Le
27 septembre 2006 : Le Ribombu publie la lettre ouverte d'Antone
Marchini qu'il a écrite au président de l'Assemblée de Corse, mais
ce dernier n'a pas daigné répondre.
“Monsieur le Président,
C’est en tant que Corse et membre d’une organisation
politico-militaire, qu’aujourd’hui je me permets de vous interpeller
sur un sujet récurrent où je me pose beaucoup de questions, comme
tant d’autres doivent aussi le faire. Et j’espère qu’en fonction de
la place et des responsabilités que vous exercez, vous y répondrez.
Car nous avons tous le droit de connaître la vérité et les raisons
qui motivent certaines décisions ou attitudes des élus de notre
Assemblée. Comme vous le savez, en novembre 2003 et à l’appel de
diverses organisations nationalistes et autonomistes pour ou contre
la violence clandestine, le FLNC UC décrétait une suspension de
toutes ses actions militaires, sans conditions de temps, ni de lieux
et, chose inédite en trente années de lutte, sans aucunes
négociations avec le gouvernement fiançais !
Cette initiative majeure s’inscrivait dans une
stratégie de cohésion du mouvement national, qui devait d’une seule
voix, permettre après les élections territoriales, de proposer au
futur Président et exécutif de l’assemblé de Corse et sous une forme
cohérente, une solution pour recouvrer la paix. Nous sommes pourtant
tous conscients à quel point la paix nous est chère et j’insiste sur
ce sentiment, car nous en payons le prix fort ainsi que nos
familles, assujetties par toutes ces contraintes dues à notre
déportation; mais qu’elle est aussi le souhait de tous, vous y
compris, au vu de vos communiqués de condamnations sur les actions
que nous menons et vos diatribes à l’encontre des nationalistes !
Alors, sans entrer dans la polémique, à savoir les raisons qui nous
poussent à choisir cette forme de lutte qui a permis entre autre, de
faire qu’un jour la Corse soit dotée d’une Assemblée territoriale et
par conséquent que vous puissiez en être aujourd’hui son Président !
- Pourquoi avez-vous refusé cette opportunité de main
tendue que les nationalistes et les clandestins vous ont proposée,
afin de régler le problème de la violence politique ?
- Pourquoi ne pas avoir accepté de réunir le groupe
de travail informel mis en place en son temps par votre défunt père,
qu’il s’était engagé à réunir régulièrement, il y a de cela deux ans
?
- Pourquoi tant de laxisme, de complaisance, de
connivence avec l’attitude du gouvernement sur la question des
prisonniers politiques que nous sommes, en sachant d’une part que la
loi française, dont une qui nous est spécifique, sur le
rapprochement vers le Centre de Détention de Borgu est bafouée et
d’autre part, que vous aussi l’avez dénoncé lors d’une session a
l’Assemblée de Corse ?
Voilà quelques mois, des gens de tout bord et de
divers horizons, travaillent à la construction d’une dynamique de
paix, dont nous adhérons avec force et l’encourageons, car il y a
une réelle volonté d’y arriver, mais le comble, le paradoxe, c’est
que vous en soyez totalement absent, alors que vous ne cessez de
dire, que rien ne peut se faire en Corse avec la violence et qu’il
faut que les Corses retrouvent la paix !
- Pourquoi en tant que Président de l’Assemblée de
Corse ne participez-vous pas à cette construction ? Car non
seulement vous y avez votre place, mais elle serait prépondérante
pour sa réussite et dans votre volonté de voir enfin la paix !
Je pense qu’il y a des moments importants où il faut
mettre de côté les appareils politiques traditionnels et arrêter de
faire de la politique politicienne. Nous avons déjà perdu plus de
deux ans de paix, avec toutes les répercussions que cela aura
entraîné pour tout le monde ! Que cette année soit la dernière, en
privilégiant l’intérêt de la CORSE et des Corses !
Comme vous pouvez vous en douter, j’aurai pu à la
place d’attendre vos réponses, faire une analyse personnelle et
critiquer la contradiction de vos propos, ou remettre en doute leur
sincérité, mais je ne le ferai pas. Car j’espère que vous reverrez
votre position sur la situation, en faisant preuve de maturité et
surtout de courage politique, en étant à la hauteur de vos
responsabilités et de la place qui est la vôtre. N’oubliez pas que
vous êtes censé représenter la population corse ou tout au moins une
partie et, que celle-ci veut, de tout coeur cette paix.
Sans toutefois renier ce que je suis, ainsi que mon
engagement politique, je voudrais que vous sachiez que ce n’est pas
la première fois que je me positionne sur ce sujet, je l’ai fait
quelque temps avant l’annonce de novembre 2003 et après et ce à
maintes reprises ! En vous remerciant par avance pour vos réponses,
veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes
sentiments respectueux.”
Antoine Marchini,
prisonnier politique corse
Source photo :
C.A.R, Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
U RIBOMBU, Unità Naziunale
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