Conférence de presse du Comité Anti
Répression
21 Septembre 2004
CUNFARANZA STAMPA
C.A.R.
21 09 04
En défendant le
droit au respect de l’être humain, le droit à la dignité, le C.A.R. affirme son
attachement indéfectible aux droits de l’homme. En affirmant et organisant son
soutien aux prisonniers politiques, le C.A.R. inscrit clairement sa
philosophie : celle de prendre en compte – au-delà des moyens qui pourraient
leur être imputés par un appareil judiciaire autoritaire – des femmes et des
hommes pour qui le combat du Comité Anti Répression est un combat de nature
universelle.
Ces personnes
font le choix de lutter pour la différence, la spécificité, l’émancipation,
l’égalité.
Ce choix ne souffre d’aucune ambiguïté :
il ne saurait être assimilé à une quelconque idéologie réactionnaire où la
différence et la couleur de l’un est le mal de l’autre.
Le C.A.R. prend en charge des patriotes
corses poursuivis dont l’attitude s’insère dans une résistance à un système qui
a programmé la disparition progressive de notre peuple. Un système qui en
récusant la reconnaissance du peuple corse comme communauté tant historique que
de destin fait sien le vieil adage mussolinien : « la cage sans les oiseaux ».
Le C.A.R. n’a jamais soutenu des racistes.
Il ne soutiendra jamais des racistes.
Le C.A.R. réaffirme, au-delà des
divergences d’appréciation qui peuvent exister, son amitié pour la Ligue des
Droits de l’Homme qui, doit–on le rappeler, a toujours clairement défendu, là où
beaucoup se sont tus, les prisonniers politiques lorsque ceux–ci subissent les
maltraitances policières, carcérales et judiciaires.
Le C.A.R. condamne les ridicules menaces
proférées à son encontre et qui, sous l’égide d’un racisme anti–maghrébin,
nourrit les sinistres desseins des tenants du colonialisme et du négationnisme,
de l’autoritaire et de l’arbitraire.
Récemment, trois détenus en fin de peine,
pouvant naturellement bénéficier du dispositif de la conditionnelle, ont été
rapprochés à la prison de Borgu. Après de nombreuses années de faux discours, de
vaines promesses et d’atermoiements, le gouvernement français a démontré, s’il
en avait la volonté, la possibilité d’incarcérer à proximité de leur lieu
originel, et familial, les personnes poursuivies pour leur engagement politique.
Ce geste est à prendre en considération
mais malheureusement ne suffit pas : Le C.A.R. attend toujours du gouvernement
en question, la précision de ses intentions qui, en l’absence de toute
lisibilité, suppose deux appréciations opposées :
-
La première, celle de la mise en place
d’un réel processus global et pour lequel le C.A.R. est prêt, avec toutes les
institutions concernées, à prendre ses responsabilités.
-
La seconde, celle d’une poudre aux yeux
visant, à un moment donné, à manipuler une situation politique de rentrée et une
opinion publique soumise à toutes les intoxications.
L’absence de gestes et de discours
significatifs des autorités en place, malgré notre récente demande publique,
laisse peu de place au doute : nulle disposition n’est clairement affichée pour
un traitement général du problème posé et qui touche plus de 50 prisonniers
politiques.
A l’inverse les conditions de détention
matérialisent la réalité d’un régime particulier, de «sous droit commun», et qui
visent à isoler et déstabiliser psychologiquement les militants et sympathisants
nationalistes emprisonnés.
Il y a peu, à la prison de la Santé,
l’ensemble des détenus a entamé un mouvement de protestation, délivrant à la
direction de la prison, les revendications suivantes et qui en disent long sur
ce régime d’exception :
-
Regroupement de tous les prisonniers
politiques corses dans le même bâtiment d’un établissement pénitentiaire de
Corse ainsi que le stipule la loi française (Art. de loi du 20/03/03 n°2003 –
259). Les nécessités de l’instruction ne devant pas faire obstacle à cette
revendication. En effet de nombreux prisonniers politiques sont incarcérés
depuis de longs mois, voir de longues années, et n’ont été entendus par les
juges d’instruction qu’à deux ou trois reprises.
-
Affectation au même étage de cet
établissement de tous les prisonniers politiques corses ne faisant pas l’objet
d’une interdiction de communiquer.
-
Attribution à chaque prisonnier politique
corse d’une cellule individuelle.
-
Bénéfice d’un double parloir par semaine
de sorte que le lien familial puisse être maintenu.
-
Accélération des instructions dont les
délais excessifs vont de pair avec des incarcérations d’une longueur extrême, en
contradiction avec la loi française et le droit européen. Certaine de ces
instructions aboutissant d’ailleurs à des relaxes et à des remises en liberté.
-
Accès aux soins dans un délai adéquat et
exécution des procédures chirurgicales d’une manière humaine.
-
Facilitation de l’accès aux cursus
scolaire et universitaire, accès non discriminant aux moyens culturels y compris
aux œuvres et ouvrages corses.
-
Libre exercice de la liberté de pensée et
de la liberté de religion, accès réel aux diverses activités proposées.
Ces revendications traduisent avec
l’éloignement carcéral et familial, la dureté d’un quotidien qui met en évidence
la réalité d’une double peine abjecte et immorale.
Mais la maltraitance n’a pas de limites.
On continue à tabasser dans les geôles de l’Etat français. Hervé SANTELLI,
détenu à Fresnes, a été il y a peu, extrait de sa cellule, sa tête recouverte
d’une couverture pour qu’il ne puisse voir ses gardiens–agresseurs et passé à
tabac… Puis transféré à Nanterre.
Il rejoint en cela Charles SANTONI,
lourdement condamné, et pour lequel, après des atteintes physiques sous prétexte
d’une tentative d’évasion inventée pour la circonstance, on a programmé avec
isolement à la clé, le tour de France des centrales et des maisons d’arrêt.
Moulins, Arles, puis Luynes et aujourd’hui Avignon, au rythme moyen d’une maison
d’arrêt tous les trois mois ! Charles
SANTONI et son avocat ont porté plainte contre cette situation arbitraire
et illégale. D’autant que les deux autres détenus soit-disant complices avec lui
de la tentative d’évasion ne sont pas mis à l’isolement, et c’est tant mieux.
Alors pourquoi une fois encore une exception ? Parce que visiblement c’est le
fait même d’être corse qui est ici mis en cause.
Quant à Didier MARANELLI, Joseph VERSINI,
Philippe FABBRI, Patrick
CASTRENO et Riccardo
BIANCO, eux aussi lourdement
condamnés, ils sont toujours détenus en maison d’arrêt…
Les condamnés qui sont en maisons
centrales, quant à eux, ont largement bénéficié d’une mesure de…dispersion !
Encore plus loin de leur famille, éparpillés dans l’hexagone et isolés les uns
des autres. Et là encore une mesure restrictive particulière, l’étiquette de
« Détenu Particulièrement Surveillé Ministériel ». Ce qui signifie qu’ils sont
placés sous la tutelle directe du ministre de la justice.
Ces exemples là, pour ne citer que
ceux–là, ternissent et relativisent la portée des trois rapprochements : ils
mettent en relief la continuité d’une pratique répressive qui, après les
procédures judiciaires et policières, continuent jusqu’au fin fond des cellules.
Et que dire de la justice-spectacle du
soit-disant indépendant juge Courroye, qui à grand renfort de caméras, de
R.A.I.D. et d’inspecteurs financiers continue son cinéma au nom d’une prétendue
démocratie qui ne se prive pas de jeter des noms en pâture à l’opinion publique
, sur des dossiers inconsistants.
Face à l’incapacité d’un gouvernement à
faire preuve de compréhension, de respect des droits humains et de courage
politique, et à la lâche soumission d’un président et d’un exécutif de notre
collectivité territoriale à se taire devant tant d’injustice, le C.A.R. continue
son inlassable combat par un appel à la mobilisation populaire à travers
l’organisation d’une première manifestation de rentrée le samedi 9 octobre, à
partir de 17 heures place de la gare à Aiacciu.
Cette manifestation aura un double
message : d’une part réaffirmer sans ambiguïté notre totale et fraternelle
solidarité avec tous les patriotes corses emprisonnés et recherchés, et d’autre
part rappeler à l’Etat français, le respect des droits de l’homme et la mise en
place d’un processus de traitement global de la question posée qui ne pourra se
résoudre que par le rapprochement de tous les détenus à Borgu et à terme, leur
libération.
Le C.A.R. appelle toutes les personnes à
participer et renforcer cette manifestation..
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