. La décision ne devrait être connue
qu’au cours du mois de janvier, mais nous ne faisons aucune illusion
à son sujet : elle est déjà prise, et elle est politique.
La situation est très grave.
Askatasuna dénonce avec force
l’attitude de l’État français, qui est en train de faire preuve
d’une cruauté sans nom, mais aussi d’une terrifiante bêtise
politique. Nous exigeons des gouvernements français et espagnols
qu’ils mettent un terme à cette stratégie de guerre et à toute la
souffrance qu’elle est en train de générer. Ça suffit ! Nous
demandons le démantèlement immédiat de la 14ème section
anti-terroriste et de sa jumelle madrilène appelée Audience
Nationale, l’abandon de toutes les législations spéciales, et le
respect de nos droits !
Nous adressons également un message
aux partis politiques et à tous les agents sociaux : seules des
conditions démocratiques nous permettront d’avancer dans un
véritable processus et pour cela, nous les appelons à prendre part à
tous les rassemblements qui seront organisés dans les jours
prochains. Parmi ceux-ci, nous appelons à participer au
rassemblement organisé par le Comité Filipe Aska aujourd’hui à 19h
devant la maison d’Alliot-Marie de St-Jean-de-Luz, à ceux qui auront
lieu vendredi dans différents villages et quartiers en dénonciation
de la terrible situation d’Iñaki et des 160 prisonniers politiques
basques qui sont maintenus derrière les barreaux bien qu’ils aient
fini leur peine et aux manifestations de solidarité qui seront
organisées dans les jours prochains envers les avocats du Collectif.
Euskal Herria, le 20 décembre 2006