Mercredi
31 mai 2006 : Lors d'une conférence de presse à Bastia, mercredi
matin, le Comité Anti Répression revenait sur l'arrestation
mouvementé d'un militant nationaliste corse. En effet le C.A.R
dénonce les méthodes des policiers lors de l'interpellation de
Christophe Pieri. Ces policiers auraient intercepté le
véhicule du militant, sans se présenter et sans montrer aucuns
signes distinctifs, et en tirant deux coups de feu en direction de
la voiture de celui-ci. Le Comité Anti Répression s'inquiète des
méthodes de plus en plus expéditives lors des interpellations des
militants nationalistes corses.
Voici l'intégralité du texte de la
conférence de presse :
Conférence de presse Bastia 31 mai 2006
Il y a quelques jours un militant nationaliste a de
nouveau été interpellé, à grand renfort de force de l’ordre et,
malgré les dépêches officielles qui ont tenté de minimiser les
choses, cette arrestation a été pratiquée avec des méthodes musclées
et de plus en plus violentes.
En
effet, alors que Christophe Pieri circulait normalement sur une
route, une voiture banalisée, sans gyrophare, l’a intercepté. Un
couple en a jailli, ne portant sur eux aucuns signes distinctifs,
sans brassards, en criant “ne bougez pas” et a immédiatement tiré
deux coups de feu en direction de la voiture de Christophe Pieri.
Celui-ci n’a pourtant à aucun moment tenté de prendre la fuite, ni
eut de gestes qui auraient pu paraître suspects ou dangereux. Ces
coups de feu sont inadmissibles et marquent une étape supplémentaire
dans l’escalade répressive. Il y a quelques semaines, c’étaient des
portes enfoncées au petit matin à coup d’explosif et des militants
frappés, maintenant se sont des coups de feu en direction des
personnes à interpeller. A quand la bavure ?
Le
soir même, presque tous les médias corses et français annonçaient le
nom de la personne interpellée. Nous savons depuis longtemps que la
présomption d’innocence n’existe que pour les ministres français, et
surtout pas pour les nationalistes corses. De plus, il a été
impossible de savoir, pour sa famille, où se déroulait la
garde-à-vue, et donc de lui apporter un sac de linge. Christophe a
été transféré à Paris sans aucuns vêtements de rechange.
Comme toujours, cette interpellation a été précédée d’une
déclaration du ministre de l’intérieur de la France devant son
Assemblée nationale au cours de laquelle ce dernier évoquait comme
preuve de la réussite de sa politique en Corse… l’arrestation de
Carlu Pieri ! Et comme d’habitude, pour crédibiliser ses propos,
quelques jours plus tard, on interpelle son fils, pour l’entendre
dans une affaire « d’extorsion de fonds » qui ne devrait pas tarder
à dégonfler, mais en attendant, le mal sera fait, les personnes
salies. Les tentatives du ministre de l’intérieur pour
« criminaliser » le mouvement national sont pitoyables. L’Histoire
ne retiendra pas de lui qu’il aura tenté de régler la question
corse, mais simplement qu’il aura tenté d’utiliser la Corse pour se
faire sa propre publicité dans cette campagne pour les élections
présidentielles.
Cette attitude de Sarkozy, et au-delà, de l’Etat français, n’est
qu’une tentative pour masquer leur incapacité chronique à trouver
une solution politique pour la Corse. Hors du bâton, point de salut
! Mais non, Messieurs du Gouvernement, vos coups de bâtons, aussi
lâches soient-ils, ne nous feront jamais courber l’échine ! Le
problème corse est éminemment politique, ce n’est pas une question
de maintien de l’ordre comme d’aucun voudrait le faire croire.
Le
Comité Anti Répression fera toujours face à la surenchère répressive
à l’encontre de notre peuple que l’on tente de faire taire coûte que
coûte. Nous ferons toujours face à l’exil et la déportation de nos
prisonniers à plus de mille kilomètres de leur terre et de leurs
familles. R.A.I.D., G.I.G.N., D.N.A.T., les mois passent et les
interpellations musclées se succèdent sans que jamais l’Etat
français n’entrouvre la porte de la discussion et du dialogue.
Avant hier, de
nouvelles arrestations ont eu lieu à Aiacciu et de nombreuses
familles sont encore dans l’angoisse et l’attente. Alors, face au
règne de l’ordre sécuritaire, il est du devoir de chacun de se
mobiliser afin de réunir les conditions d’établissement d’une paix
durable sur notre terre.
En
Europe aujourd’hui la paix se construit. La France ne pourra camper
indéfiniment sur ses positions. Le tout répressif a vécu, la France
en sera comptable devant les autres pays européens.
Le
Comité Anti Répression, aux côtés des prisonniers politiques et de
leurs familles, entend œuvrer dans le sens du dialogue et de la
paix. A tous ceux qui ont subi ces derniers jours la répression de
l’Etat français, le C.A.R. apporte son fraternel soutien.
Comité Anti
Répression
Source photo :
Unità Naziunale, Archives du site.
Source info :
Unità Naziunale / CAR
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