Procès
Castela Andriuzzi
Eléments pour mieux comprendre le
dossier
Défense de Jean Castela
Une de l’édition corse du Nice Matin
du 3 décembre 2001
Sommaire
Page 4 : Introduction
Page 6 : Photo de Jean Castela
Page 7 : Curriculum Vitæ
Page 8 : Témoignages sur Jean
Castela
Page 9 : Professeur José Tomasi
Page 10 : Professeur Dominique
Salini
Page 12 : Etudiants
Page 19 : Les communiqués de
revendication du groupe sans sigle
Page 20 : Dossier Erignac
Page 24 : Dossier attentat de
Strasbourg
Page 29 : Dossier des attentats de
1994
Page 30 : Les problèmes de santé de
Jean Castela
Page 32 : témoignage de Jean Castela
sur son état de santé (Juin 2002)
Page 36 : Vincent Andriuzzi
Page 45 : Revue de presse
Résumé de
l’affaire
Il y a plus de 7 ans, Jean Castela,
Stella Castela, Vincent Andriuzzi et Ghjuvan Filippu Antolini
étaient placés garde-à-vue dans les locaux du ministère de
l’intérieur.
A ce jour, seul Ghjuvan Filippu
Antolini a été jugé. Stella Castela, après avoir été incarcérée
pendant 6 mois à Fleury-Mérogis est actuellement, 6 ans et demi
après, toujours astreinte à un contrôle judiciaire. Quant à Vincent
Andriuzzi et Jean Castela, ils attendent respectivement depuis 6 ans
et demi et 7 ans dans les geôles françaises d’être définitivement
jugés.
La multiplication des mises
en examens
Jean Castela a tout d’abord été mis
en examen, placé sous mandat de dépôt et incarcéré en novembre 1998
dans l’affaire dite de la piste agricole, c’est-à-dire pour
association de malfaiteurs. Quelques semaines plus tard, en
décembre, c’est pour un attentat de 1994 (à Paris) qu’il était de
nouveau mis en examen et placé sous mandat de dépôt. En avril 1999,
après 5 mois d’enquête, sans aucun élément nouveau à charge, Jean
Castela est mis en examen dans l’affaire de Strasbourg (1997). En
décembre 1999, après un an d’enquête depuis son arrestation, alors,
rappelons-le, qu’il avait été suivi pendant de nombreux mois avant
son interpellation, et encore une fois, sans qu’aucun élément
nouveau ne soit porté au dossier, Jean Castela est mis en examen
pour une prétendue complicité de l’assassinat du préfet Erignac
(dont on ne sait toujours pas sur quoi elle repose…).
A ce niveau, on peut faire un
premier bilan. Lorsque l’on a tous les éléments et que l’on a un
coupable sous la main, qui pourrait prétendre que l’on puisse
attendre plus d’un an avant de mettre une personne en examen ?
Des mises en examens qui
ont fait « Pchiiit »
Finalement, après plus de 7 ans, que
reste-t-il contre Jean Castela qui a été mis en examen dans 5
dossiers différents ?
1994 : Pratiquement tous les faits
étaient prescrits ce que personne n’a voulu reconnaître, mais malgré
tout, Jean Castela a admis au cours du procès en première instance
avoir été un supplétif des clandestins corses.
1997, Strasbourg : Jean Castela a
été reconnu innocent de la participation à l’attentat au cours du
procès en première instance, même s’il a été condamné pour
complicité.
1997, Vichy et Petrusedda : la
chambre d’accusation qui a libéré Jean Castela pour l’affaire du
préfet s’est toujours refusée à le libérer dans ce dossier de
complicité alors que les éléments à charge étaient exactement les
mêmes !
1998, Préfet Erignac, piste
agricole (dossier 1337, association de malfaiteur) : remis en
liberté en mars 2000 par non-renouvellement du mandat de dépôt.
1998, Préfet Erignac, piste
intellectuelle : Jean Castela a été remis en liberté par la Chambre
d’accusation en décembre 2001 car les éléments contre lui ne
justifiaient plus un maintien en détention.
Comment, après ces mises en liberté
successives et cet acquittement, dans ces conditions pourrait-on
considérer qu’il y ait le moindre élément pour condamner Jean
Castela dans l’affaire Erignac et dans les attentats de 1997 ?
Dysfonctionnement de la
justice
Le fonctionnement de la justice a
été des plus étranges dans cette affaire d’Etat, cause sacrée qui a
permis de multiplier les dénis de justice. Les attentats de 1994
étaient prescrits ? Ce n’est pas grave, pour une cause sacrée ça ne
compte pas.
Le parquet fait fort dans cette
affaire : pour ne pas tenir compte de la prescription, il explique
que les trois faits dans ce dossier (attentats à Mende en février,
concours de l’agrégation perturbée en avril, et attentat de Paris en
septembre) sont connexes. C’est-à-dire qu’ils ont été décidés en
même temps. Mais, ensuite, pour expliquer une pseudo scission
politique, ce même parquet explique que le troisième attentat n’a
pas été commis par la même organisation politico-militaire, mais par
des dissidents !
Le procès en première instance que
la presse a improprement baptisé Erignac, et nous ouvrons ici une
parenthèse pour demander aux médias de ne pas se tromper pour le
procès en appel qui ne sera pas celui du défunt préfet mais celui de
Castela et Andriuzzi, dans ce procès en première instance donc, tout
comme pour le procès en appel, on a artificiellement mélangé des
attentats de différentes époques (1994, 1997 et 1998) revendiqués
par différentes organisations politico-militaires !
Le Procès
Le procès en première instance a été
une véritable parodie de procès. Un procès fleuve, la presse dans
son ensemble l’a reconnu, dans lequel le seul objectif du président
était de terminer après le vote du référendum.
Au cours de ce procès, Roger Marion le
chef de la DNAT a témoigné. Les avocats de la défense lui ont
naturellement demandé quels étaient les éléments, les preuves
matérielles ou les pièces à conviction qui constituaient
l’association de malfaiteurs à laquelle Jean aurait, d’après
l’inspecteur, participé pour préparer l’assassinat du préfet.
A la surprise générale, l’avocat a
dû poser trois fois la question avant que Roger Marion ne daigne
répondre. Et la réponse… a déclenché l’hilarité dans la salle au
point que le président a failli la faire évacuer ! En effet, Roger
Marion a répondu : « l’instinct policier » ! Qui peut imaginer une
seule seconde que si Roger Marion avait eu de réels éléments à sa
disposition, il ne les aurait pas évoqués devant le tribunal ? Cet
aveu de l’inspecteur en chef de la DNAT est bien la preuve qu’il n’y
absolument rien dans ce dossier qui puisse relier Jean Castela à
l’affaire du préfet. Jean est innocent, il est victime d’un montage
intellectuel des enquêteurs et des juges d’instruction qui ont
décidé qu’il y avait une piste intellectuelle et qu’il fallait donc
condamner des intellectuels. Après s’être fourvoyés dans la piste
agricole, les juges n’ont pas voulu reconnaître que les enquêteurs
s’étaient également trompés dans la piste intellectuelle. Les juges
ont en fait avalisé ce scénario de substitution.
Quel exemple pourrait-on trouver
dans les annales de la justice française où un homme arrive libre au
procès dans une affaire de complicité d’assassinat (comme c’était le
cas pour Jean Castela ou Vincent Andriuzzi) et repart avec une
condamnation de 30 ans ??? Tout le monde sait que pour la justice
française l’incarcération, qui dans les textes demeure l’exception,
est en fait la règle. Si Jean Castela a été libéré par la chambre
d’accusation, c’est bien qu’il est innocent !
Qui est
Jean Castela ?
Curriculum
Vitæ de Jean Castela
Formation
• 1977 : Etudes
secondaires classiques. Baccalauréat A, mention AB - Lycée Masséna -
Nice.
• 1978-1980 :
Etudes supérieures : DEUG et Licence de Géographie - Faculté des
Lettres de Nice.
- U.V. Histoire de l’Antiquité, du Moyen Age, Histoire
contemporaine.
- Géographie physique, géomorphologie, climatologie.
- Géographie humaine et régionale, géographie rurale et urbaine.
- Aménagement du Territoire et Géographie du Tourisme.
- Diplôme d’aménagement touristique sur «Les îles de Méditerranée».
- Voyages d’études universitaires au Maroc, en Gascogne, Berry,
Quercy, Dauphiné.
• 1981 : Maîtrise
de Géographie : «Les pouvoirs dans la viticulture languedocienne» -
Université de Strasbourg.
• 1982 :
Préparation de l’Agrégation de Géographie - Ecole Normale Supérieure
de Fontenay.
• 1982 : Réussite
au CAPES d’Histoire-Géographie.
• 1983 :
Canonnier-Professeur à l’Ecole d’Artillerie de Draguignan - Chargé
de cours de culture générale et d’histoire auprès des officiers et
élèves officiers.
• 1983 : Diplôme
de Langue et Culture des Pays d’Oc - Mention TB - Université de
Nice.
• 1983 : Reçu à
l’Agrégation de Géographie.
Expérience
professionnelle
• 1983-1984 :
Professeur stagiaire au C.E.S. Dufy - Nice.
• 1984-1985 :
Professeur agrégé au collège d’Aumetz .
• 1985-1998 :
Professeur agrégé (chargé de la formation B.T.S. Tourisme) - Lycée
Giocante de Casabianca - Bastia.
• 1996-1998 :
Chargé de cours à l’Université de Corse.
• 2005 :
Soutenance de thèse à la prison de Frersnes, sur “La Corse et l’hiostoire
des civilisations méditerranéennes (VIIIème - XIème siècles)”-
Mention Très Honorable avec félicitations du jury - Université de
Corse.
Formations
complémentaires
• Pendant les
études secondaires et universitaires, voyages en Italie (Toscane,
Latium, Vénétie, Pouilles, Calabre, Sicile, Piémont, Lombardie,
Ligurie) ; France (Alsace, Bretagne, Auvergne, Savoie, Flandres,
Gascogne, Languedoc, Provence, etc.) ; Belgique ; Pays Bas ; Suède ;
Norvège ; Espagne ; Yougoslavie ; Autriche ; Allemagne ; Turquie ;
Syrie ; Canada ;
• Organisation et accompagnement de
voyages étudiants en France, Italie, Suisse, Turquie, Espagne.
Langues
• Français lu, écrit, parlé.
• Italien : lu, écrit, parlé.
• Anglais : lu, écrit, parlé.
• Arabe : bonnes notions.
• Russe : notions scolaires.
• Corse.
Publications
• Divers dossiers pédagogiques sur
le monde méditerranéen.
• Un livre de 120 pages, in quarto,
« La chapelle de la Miséricorde, chef d’œuvre baroque niçois ».
Témoignages sur Jean Castela
Voici
des lettres d’enseignants et d’anciens étudiants qui ont eu
l’occasion de côtoyer Jean Castela.
Pour lire les lettres il suffit de
cliquer sur l'image réduite de ces lettres
Professeur Dominique Salini
Le 2 janvier 2006
Cette
lettre se veut témoignage. Je voudrais, en tant que professeur à
l’Université de Corse et Directrice de son Doctorat en Sciences
Humaines, option Langue et Culture corses, attester des grandes
compétences scientifiques de Jean Castela en rappelant notamment un
moment fort pour nous tous : la soutenance de sa thèse à la maison
d’arrêt de Fresnes, le 27 mai 2005, trois mois après une grave
opération du cœur et 2385 jours
d’incarcération pour ses convictions politiques. C’était un défi
intellectuel et politique que Jean Castela se devait de relever en
tant que professeur agrégé de géographie, enseignant et militant
syndical, ayant toujours mis son intelligence, ses certitudes et sa
très grande culture au service du peuple corse.
C’était aussi une gageure de faire aboutir
un travail universitaire de cette ampleur en milieu hostile : le
pari a été gagné. Pendant plus de trois heures, Jean Castela
a présenté son travail, La Corse et l’histoire des civilisations
méditerranéennes (8ème-11ème siècles)
devant un jury composé de trois professeurs des Universités. Le
grade de docteur avec la mention Très honorable et les félicitations
lui a été décerné.
Le
contexte singulier dans lequel ce travail a été initié, rédigé puis
soutenu mérite d’être relevé. Bien évidemment, il était exclu que
Jean Castela puisse bénéficier d’une
exceptionnelle permission de regagner la Corse pour y
soutenir normalement sa thèse à l’Université. La soutenance devait
avoir lieu dans l’enceinte même de l’établissement et se dérouler
quasiment à huit clos - alors qu’une soutenance de thèse est
toujours publique - devant seulement trois membres de sa famille. La
possibilité même de la soutenance dépendait de la seule autorisation
du Procureur de la république de laisser le jury pénétrer à
l’intérieur de la maison d’arrêt. Celle-ci n’a été officielle que le
jeudi 26 mai, soit la veille de la soutenance ! Il est inutile
d’insister d’avantage sur la pression psychologique et le
harcèlement moral exercés depuis si longtemps sur Jean Castela et sa
famille.
La
thèse compte 654 pages et comprend 4 tomes dont un Atlas de 446
cartes représentant les données historiques des tomes 1 et 2 et un
tome d’exemples illustrant les analyses théoriques. Le doctorat a
conclu, sous la forme académique d’une thèse soutenue devant un jury
de professeurs des universités, une recherche initiée depuis des
années. Cette recherche qui a notamment nourri son enseignement à
l’Université de Corse a été poursuivie pendant plus de six ans en
milieu carcéral, c’est-à-dire dans un environnement peu propice à la
réflexion et à la sérénité. Interpellé le 18 novembre 1998, Jean
Castela a d’abord été incarcéré à Fleury-Mérogis avant d’être
transféré à la maison d’arrêt de Fresnes, réputée pour la rigueur
des conditions de détention. A titre d’exemple, Jean Castela n’a
disposé d’un matériel informatique que par intermittence ; il a dû
travailler de manière très artisanale (les cartes décalquées sur les
vitres de sa cellule) et surtout au gré
des fouilles régulières et imprévisibles, bien sûr : il
fallait, à chaque fois, remettre de l’ordre dans les documents
dérangés, dispersés, éparpillés. Chaque difficulté que rencontre
tout doctorant dans la recherche de ses sources documentaires était
ici décuplée : les documents ne pouvaient parvenir que sous
certaines formes et pas d’autres (ouvrage sans couverture, document
non plastifié, pas de disquettes informatiques..), sans compter le
temps nécessaire pour les obtenir. L’autre difficulté a consisté à
« sortir » progressivement son travail pour la reprographie. Bref,
on l’aura compris, cette thèse n’aurait pu être soutenue sans
l’obstination de Jean et le soutien sans faille de sa famille durant
ces six longues années.
Jean Castela n’a jamais caché son attachement profond à la Corse
mais son attachement n’est pas seulement sentimental. La Corse
préoccupe l’historien qui a pu se rendre compte au fil de ses
recherches à quel point l’histoire de l’île est méconnue à certaines
époques, combien parfois elle a été oubliée par les historiens parce
que jugée sans doute trop peu active dans l’histoire des grandes
civilisations méditerranéennes. Or, écrit Jean Castela, en
Méditerranée, « se mêlent en permanence, à toutes les époques, les
phénomènes locaux et les grands mouvements qui s’expliquent par les
contingences politiques et économiques générales à tout le bassin ».
Et il le répète à plusieurs reprises dans le corps du texte : il est
temps de renouveler la lecture de l’histoire des civilisations
méditerranéennes en redonnant à chacune la place qui lui est due et
de rectifier ainsi tant d’injustices créées par les hiérarchisations
abusives et la négation du local au profit des grands courants
prestigieux. L’histoire de la Méditerranée ne peut se passer de
celle de la Corse et il faut bien admettre que la Corse a fait
partie – et sans doute devrait continuer à le faire - d’une histoire
géopolitique large et surtout mouvante. Là sans doute réside
l’aspect le plus novateur de la thèse : élaborer une modélisation
des dynamiques spatiales méditerranéennes. C’est seulement en
abordant l’histoire de la Corse de cette manière que l’on évitera
banalités et autres poncifs et que la compréhension politique de cet
espace singulier pourra sans doute commencer. Base de données en
histoire, géographie et histoire de l’art, ce travail est en
perpétuelle évolution et s’enrichit chaque jour.
Certes Jean continue à travailler. On pourrait sans doute se
satisfaire de cette assertion. Mais si les soutiens amicaux lui ont
été et lui sont aujourd’hui encore une aide précieuse, il serait
temps que cesse cet assassinat intellectuel, cette destruction de
l’homme et que Jean recouvre enfin sa liberté.
Pr.Dominique Salini
Les
communiqués de revendication du groupe sans sigle
Selon les enquêteurs, l’un des
principaux éléments qui les a amené à croire que Jean Castela était
l’auteur des communiqués de revendication du groupe sans sigle est
le fait que l’on retrouve de nombreux éléments historiques dans ces
communiqués alors que justement Jean Castela est professeur
d’histoire géographie et qu’il est spécialisé dans l’Histoire de la
Corse.
Or, l’étude
approfondie de ces communiqués, chose qui n’a pas été possible lors
de l’instruction et lors du procès en première instance, démontre à
l’évidence que les auteurs de ces communiqués sont sans doute
d’excellents moines copistes, mais absolument pas des historiens car
nous y avons trouvé 5 erreurs historiques grossières, très
importantes, qu’un historien corse n’aurait pas pu commettre et
certainement pas Jean Castela.
Voici les cinq passages comportant des
erreurs et les explications historiques
Communiqué du 11 novembre 1997,
deuxième communiqué du groupe sans sigle
« Le peuple corse quant à lui a
eu l’honneur de se libérer dès septembre 1943 grâce au soulèvement
des patriotes corses qui ont affronté les troupes de l’Africa Korps
avec pour emblème le seul brassard à tête de maure. »
C’est une erreur historique qui n’a
pas été soulevée lors de l’instruction, mais que les avocats avaient
soulevée lors du procès en première instance. Septembre 1943 n’est
pas la date de la libération de la Corse mais seulement de
l’insurrection. C’est-à-dire que le 8 septembre, le gouvernement
italien du général Badaglio qui a pris la succession de Mussolini au
cours de l’été 1943, signe l’Armistice avec les alliés. Le 9
septembre, sans attendre l’accord des alliés, la résistance corse
déclare l’insurrection. S’il y avait 80 000 Italiens qui occupaient
la Corse et qui n’ont pratiquement pas combattu la résistance corse,
il ne faut pas oublier qu’il y avait 12 000 Allemands et que pendant
un mois, des combats acharnés ont eu lieu pour libérer la Corse, le
dernier Allemand quittant le port de Bastia le 4 octobre seulement.
La date du 9 septembre est généralement fêtée pour commémorer cet
événement, mais ne correspond en rien à la libération de la Corse.
Un profane en histoire peut faire l’erreur, mais certainement pas un
spécialiste de l’Histoire de la Corse. D’ailleurs, il a été projeté
lors du procès en première instance des documents saisis chez Jean
où il est écrit de sa main que la libération de la Corse date du 4
octobre !
Deuxième passage du même
communiqué :
Voici une énumération de faits
historiques concernant les grandes dates de l’Histoire de la
Corse (nous avons rajouté en rouge, entre parenthèses [ ], l’époque
à laquelle ils correspondent) :
« La France, au mépris du droit
des peuples à disposer d’eux-mêmes, a acheté la Corse en 1768 comme
un vulgaire troupeau de moutons et l’a conquise par le feu et par le
sang au prix de nombreux revers subis face aux patriotes corses
[1768/69]. Bonaparte a exprimé en
termes on ne peut plus clairs la nature de la présence française en
Corse : "Je naquis quand la patrie périssait. Trente mille Français
vomis sur nos côtes noyant le trône de la liberté dans les flots de
sang, tel fut le spectacle odieux qui vient frapper mes regards."
[1789]
De pendaisons en déportations
massives au bagne de Toulon,
[fin XVIIIe,
début XIXe] de
gouvernements militaires en régimes d’exception, la Corse a toujours
été gérée par la France comme une colonie : destruction de son
économie par des lois douanières qui pendant un siècle ont taxé
lourdement les produits corses à l’exportation et détaxé les
produits français à l’importation [XIXe
siècle]; utilisation du
peuple corse comme chaire à canon (plus de trente mille morts lors
de la guerre de 14-18, soit 15% de la population contre 5% en
France) selon la même logique coloniale appliquée pour les
tirailleurs sénégalais ou pour les troupes levées en Afrique du Nord
et en Indochine par la "patrie des droits de l’homme" [1914/18];
planification de la francisation obligatoire par la fermeture de
l’Université de Corse [1769]
et une guerre idéologique sans merci conduite contre la langue et la
culture corse. [deuxième moitié du XXe siècle]»
On réalise
immédiatement à la lecture des dates que nous avons rajoutées en
rouge qu’il y a un problème. Nous sommes ici dans une suite
chronologique d’événements historiques et sans que l’on comprenne
pourquoi, la fermeture de l’Université de Corse se retrouve entre la
première guerre mondiale et la deuxième moitié du XXe
siècle. Les historiens de la Corse savent très bien que l’Université
créée par Pascal Paoli a été fermée dès la conquête militaire de la
Corse en 1769 et non pas après la première guerre mondiale. Le fait
de positionner dans cette suite chronologique la fermeture de
l’université après la première guerre mondiale ne peut être qu’une
erreur de date de la part du rédacteur du communiqué, erreur que
Jean Castela n’aurait pas pu commettre. Cette erreur n’a jamais été
soulevée, ni pendant l’instruction, ni lors du procès en première
instance, tout comme les erreurs qui suivent.
Dans cette même citation que nous
venons d’étudier, deux autres erreurs flagrantes sont à noter.
« La France, au mépris du droit
des peuples à disposer d’eux-mêmes, a acheté la Corse en 1768 comme
un vulgaire troupeau de moutons et l’a conquise par le feu et par le
sang au prix de nombreux revers subis face aux patriotes corses (…)
»
Tout d’abord, le fait de livrer
comme date du rattachement de la Corse à la France 1768 est une
erreur considérée par les historiens nationalistes comme un
négationnisme, puisque cela revient à dire qu’il n’y a pas eu de
résistance, alors que ce n’est qu’au bout de deux campagnes
militaires que les troupes du roi de France ont pu conquérir la
Corse. Ensuite, le fait de parler d’achat en ce qui concerne le
traité de Versailles de 1768 est aussi une autre erreur, souvent
commise, car en fait ce n’est pas un traité de vente, mais au
contraire un traité à travers lequel la République de Gênes demande
l’aide de la France pour pacifier l’île. Un article secret fait état
d’un don de la France à la République de Gênes, mais ce don ne
correspond pas à la somme qu’aurait représenté la vente de la Corse.
D’ailleurs, en 1789, lors de la convocation des Etats généraux,
Gênes s’indignera de constater que les députés corses ont le droit
de vote, car les Génois considéraient toujours la Corse comme leur
appartenant.
« (…) utilisation du peuple corse
comme chaire à canon (plus de trente mille morts lors de la guerre
de 14-18, soit 15% de la population contre 5% en France) »
Cette erreur est
sans doute la plus grossière et comme les précédentes n’a jamais été
soulevée. 30 000 morts pendant la première guerre, c’est un chiffre
qui est ouvertement contesté et contestable. Aujourd’hui, de
nombreux historiens parlent plutôt de 12 000 morts, mais cela ne
prouve rien. Le premier problème vient du fait qu’entre ce deuxième
communiqué et le quatrième du groupe sans sigle, ce chiffre de 30
000 est devenu 40 000 ! Cela ne correspond pas à la rigueur d’un
professeur d’Histoire d’avancer des chiffres fluctuants. Mais, cette
analyse n’est pas nouvelle, elle a déjà été évoquée.
Par contre, ce que personne n’avait
remarqué, c’est que si l’on considère que 30 000 morts représentent
15% de la population corse de l’époque, cela veut dire qu’il y avait
en Corse 200 000 habitants en 1914. Pour quelqu’un qui n’y connaît
rien en Histoire de la Corse, c’est plausible, puisqu’il y a
actuellement 260 000 habitants. Par contre, pour n’importe quel
historien qui s’intéresse un tant soit peu à l’Histoire de la Corse,
c’est une erreur qui remet en cause toute l’histoire du XXe
siècle en Corse ! En effet, cette histoire est basée sur le fait
qu’il y avait 320 000 Corses en Corse au début du XXe
siècle et qu’au cours de ce siècle la population a diminué pour
arriver actuellement à 260 000. L’exil vers les Amériques, les
colonies, les guerres mondiales et enfin l’exode vers la France,
notamment à travers de nombreux emplois offerts dans
l’administration et l’armée, sont les raisons de cette diminution de
la population. Penser que la population corse a pu augmenter, ou ne
pas savoir qu’elle a diminué au cours du XXe siècle
revient donc à ne pas connaître l’Histoire de la Corse. Ou alors, il
faudrait qu’il soit très mauvais en mathématique, ce qui ne peut pas
être le cas de Vincent Andriuzzi, professeur dans ce domaine !
Quatrième communiqué de
revendication, septembre 1998, première page :
« Il y a une trentaine d’années,
des patriotes corses se sont levés et ont ravivé une lutte
ancestrale pour la dignité et la liberté, suivant le processus
classique d’un mouvement de libération nationale confronté à un état
colonial : l’objectif naturel était le rétablissement des droits
fondamentaux du peuple corse sur sa terre, c’est-à-dire
l’indépendance nationale. »
Tous les historiens, et encore plus
les observateurs attentifs de l’histoire du nationalisme corse dont
notamment Jean Castela, savent très bien que le début de la
revendication nationaliste n’était pas, à la fin des années 60 une
revendication pour l’indépendance, mais bien au contraire, une
revendication d’abord régionaliste avec l’ARC, action régionaliste
corse, devenue en 1973 Action pour la Renaissance Corse au moment où
le mouvement devenait autonomiste. Les premières revendications
d’indépendance ne remontent qu’en 1976, à la création du FLNC, c’est
à dire 21 ans avant les communiqués du groupe sans sigle et non pas
30 ans.
De plus, on remarque tout au long
des textes de revendications qu’il y a de nombreuses fautes
d’orthographe qu’un agrégé de géographie n’aurait pas pu commettre,
ni même un enseignant de mathématique. Le problème des fautes
d’orthographe a été soulevé pendant le procès en première instance.
Les fautes d’orthographe dans les communiqués de revendications :
1er communiqué
• 4ème paragraphe :
« (...) les fondements même (...) » il faut le pluriel à « même »
• 2ème page , 3ème
paragraphe en partant de la fin : « sensibilié » faute de frappe ?
• 2ème paragraphe en
partant de la fin : « Aux peuples du monde la Nation Corse envoit
(...) ». Erreur de conjugaison « envoie ».
2ème communiqué
• 1er paragraphe : « (…)
par les philosophes "des lumières" (…) » il faut un « l » majuscule
à lumières car dans ce cas ce terme évoque une période historique
précise.
• 3ème paragraphe
« La désertification (…) que connaît (…) ». Il faut un accent
circonflexe à « connaît ».
• 4ème paragraphe :
« (...) avec le suicide de la République à Vichy proclamé (...) ».
ll faut « ée » à « proclamé » car l’accord se fait avec République
(c’est elle qui est proclamée) et non pas avec « suicide ».
• 5ème paragraphe : « raffle »
ne prend qu’un « f ». Il y a également une erreur à « (...) Vél
d’Hiv » ; Il s’agit de l’abréviation de Vélodrome d’Hiver, que les
historiens écrivent donc « Vél’d’Hiv ». Il manque l’apostrophe.
• 2ème page, 1ère
ligne : « (...) De Gaulle (...) ». Il ne faut pas de majuscule à
« de ».
3ème communiqué
• 1er paragraphe , 5ème
ligne : « (...) Gênois (...) » il ne faut pas d’accent circonflexe !
• 2er paragraphe, 8ème
ligne : « (...) innéluctable (...) ». Il ne faut qu’un « n ».
• 3ème page, 4ème
ligne : « (...) Républiques banannières (…) » ; Il seul « n » à
« bananières ».
• 3ème page, 5ème
ligne : « (…) bodruches (…) ». Baudruches.
Dossier
Erignac
(à partir de l’ordonnance de mise en
accusation de la Chambre de l’instruction)
Tout d’abord, on peut se poser la question
de savoir pourquoi une chambre d’accusation (devenue entre temps
chambre de l’instruction) qui remet en liberté Jean Castela et
Vincent Andriuzzi pour manque de preuve à leur encontre dans
l’affaire Erignac peut quelques mois plus tard, sans qu’aucun
élément nouveau porté au dossier, décider de leur renvoi devant une
cour d’assise spéciale.
Dans l’arrêt rendu qui reprend les
grandes lignes de l’ordonnance de mise en accusation émise par le
juge d’instruction, on peut noter les éléments suivants qui
concernent Jean Castela :
Page 27 de l’ordonnance : « (…) lors
de la parution dans le quotidien "Le Monde", du 3 février 1999, d’un
article intitulé : "Les enquêteurs auraient "ciblé" les auteurs de
l’assassinat du préfet" fournissant des indications désignant
implicitement Alain Ferrandi, Jean Castela et Vincent Andriuzzi. »
Effectivement, trois mois après
l’incarcération de Jean Castela, la presse dévoile les thèses des
enquêteurs. A ce moment, Jean n’est toujours pas mis en examen dans
l’affaire Erignac, mais placé sous mandat de dépôt dans d’autres
affaires. N’ayant aucun élément à son encontre dans l’affaire du
préfet, on jette son nom en pâture à la presse pour faire passer le
montage intellectuel qui conduira Jean Castela et Vincent Andriuzzi
jusqu’à la cour d’assises spéciale. On peut noter que cet article
intervient à un moment où la piste agricole est en train de
s’écrouler, les enquêteurs ont perdu une grande partie de leur
crédit auprès de la presse et de l’opinion publique, il faut alors à
tout prix prouver qu’ils ne se sont pas entièrement trompés et que
la piste intellectuelle (ou enseignante) est fondée. Sans mise en
examen, on utilise la presse pour accuser les gens.
Page 27 de l’ordonnance : « (…) des
renseignements anonymes (…) désignant un nommé "Castola", (…) comme
l’un des commanditaires de l’assassinat de Claude Erignac. »
Il faut savoir qu’au cours de
l’année 1998, plus de 2500 interpellations ont eu lieu en Corse, et
plus particulièrement dans le milieu nationaliste. Le simple fait
d’avoir été à un moment de sa vie nationaliste, ou sympathisant,
pouvait suffire à justifier une interpellation. Dans ces conditions,
chaque personne gardée à vue qui livrait un nom d’une personne ayant
approché le nationalisme ces trente dernières années pouvait être
considérée comme ayant donné « un renseignement anonyme ». Si l’on
pense qu’une partie seulement de ces renseignements ont conduit à
des interpellations, on peut penser que plusieurs centaines de
personnes ont pu ainsi être désignées.
Page 28, 29, de l’ordonnance :
La rencontre entre Vincent Andriuzzi et Alain Ferrandi, en compagnie
de Jean Castela, le 19 août 1998 à Ajaccio.
Avant toute chose, il est primordial
de rappeler que cette rencontre a lieu 6 mois après l’assassinat du
préfet et que dès lors, elle ne peut pas être considérée comme une
réunion préparatoire.
Cependant, Jean Castela et Vincent
Andriuzzi se sont longuement expliqués sur cette rencontre.
Vincent Andriuzzi était en relation
professionnelle avec Alain Ferrandi dans le cadre du groupe Filcar
notamment pour réaménager certains locaux. Vincent, apparenté à la
famille Filippi propriétaire du groupe avait remplacé dans ce rôle
son propre père. L’agence où travaillait Alain Ferrandi ne possédait
pas de bureau, et en cette période extrêmement chaude, c’est en
toute logique qu’Alain Ferrandi a proposé à Vincent de se rendre
dans un autre lieu, en l’occurrence l’appartement de sa sœur, pour
pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Jean Castela a
accompagné Vincent Andriuzzi ce jour là comme il en avait
l’habitude.
D’ailleurs, tous dans l’attitude des
deux hommes ce jour est des plus banal. Ils se sont arrêtés pour
manger en terrasse, au bord de la route dans un petit restaurant à
l’entrée de la ville. Pour des gens qui chercheraient à se cacher,
on peut trouver mieux !
On peut par ailleurs se poser la
question de savoir, si cela avait été une réunion entre ce que
l’accusation a appelé la cellule sud et la cellule nord, pourquoi le
sud n’aurait envoyé qu’une personne et le nord deux.
La longue liste des appels
téléphoniques qui apparaît aux pages 30 et 31 entre les différents
accusés ne représente en aucune manière la moindre preuve et le fait
de mettre en évidence uniquement les appels des uns, de manière
arbitraire ne prouve rien.
Il est simplement logique de
constater que des gens qui sont amis s’appellent souvent. Et pas
uniquement comme voudrait le faire croire l’accusation, uniquement
quand il y a des revendications ou des attentats.
On peut par contre noter l’absence
de coups de fils entre Jean Castela et l’ensemble des membres qui
ont été condamnés en première instance pour l’assassinat ou la
complicité d’assassinat du préfet, ce qui prouve bien qu’il ne les
connaissait pas ou qu’il ne les fréquentait pas. De même Vincent
Andriuzzi n’est en contact qu’avec Alain Ferrandi, et encore pour
des raisons de travail.
Les appels téléphoniques le soir de
l’assassinat du préfet.
Le vendredi soir, à 22 heures 26,
Jean Castela a appelé Jean-Philippe Antolini. A cette époque, Jean
était joueur et dirigeant de l’équipe de football de l’ASPTT, dont
Jean-Philippe était l’entraîneur et le secrétaire général. Ce soir
là, il y avait un entraînement de prévu, le dernier avant les matchs
du dimanche, et Jean n’ayant pas pu y assister a logiquement
téléphoné à l’entraîneur après l’entraînement (qui finissait en
général vers 22 heures 15) pour avoir sa convocation pour le
week-end.
Le matériel Apple.
(Page 32)
Jean Castela, tout comme Vincent
Andriuzzi possédaient en 1998 un matériel informatique sous
environnement Macintosh. Il faut savoir qu’une grande partie des
Corses était à cette époque équipée de Macintosh et encore plus dans
le milieu nationaliste, pour des raisons évidentes de compatibilité
car dans les années quatre vingt dix, la compatibilité entre
Macintosh et Windows était très aléatoire. Pour cela, les militants
nationalistes avaient choisi Macintosh car tous les locaux
politiques étaient équipés de ce type de matériel.
Stella Castela a travaillé pendant
des années comme secrétaire de rédaction du journal nationaliste U
Ribombu, qui fonctionnait uniquement sous environnement Macintosh
comme (à l’époque) tous les spécialistes de la PAO ou des travaux
d’imprimerie, et qu’elle a ainsi été formée à l’informatique
Macintosh.
Stella Castela donnait à l’époque
des cours d’informatique à l’Université de Corse, qui elle aussi
fonctionnait sous environnement Macintosh.
Comme on le constate à la lecture de
ces exemples, Jean et Vincent ne sont pas les seuls à fonctionner en
Macintosh en Corse !
A la page 33 « Si les textes de
revendications n’ont pas été retrouvés sur les ordinateurs saisis,
il convient de rappeler que Joseph Versini a expliqué à sa concubine
que Jean Castela aurait détruit l’ordinateur sur lequel les textes
de revendications avaient été rédigés. Au demeurant, lors de
l’interpellation de ce dernier, le disque dur de son ordinateur
était confié pour réparation à la société MIC Informatique Corse.
Le technicien du service après-vente
a prétendu que le disque dur était délabré et qu’il n’avait pas
encore procédé à sa réparation, alors qu’il ressort de l’expertise
ordonnée par le juge d’instruction que le disque dur ne présentait
aucun symptôme de défaillance. »
Lorsqu’une personne achète un
ordinateur, elle laisse une trace, et comme on le constate à travers
cet exemple, il est impossible de faire réparer clandestinement un
ordinateur. Nous devons tout d’abord rappeler que Jean Castela n’a
pas eu d’ordinateur qui aurait mystérieusement disparu, on en aurait
retrouvé la trace. Ensuite, de la manière dont est rédigée la phrase
de l’ordonnance de mise en accusation, on a l’impression que le
réparateur a menti pour justifier de la présence du disque dur de
Jean Castela chez lui. Or, ce disque dur a été saisi et analysé par
les spécialistes de la DNAT qui ont trouvé la preuve que c’était
bien le disque dur que Jean utilisait d’habitude, et qu’il ne
comportait rien de clandestin. Ce qui est bien la preuve que Jean
n’avait rien à se reprocher par rapport à son disque dur. De plus,
s’il avait voulu s’en débarrasser clandestinement, il ne l’aurait
pas confié à un spécialiste de l’informatique en attendant
d’hypothétiques réparations.
Ensuite, par rapport aux
déclarations de Joseph Versini, il s’en est clairement expliqué, dès
sa garde-à-vue. Au moment où il reconnaissait sa participation aux
faits pour lesquels il a été condamné, au moment où sa vie entière
s’écroulait, il a tenu quand même à s’expliquer sur cette phrase
qu’il a dite à sa femme, le jour où Jean Castela a été arrêté et où
son arrestation a été médiatisée. Pour rassurér sa femme qui avait
compris les activités clandestines de son mari, puisque la presse
annonçait des arrestations en rapport à l’affaire Erignac, Joseph
Versini lui dit alors qu’elle ne doit pas s’inquiéter car « Jean
Castela a jeté son ordinateur à la mer ». Joseph Versini ne connaît
Jean qu’à travers la médiatisation dont il a été l’objet après son
interpellation. Et comme nous l’avons dit plus haut, l’enquête a
démontré que Jean n’avait pas eu d’ordinateur qui aurait disparu,
mais qu’au contraire, tout son matériel informatique a été retrouvé
lors des perquisitions.
Page 34 : Giamarchi et Giammarchi
Contrairement à ce que laisse
supposer l’ordonnance, on trouve en Corse aussi bien des Giamarchi
que des Giammarchi, ce deuxième patronyme ne pouvant en aucun cas
être considéré comme une invention.
On a remarqué à l’occasion du
premier procès que même dans les conclusions des avocats des parties
civiles qui demandent à ce que Jean Castela soit renvoyé devant les
assises spéciales pour une complicité dans l’affaire de l’assassinat
du préfet Erignac, aucun élément directement en liaison avec la mort
du préfet n’est avancé.
On se contente de parler de prétendu
passé clandestin de Jean, de matériel informatique et documents
saisis (or l’expertise du matériel informatique est négative et les
documents saisis sont en rapports à des affaires du début des années
1990), de la rencontre du 19 août (postérieure de 6 mois à la mort
du préfet), des appels téléphoniques (qui ne mettent absolument pas
en cause Jean dans quoi que ce soit), des contradictions dans les
déclarations de Jean Castela sur son emploi du temps le soir des
faits (il est à noter que cet argument est ridicule car Jean n’est
pas mis en accusation pour assassinat, mais pour complicité, donc
que son emploi du temps, au demeurant clairement établi, le soir de
l’assassinat ne saurait constituer un élément l’accablant).
La faiblesse de ses mises en causes
résume bien le dossier de l’accusation à l’encontre de Jean Castela.
A la page 41 on peut lire au sujet
de Jean Castela et de Vincent Andriuzzi, que les éléments du
dossier : « laissent présumer que Jean Castela et Vincent Andriuzzi
ont participé à l’élaboration, à la rédaction et à la diffusion du
communiqué de revendication, mais aussi qu’ils étaient, avec Alain
Ferrandi, les dirigeants du groupe sans sigle ou des anonymes, et
qu’à ce titre, ils ont pris part à la décision d’assassiner le
préfet Claude Erignac, décision, qui en raison de son caractère
hautement symbolique, n’a pu être décidée que par les chefs
idéologiques quand bien même elle a également été soumise aux
membres de la cellule du sud. »
Il est intéressant de noter que l’on
ne parle pas d’éléments matériels qui prouvent de façon irrévocable
la participation de Jean au groupe des anonymes, mais simplement
d’éléments qui « laissent présumer ». Dans cette affaire, on a aucun
élément matériel à charge, la chambre de l’instruction le reconnaît,
on a juste des choses qui « laissent présumer ». On ne prouve rien,
on présume.
Suivant en cela les chemins tracés
par les enquêteurs, les magistrats de la chambre de l’instruction
décrètent que la décision de l’assassinat du préfet n’a pu être
prise que par des « chefs idéologiques ». C’est une erreur, et c’est
bien mal connaître la Corse que de le penser. Tous les observateurs
de la situation politique en Corse ces 30 dernières années, ou bien
même au cours de l’Histoire de la Corse savent très bien que dans
cette société méditerranéenne, où l’honneur est poussée à son
paroxysme, les forts ont toujours eu le dessus sur les penseurs, les
militaires sur les intellectuels. Dans le nationalisme corse, les
chefs qui ont émergé ces 30 dernières années ne sont pas des
intellectuels promus par leurs capacités à conceptualiser, mais
plutôt des « militaires » ou d’anciens prisonniers politiques qui
ont su forger leur légende dans les prisons françaises.
Dossier de
l’attentat de Strasbourg
A partir de l’avis d’ordonnance de
mise en accusation devant la cour d’assises rendue du juge Thiel
dans l’affaire de Pietrosella, Strasbourg et Vichy.
Jean Castela, arrivé au procès
toujours incarcéré, a été condamné pour la complicité, mais acquitté
pour l’attentat de Strasbourg.
Environnement Apple (Macintosh) :
Les revendications des attentats de Vichy, Pietrosella et de
l’assassinat du préfet Erignac ont toutes été dactylographiées à
l’aide de matériel informatique de type Apple. Jean et Stella
Castela, tout comme Jean-Philippe Antolini fonctionnent également
sous environnement Apple, ce qui a permis aux enquêteurs de faire de
cet élément une preuve de l’implication de Jean Castela dans toutes
ces actions. A lire les ordonnances de renvoi, on pourrait croire
que seuls les Castela et Antolini fonctionnaient sous environnement
Apple en Corse.
Page 42 de l’ordonnance de renvoi,
le juge se permet certaines affirmations, qui ne sont pas étayées
par des preuves et qui permettent d’alourdir le climat du dossier à
l’encontre de Jean.
Il est notamment dit ! « (…) lors de
la reprise des réunions des différentes sections du mouvement "A
Cuncolta", Jean CASTELA, adhérent de ce mouvement dont il avait été
jusqu’alors un membre certes très discret mais incontestablement
influent, compte-tenu de ses responsabilités au sein du syndicat des
travailleurs de l’enseignement (…) »
On peut être surpris à ce stade de
l’enquête, qu’un magistrat instructeur qui doit enquêter à charge et
à décharge puisse avoir un tel comportement. Le fait d’avoir des
responsabilités dans un syndicat d’enseignants ne fait absolument
pas de Jean Castela un responsable de la Cuncolta, et d’ailleurs
dans l’Histoire des mouvements et partis nationalistes ou
indépendantistes, les syndicalistes n’ont jamais été des
responsables politiques. Et on peut encore le constater actuellement
puisque par exemple, les leaders du STC ne sont même pas militants
de Corsica Nazione !
A la page 43, il est fait état d’un
renseignement anonyme transmis aux enquêteurs début juillet 98
mettant en cause un nommé « CASTOLA », comme « étant l’un des
commanditaires de l’assassinat du préfet ERIGNAC et un ancien
photographe de l’hebdomadaire nationaliste "U RIBOMBU" comme faisant
partie du groupe clandestin à l’origine de cette action
criminelle. »
Dans les explications qui suivent,
le juge désigne Jean Castela pour correspondre à « CASTOLA » et Jean
Philippe Antolini comme ancien photographe du Ribombu. Or, il est
intéressant de constater que Jean Philippe Antolini, contrairement à
ce prétendu renseignement, n’a jamais été mis en cause dans
l’affaire du préfet Erignac. Ensuite, on peut remarquer que Jean
Philippe Antolini n’a pas été le seul ancien photographe du Ribombu
à être mis en examen et incarcéré dans le cadre du dossier 1337.
Présenté de la sorte, ce
renseignement mettant en cause Jean Castela peut apparaître comme
une preuve, mais il faut savoir que les services enquêteurs ont reçu
des milliers de déclarations de ce type pendant les mois qui ont
suivis l’assassinat du préfet, et d’ailleurs, les enquêteurs
eux-mêmes ont procédé à des milliers d’interpellations au cours de
l’année 1998.
A la page 44, le juge met en avant
le nombre de conversations téléphoniques entre les co-mis en examen.
Etablissant ainsi un lien entre tous, donnant l’impression au
lecteur que tous les protagonistes sont en relation très étroite.
Or, si Jean Castela est en relation
téléphonique quasi-permanente avec Vincent Andriuzzi et
Jean-Philippe Antolini, et si Vincent de par son travail est en
relation avec Alain Ferrandi, ce que le magistrat instructeur ne
fait pas remarquer, c’est qu’il n’y pas de relations téléphonique
entre Alain Ferrandi et Jean Castela ou Jean-Philippe Antolini, et
pratiquement aucune entre Jean-Philippe Antolini et Vincent
Andriuzzi.
À la page 64, le juge fait état du
matériel saisi chez Jean Castela. En parlant de matériel de
reproduction, le lecteur peut penser que Jean Castela possédait une
imprimerie clandestine, alors qu’il s’agit en faite d’un vieux
photocopieur et d’une imprimante d’ordinateur comme on peut en
trouver chez tout le monde.
A la page 66, le juge écrit : « Jean Castela s’était livré à une
activité subversive pour le compte du "F.L.N.C.-historique" jusqu’en
1994, année durant laquelle il est entré en dissidence avec les
dirigeants d’"A Cuncolta Naziunalista", vitrine légale de cette
organisation terroriste. »
Le juge se contente ici de lancer plusieurs affirmations, sans les
étayer par des éléments matériels, et notamment en ce qui concerne
le fait que Jean Castela serait entré en dissidence avec les
dirigeants de A Cuncolta en 1994. Ceci est inexact, et ne sert qu’un
seul but, qui n’est pas celui de rechercher la vérité en instruisant
à charge et à décharge, mais au contraire de préparer le terrain
pour tenter de faire tenir la route à la construction intellectuelle
des enquêteurs qui ont pensé à un moment que c’étaient des
intellectuels qui avaient imaginé l’action contre le préfet, après
être entré en dissidence de A Cuncolta. Donc, tout au long de
l’ordonnance de mise en accusation, on tente d’aller dans cette
direction, et là, sans aucun élément, on annonce que Jean Castela
est entré en dissidence de A Cuncolta en 1994. Or, jusqu’en 1996,
Stella Castela était secrétaire de rédaction du Ribombu, et en 1995
Jean-Philippe Antolini était attaché du groupe Corsica Nazione à
l’Assemblée de Corse, ce qui pour des dissidents est plutôt…
étrange !
Page 67 : la facture et la nuit à Strasbourg de Jean Philippe
Antolini et Jean Castela plusieurs mois avant l’attentat de l’ENA.
Rappelons que Jean-Philippe Antolini n’a été mis en examen que pour
la complicité d’attentat et non pas pour l’attentat et d’ailleurs,
le jour de l’attentat il est en photo sur le journal local corse
avec son équipe de football. Et il a été libéré par le juge de la
liberté et de la détention après deux ans de détention car les
éléments à son encontre ne justifiaient plus une incarcération.
C’est donc en homme libre (dans ce dossier) qu’il s’est présenté à
la cour d’assise spéciale. Quant à Jean Castela, s’il a bien été
condamné en première instance pour une complicité pour cet attentat,
il a été acquitté pour l’attentat lui-même.
En 1997, Jean-Philippe Antolini a suivi une formation de guide
interprète national. Les autres étudiants de cette formation avaient
pour la plupart suivi les cours de BTS tourisme et avaient donc des
connaissances en Histoire de l’Art, et avaient eu l’occasion de
participer à un « tour de France » qui est un voyage au cours duquel
les élèves en formation visitent (au pas de course) un maximum de
régions et de monuments pour avoir une idée de certaines
architectures religieuses qui n’existent pas en Corse (comme le
gothique par exemple) ainsi que pour appréhender la manière dont
certaines régions mettent en place une signalétique spécifique pour
le développement de leur zones touristiques. Ce « tour de France »
est donc un voyage de découvertes culturelles, mais pas dans le sens
d’un voyage organisé au cours duquel les personnes présentes peuvent
prendre le temps de visiter chaque monument en détail. Le but des
visites lors de ce genre de voyage n’est pas le même. C’est pour
voir un maximum de monuments différents et non pas comme dans un
voyage traditionnel certains monuments à fond.
Cette différence est très importante car elle a totalement échappé
aux enquêteurs et aux magistrats instructeurs.
En juin 1997, peu de temps avant de passer son examen de guide
interprète, Jean-Philippe Antolini est invité, ainsi que Jean
Castela à participer à une réunion de l’association suisse, du
canton du Jura, « Solidarité Jura Corse », qui est le pendant de
l’association Corse « Solidarité Corse Jura ». Jean Castela,
Jean-Philippe Antolini et Stella Castela participent à cette
association qui a pour but de développer les échanges entre ces deux
peuples. D’ailleurs, en 1998, tous les trois sont partis en Suisse
dans le canton du Jura pour participer à une foire commerciale où
ils ont pu présenter certains produits corses comme la bière à la
farine de châtaigne.
Pour se rendre en Suisse, Jean Castela et Jean-Philippe Antolini
décident logiquement de partir en avion jusqu’à Nice, de louer une
voiture et de se rendre en Suisse en passant par certaines région de
l’Est de la France qui sont d’ordinaire objet de visite lors des
« Tour de France ». Ceci, pour permettre à Jean-Philippe Antolini de
préparer dans de meilleures conditions son examen et son futur
métier de guide.
Jean est déjà en région niçoise où il doit faire passer des
examens. Jean-Philippe Antolini le rejoint en prenant un billet
d’avion à son nom (logique), qu’il paye en liquide car il est
interdit bancaire et n’a droit ni aux chèques, ni à la carte de
crédit.
Les deux amis louent une voiture par l’intermédiaire d’une de leur
connaissance, Jean-Patrick Constantini qui a une société de
production de film et qui bénéficient de tarifs de locations très
avantageux.
Après un arrêt à Tournus, église célèbre en histoire de l’Art,
Jean-Philippe Antolini et Jean Castela se rendent à l’Archéodrome de
Beaune. C’est important pour Jean-Philippe Antolini car dans le
cadre de sa formation il doit rendre un mémoire d’une dizaine de
page portant sur la mise en valeur touristique de la micro-région du
Niolu et il souhaite présenter un projet de création d’un
archéodrome. Dans ce petit mémoire rendu quelques semaines plus
tard, il fait donc largement allusion à l’arrêt dans cet
archéodrome. D’ailleurs, dans sa maîtrise qu’il rendra l’année
suivante, sur le même sujet, il évoque de nouveau cet arrêt à
l’Archéodrome de Beaune.
Après Beaune, Jean Philippe Antolini et Jean Castela se rendent en
Alsace à Mulhouse où ils mangent et dorment. Jean Castela paye les
notes avec sa carte de crédit et donne à l’hôtel son patronyme.
Le lendemain, Jean Castela et Jean-Philippe Antolini vont à
Strasbourg et vont emprunter la route des vins d’Alsace et en
prenant des notes car un autre étudiant de la formation de guide
prépare un mémoire sur une route des vins du Cap Corse. D’ailleurs,
lors de l’examen du disque dur des ordinateurs de Jean Castela, les
enquêteurs retrouveront ce mémoire, écrit en très grande partie par
Jean lui-même.
A Strasbourg, Jean et Jean-Philippe éprouvent la plus grande
difficulté à trouver une chambre en raison du fait qu’il y a à ce
moment dans la région de nombreuses activités qui ont attiré du
monde, comme vraisemblablement une session du parlement européen.
Dans son ordonnance, le juge utilise volontairement des mots forts
pour tenter de faire passer Jean Castela et Jean-Philippe Antolini
pour des menteurs : « leurs déclarations devaient être largement
prises en défaut ». En fait d’être largement prise en défaut, Jean
Castela et Jean-Philippe Antolini ont simplement déclaré être arrivé
tardivement à Strasbourg, ce qui sera confirmé (et non mis en
défaut) par l’examen de leurs téléphones qui atteste qu’ils
n’étaient à Strasbourg qu’à 17 heures. A ce moment, ils ont tourné
en ville pour chercher un hôtel, et après de nombreux échecs qui
expliquent qu’ils n’ont pas eu le temps de visiter la ville dès leur
arrivée, ils ont fini par aller à un hôtel Ibis du centre de
Strasbourg.
Cet établissement était lui aussi complet, mais après consultation
de ses ordinateurs, le réceptionniste a informé Jean Castela et
Jean-Philippe Antolini qu’il restait des chambres de libre dans un
autre Ibis, celui de la rue de Molsheim. Nos deux amis s’y sont
rendus pour prendre leur chambre. Jean avait payé la veille, et
comme cela est souvent le cas en Corse, on ne partage jamais les
notes de frais en deux, mais on paye chacun son tour, donc c’est
Jean-Philippe Antolini qui paye l’hôtel. Il règle en liquide, comme
pour son billet d’avion puisqu’il est interdit bancaire, et quand on
lui demande son nom, il répond fièrement « Friess ». Bien entendu,
ce n’est pas un faux nom comme le prétendent les juges, mais le nom
de sa mère et surtout le nom de la famille alsacienne de sa mère,
famille très célèbre puisque anobli au XIIIe siècle pour sa
participation au croisade. Jean-Philippe est donc l’héritier des
Barons de Friess, baron d’Alsace. Cette famille est l’une des plus
ancienne d’Alsace, et son ancêtre direct Henri Friess dont
Jean-Philippe porte le prénom (Jean Philippe Henri Joseph) est
attesté sur le livre d’or de la ville de Mulhouse dès le XIIIe
siècle.
Les enquêteurs découvrent lors de la perquisition chez Jean
Philippe Antolini la facture de cette chambre d’hôtel que ce dernier
avait gardé soigneusement en souvenir, avec d’autres factures du
même voyage, et il comptait la montrer à l’occasion à son grand-père
maternel. Dès la garde-à-vue, et sans même que les enquêteurs ne lui
pose la question, Jean-Philippe Antolini explique qu’il a utilisé le
nom de sa
famille
alsacienne, c’est-à-dire, le nom de sa mère, pour rendre hommage à
ces ancêtres. Il répètera tout au long de l’instruction et pendant
son procès la même version des faits, ne bougeant pas d’un iota. Ce
comportement est à rapprocher de celui de tous les Corses de la
diaspora qui rentrent en Corse et qui ont un patronyme français. Ils
n’hésitent pas à donner le nom de leur mère pour rappeler aux gens
qu’ils sont Corses. C’est la démarche que Jean Philippe a toujours
fait par rapport à son cousin germain Stéphane Lesavéant, qu’il a
par exemple toujours inscrit lors des tournois de football estivaux
sous le patronyme de sa mère, Antolini. D’autre plus célèbres ont
également choisi de se corsiser en utilisant le nom de leur mère,
comme Patrick Fiori qui a pris pour nom de scène celui de sa mère
qui était corse, au moment de sa première chanson « mamma corsica »
qui l’a rendu célèbre. Un Durand qui aurait chanté la même chanson
n’aurait sans doute pas eu le même succès. En utilisant le nom de
ces ancêtres, Jean Philippe n’a pas cherché à dissimuler son
identité, bien au contraire, il a cherché à se faire remarquer et à
appliquer un mode de fonctionnement qu’il a toujours connu en Corse.
Le voyage a repris le lendemain matin avec une visite rapide de la
cathédrale de Strasbourg et puis le départ vers le Jura suisse pour
participer à la réunion avec l’association. Puis le retour, encore
une fois, pour visiter un maximum de choses par la route de
Napoléon.
Encore une fois, les déclarations de Jean Castela et Jean-Philippe
Antolini sont confirmées par l’examen des factures téléphoniques qui
atteste qu’ils étaient à 120 kilomètres de Strasbourg à 10 heures du
matin, et comme la cathédrale ouvre à 7 heures (pièce versée au
dossier), ils ont largement eu le temps de la visiter (et non pas
« très peu de temps » comme l’insinue le juge) puis de reprendre la
route. Sans oublier que ce type de visite n’est pas une visite
classique comme on pourrait la faire avec un groupe mais était
destinée simplement à voir un monument gothique.
Qui peut imaginer une seule seconde que des « terroristes » vont
laisser autant de trace derrière eux s’ils veulent dissimuler leur
passage ? Billet d’avion à leur nom, payement la veille à Mulhouse
avec carte de crédit et sous le nom de Jean Castela, mention dans
différents mémoires du voyage… Qui peut imaginer une seule seconde
des terroristes en train de visiter des archéodromes, des édifices
religieux, participer à des réunions associatives et en même temps
s’arrêter faire des repérages qu’ils ne vont même pas utiliser
eux-mêmes car il ne faut pas oublier que Jean-Philippe Antolini n’a
jamais été mis en examen pour l’attentat, mais seulement pour une
prétendue complicité…
Quant à Jean Castela, s’il a bien été mis en examen pour cet
attentat ainsi que pour la complicité, il faudra quand même que les
juges enquêteurs nous explique l’intérêt d’aller faire un repérage à
deux pour qu’au final une seule des personnes revienne faire
l’attentat. Mais, les juges de la cour d’assise spéciale ne s’y sont
pas trompés en acquittant Jean Castela pour l’attentat.
Le jour de l’attentat de Strasbourg, Jean a expliqué aux enquêteurs
qu’il s’était rendu dans le Jura suisse pour régler des problèmes
internes de fonctionnement entre jurassien qui nécessités une
intervention extérieure.
Jean avait donc convenu d’un rendez-vous avec eux quelques semaines
auparavant et s’est rendu en train jusque dans une gare proche
française frontalière. C’est à ce moment qu’un jurassien est venu le
chercher à la gare française pour l’amener de l’autre côté de la
frontière. Puis, un autre est venu le chercher pour l’amener à sa
destination finale. Le fait que ces deux jurassiens ont tous les
deux le même prénom (Cédric) a semé une certaine confusion chez les
enquêteurs, puis, à la lecture du procès verbal de la réunion
jurassienne à laquelle Jean Castela et Jean-Philippe Antolini avait
participé, les enquêteurs se sont rendus compte qu’il y avait deux
jurassiens qui portaient ce prénom, et ils ont tous les deux été
interrogés. Ils ont confirmé être allés chercher à cette époque Jean
(l’un en France pour l’amener à Porrentruy et l’autre à Porrentruy
pour l’amener à Moutier). L’étude des déplacements de Jean Castela
hors de Corse et plus particulièrement dans le Jura suisse prouve
que c’est bien à cette occasion que sa montée dans cette région
s’est effectuée de la sorte.
Il est intéressant de noter que la mère de Jean Castela a un carnet
dans lequel elle note tout ce qu’elle fait et ce que font les siens.
Ainsi, on retrouve bien dans ce carnet traces d’une mention faisant
état d’un voyage de Jean dans le Jura suisse à cette date !
Enfin, le juge termine sur le chapitre en expliquant que Jean
Castela avait « organisé sa clandestinité » au moment de ce voyage
car l’analyse de son téléphone portable révèle qu’il n’a pas passé
de coup de fil. Or, il n’est pas précisé qu’à cette époque Jean
Castela ne bénéficiait pas de l’abonnement international et que de
ce fait il lui était impossible d’utiliser son téléphone en Suisse !
Quant aux contacts téléphoniques entre Jean Castela et Vincent
Andriuzzi « dans les périodes cruciales précédant et suivant les
attentats mais aussi l’assassinat du préfet… » cela relève de la
supercherie car Jean et Vincent étaient en contact téléphonique
permanent, qu’il y ait des attentats ou pas. De même Vincent avait
des contacts pour le travail très fréquents avec Alain Ferrandi et
pas uniquement au moment des attentats comme tente de le faire
croire le juge. S’il y avait de véritables éléments à charge contre
Jean et Vincent, les juges ne se contenteraient pas d’utiliser ces
artifices cousus de fil blanc.
A la page 76 de l’ordonnance, le juge change totalement de version
et fait de Jean-Philippe Antolini, Jean et Stella Castela et même
Vincent Andriuzzi des dissidents de la Cuncolta uniquement à partir
du printemps 97 !!! Alors que pour Jean-Philippe Antolini par
exemple, il est attesté qu’il n’est jamais entré en dissidence mais
simplement qu’il s’est retiré de la politique le 31 août 1995, à la
date de l’assassinat de son parent Pierre Albertini. Le juge
lui-même le dit dans son ordonnance page 67 ! Et de dissidents en
septembre 94, date de l’attentat revendiqué d’un rectorat de Paris
puis démenti par le FLNC, Jean Castela devient à la fin de
l’ordonnance un dissident seulement au printemps 1997 ! Il faudrait
quand même savoir !!!
Dossier des attentats de 1994
Concernant les affaires de 1994 (attentats de Mende, opération de
Nice et attentat de Paris), nous ne nous étendrons pas sur ces
affaires sans aucun rapport avec l’assassinat du préfet en 1998 ou
avec les attentats commis par le groupe sans sigle en 1997.
Il apparaît comme une évidence que Jean Castela a, à cette époque,
rendu des services aux clandestins du FLNC en acceptant de jouer les
supplétifs de cette organisation, en leur fournissant des
informations techniques sur l’enseignement de la langue corse à
insérer dans un communiqué et des informations pratiques sur les
plans de bâtiments de l’éducation nationale. Un de ces plans a pu
être utilisé par le FLNC lors de l’attentat contre le rectorat de
Paris.
S’il s’est refusé tout au long de l’instruction et pendant une
partie du procès à reconnaître son rôle de supplétif, Jean Castela
l’a reconnu à la fin du procès en première instance. On peut
s’interroger sur le fait que Jean Castela ait attendu aussi tard
pour parler sur ce sujet, mais quand l’on sait que sans aucun
élément de preuve, il a été condamné à 30 ans de prison, on peut
comprendre que certaines personnes aient des réticences à considérer
cette justice !
On peut lui reprocher cette attitude et on peut certes le condamner
pour ces actes datant de 1994, mais en aucune façon ces actes ou ces
actions de 1994 ne peuvent être constitutifs d’un commencement de
preuve dans une affaire totalement différente, celle de l’assassinat
du préfet Erignac en 1998.
Et si Jean Castela doit
être condamné, c’est pour cette affaire de 1994, et non pas pour
autre chose. D’ailleurs, si ce dossier de 1994 se trouve mélangé
dans l’affaire Erignac, c’est uniquement pour tenter de semer la
confusion en faisant condamner Jean Castela pour 1994, dossier dans
lequel il y a quelques éléments.
Jean Castela a reconnu
qu’il avait été un supplétif du FLNC à cette époque, et nous
acceptons qu’il soit condamné pour ces faits. Nous estimons par
ailleurs qu’avec 7 années de détention préventive, il a largement
payé cette aide qu’il a apporté, il y a 12 ans, aux clandestins.
Les
problèmes de santé de Jean Castela
Jean Castela a
été victime d’un grave malaise cardiaque le 16 mai 2002, dans la
cour de promenade de la prison de Fresnes.
Alors qu’il a
perdu connaissance et qu’il est sous perfusion dans l’ambulance des
pompiers, les gendarmes lui mettent les entraves.
Il a dans un
premier temps été transporté à l’hôpital de
Villeneuve-Saint-Georges.
La présence
policière est pesante, avec 4 à 5 gardes mobiles en permanence dans
la chambre, avec mitraillette et gilet pare-balles, sans compter
ceux qui stationnent dans les couloirs. La présence militaire est
tellement pesante que le médecin dit à Jean Castela qu’il ne
supporte plus la situation et le renvoie, le 18 mai, sur l’hôpital
pénitentiaire de Fresnes.
Dix jours plus
tard, Jean Castela est transféré à l’hôpital de Kremlin Bicêtre, là
encore menotté et entravé. Puis il réintégrera l’hôpital de Fresnes
où il restera jusqu’au 20 juin, avant de réintégrer sa cellule.
Au cours de ces
divers changements d’hôpital, Jean Castela verra 11 médecins
différents – mais aucun ne suit réellement le dossier médical de
bout en bout - et ferra toute une série d’examens : coronarographie,
échographie, test d’effort.
Une tachycardie
ventriculaire est diagnostiquée, les pulsations cardiaques étant
montées lors du malaise à 200/mn, responsables d’une syncope à
l’effort.
Jean a été très
éprouvé par ce malaise. Il pesait le 16 mai 73 kg (pour 1m72). A sa
sortie de l’hôpital le 20 juin, il pèse 63 kg. Il descendra jusqu’à
55 kg, sans pour autant revoir un médecin.
C’est dans cet
état de faiblesse extrême qu’il comparaîtra en juin et juillet 2003
lors du procès en première instance. Sa faiblesse et sa tension très
basse ne lui permettent pas d’accéder seul à la salle d’audience et
ce sont les gardes mobiles qui le portent tous les jours, assis sur
une chaise, jusqu’à la salle d’attente du box des accusés. Mais
c’est sans aide qu’il pénètre dans la salle d’audience.
Le stress est tel
pour lui qu’il développera également un zona pendant le procès.
Les
interventions médicales que Jean Castela a subi
Depuis 2003, Jean
Castela a subi deux autres coronarographies. Or, il ne s’agit en
aucun cas d’un acte médical anodin. En effet, tous les spécialistes
s’accordent sur ce point. A titre d’exemple, voici quelques extraits
d’articles médicaux traitant du sujet :
Le Dr
N. Boyadjian, dans un article intitulé « Le cœur, son histoire,
son symbolisme, son iconographie et ses maladies » dit : « La
coronarographie n’est pas dépourvue de tout danger. Elle comporte
une mortalité qui varie d’après les diverses statistiques de 1 à 10
pour 1000 ».
Pierre Hillion,
dans la « Chronique Santé du Corse-Matin » du 23/10/2005 affirme :
« La coronarographie est un acte à risque. Les médecins ne
l’ignorent pas, les patients non plus : on leur demande d’ailleurs
de "signer une décharge sur les risque qu’ils encourent" comme le
confirme le professeur Pierre Gibelin (Service de cardiologique du
CHU de Nice). La coronarographie consiste sous anesthésie locale à
ponctionner l’artère fémorale au niveau de l’aine (ou l’artère
radiale au bras) pour y placer un cathéter – minuscule tuyau – que
le cardiologue spécialisé (le coronarographiste) va remonter par le
système artériel jusqu’à l’entrée du cœur, à toucher les valves
aortiques. On injecte alors le produit de contraste pour effectuer
une radiographie ou angiographie numérique des artères coronaires ».
« Incontestablement,
ce n’est pas un geste anodin, c’est une technique invasive, oui,
c’est un acte à risque » explique le professeur Bernard
Padovani.
« La
coronarographie classique présente des risques connus, soit un décès
pour 1000 patients, (selon une étude portant sur 222 553
coronarographies). Si l’on reporte ce taux au total des
coronarographies réalisées chaque année en France (200 000) cela
représente donc 200 décès par an.
A ces décès il
convient de rajouter : 0,6 cas pour 1000 d’infarctus du myocarde,
directement provoqué par la coronarographie ; 0,6 cas pour 1000
d’accident vasculaire cérébral ; 0,47 cas pour 1000 d’hémorragie
vasculaire… ce qui, au bout du compte, finit par représenter des
centaines de complications graves liées chaque année à la
coronarographie ».
Philippe Beaufils,
Professeur à la faculté de médecine de Lariboisière-Saint Louis,
service de cardiologie de l’hôpital Lariboisière à Paris, nous dit
ceci : « Les méthodes invasives, qu’il s’agisse de l’exploration
électrophysiologique, du cathétérisme cardiaque, de l’angiocoronarographie
ou encore de l’artériographie sont considérées comme la référence,
le Gold standard, tant en matière d’imagerie que de fonction
cardiaque. Toutefois elles sont dangereuses et coûteuses :
responsables d’une morbi-mortalité qui est faible mais non
négligeable, même dans des mains expérimentées, elles sont
aujourd’hui des indications limitées, codifiées, correspondant
schématiquement à des situations d’urgence, à l’évaluation d’un
risque grave et à la décision d’un traitement lourd de conséquences,
notamment chirurgical ».
La maladie de
Jean Castela
Deux ans et demi
après le malaise cardiaque de Jean Castela, et après trois
coronarographies à risques (qui en fin de compte n’étaient pas
nécessaires), les médecins réussissent enfin à diagnostiquer sa
maladie.
Il s’agit d’une
Dysplasie Ventriculaire Droite Arythmogène (DVDA) qui est une
maladie génétique rare.
Le professeur G.
Thiene la définit comme suit : « La DVDA constitue une forme
assez unique de cardiomyopathie du fait de la disparition
progressive du myocarde et de son remplacement par du tissu fibro-adipeux.
La DVDA affecte principalement le ventricule droit, mais
progressivement le ventricule gauche peut être aussi atteint. La
fréquence réelle de cette maladie est encore inconnue (…). La
maladie serait une cause majeure de décès chez les athlètes.
Malheureusement, il arrive que l’arrêt cardiaque soit le premier
symptôme de la maladie (…). Le diagnostic peut être posé de
manière non invasive
grâce à l’électrocardiogramme, qui met en évidence des
caractéristiques de la maladie (…). Le traitement est
actuellement palliatif
est vise à éviter, à l’aide d’anti-aryhtmiques (bêta-bloquants,
amiodarone, flécainide), le début d’une instabilité électrique
menaçant le pronostic vital ».
Le docteur Guy
Fontaine, spécialiste dans ce domaine, nous dit : « La DVDA peut
rester longtemps asymptomatique, (…). Il existe un risque de mort
subite (…) »
Jean Castela a
donc subi une opération appelée « ablation par radiofréquence », le
14 janvier 2005, à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris. Il est
actuellement sous traitement médicamenteux de flécaïne et aspégic.
Pour le procès en
appel qui débutera le 1er février, le médecin de la
prison de Fresnes, compte tenu de l’état de santé de Jean Castela, a
demandé aux autorités compétentes que les déplacements de Jean
Castela de la prison au palais de justice pendant son procès se
fassent exclusivement en ambulance et non pas en fourgon cellulaire.
De plus, Jean Castela devra être équipé pendant tout le procès d’un
électrocardiogramme pour contrôler son rythme cardiaque.
Témoignage de Jean Castela
sur son état de santé (juin 2002)
« Le 16
mai 2002, lorsque l’accident est arrivé, j’étais en excellente
condition.
J’ai d’abord eu un
étourdissement, la tête qui tourne et une sensation de “jambes
vides”. Je me suis appuyé à l’ombre contre un mur mais la même
sensation persistait. Je me suis assis puis après quelques minutes,
on m’a amené boire à un robinet. Mais la vision était de plus en
plus embrouillée, le malaise persistant. J’étais toujours conscient
et debout mais j’avais perdu un peu la notion du temps.
On m’a
amené à l’infirmerie, en marchant mais soutenu par un bras (au cas
où), et là on m’a allongé. A aucun moment je n’ai ressenti de
palpitations. Immédiatement on a pris ma tension, très basse, et on
m’a piqué le bout du doigt pour évaluer le taux de sucre. Il était
lui aussi très bas. On m’a fait un électrocardiogramme. Toujours
conscient mais avec des difficultés pour parler, je répondais aux
questions que l’on me posait. De plus en plus de monde s’agitait
autour de moi. J’ai vu ainsi arriver les pompiers avec un matériel
d’intervention. Je me rappelle que l’un d’entre eux m’a appuyé
fortement sur les yeux. C’est vers ce moment là que je ne me
souviens plus de rien, si ce n’est d’avoir entendu un pompier dire
“on va le choquer”.
Je me
suis réveillé sur un brancard en train de sortir d’une ambulance à
l’hôpital de Villeneuve-St-Georges. J’étais sous perfusion. Je me
rappelle qu’une fois installé dans une salle au service de
cardiologie (cela ressemblait aux urgences) un gendarme est venu
m’enlever les entraves qu’on m’avait mis aux pieds.
On m’a
placé ensuite dans une chambre, toujours dans le même service, où la
surveillance des infirmières était constante. J’avais en permanence
la perfusion, un brassard pour me prendre la tension et le rythme
cardiaque, une sorte de capuchon au bout du doigt pour mesurer
l’oxygénation (si j’ai bien compris) et un petit tuyau qui m’amenait
de l’air dans les narines. Durant toute la durée de ma présence à
cet hôpital un garde mobile avec mitraillette et gilet pare-balles
est resté planté devant la porte, toujours ouverte, ne me quittant
pas des yeux, refusant de laisser ouvrir la fenêtre (alors que dans
la journée la canicule continuait). Les autres, ils étaient
toujours 4 ou 5, restaient à proximité (sans parler de ceux qui
étaient dehors !).
Un
cardiologue est venu me voir (je vais les numéroter pour qu’on s’y
retrouve). C’est le n°1. Il m’a dit que j’avais fait un accident
très grave, peut-être un infarctus. Le lendemain, après de
nombreuses piqûres et prises de sang, il est revenu me disant qu’il
ne pensait plus à l’infarctus, même si au niveau du foie il y avait
une légère trace de ce qui est, ou peut être secrété lors d’un
infarctus. L’hypothèse a été finalement écartée. Il a diagnostiqué
une tachycardie ventriculaire en m’expliquant que j’avais fait
l’équivalent d’une mort subite, pas totale évidemment. Mon cœur se
serait emballé lors du malaise, se maintenant à 200, et en
présentant de graves troubles du rythme.
Le même
jour un autre cardiologue (n°2) m’a pris en charge, avec un interne.
Il a confirmé ce que m’avait dit le n°1, me disant que je l’avais
échappée belle. Leur problème était qu’ils n’avaient pas identifié
la cause. Ce cardiologue m’a dit, comme je lui posais la question,
qu’on m’avait endormi pour me “choquer”, sans que je perde
connaissance.
Le 17 en
fin d’après-midi j’ai subi une coronarographie. Pour me transporter
en salle d’opération il a fallu traverser quelques couloirs et
changer d’étage. Il y avait une dizaine de garde-mobiles, armés
jusqu’aux dents qui entouraient le brancard. L’un d’entre eux est
resté tout le temps dans la salle d’opération. Lors des déplacements
j’étais pourtant sous perfusion et nu sous un drap.
Le 18 le
n°2 et l’interne m’ont fait une échographie. Ils m’ont expliqué que
la coronarographie n’avait rien révélé de grave. En cherchant bien
il y avait peut être un léger rétrécissement d’une artère, mais
quelque chose de très courant et inoffensif d’après eux. Les examens
de sang ont par contre montré un manque de potassium. Tout le reste
allait bien. Le n°2, lors de nombreuses discussions, m’a confirmé
qu’il ne fallait plus songer à faire du sport, sauf si on me plaçait
un petit boîtier dans le thorax (un “défibrillateur” ou quelque
chose d’approchant). Cela dépendrait d’un nouvel examen à réaliser,
un cathétérisme. Celui-ci ne pouvant se faire à Villeneuve St
Georges le n°2 m’a avoué ne plus supporter la présence envahissante
des gendarmes dans le service, si bien que le 18 dans l’après-midi
j’ai été transféré à l’hôpital de Fresnes, à l’unité des soins
continus, en ambulance.
Au
service des soins intensifs j’étais en permanence branché à un
appareil contrôlant le rythme cardiaque et la tension. On ne m’a
enlevé les perfusions qu’au bout de 3 ou 4 jours. Tous les jours
j’avais une piqûre (anticoagulant je crois), une prise de sang, une
analyse d’urine, et la prise de médicaments (cordarone, sectral,
kardégic). Sont passés un cardiologue (n°3) et un médecin (n°4). A
mon arrivée dans ce service j’ai été pesé à 73 kg.
J’ai été
transféré le 23 mai au service cardiologie, laissant ainsi l’unité
des soins continus. J’ai été pesé à 68 kg. J’ai vu un médecin (n°5)
le 27. Je passe sur la surveillance régulière de ma tension et de
mon rythme cardiaque, 3 fois par jour, et sur un électrocardiogramme
quotidien.
Le 28
j’ai été pesé à 67 kg. Le 30 au matin on est venu me chercher pour
me conduire à l’hôpital du Kremlin Bicêtre, sous escorte toujours du
même type. On m’avait mis sous perfusion. J’ai quand même été
entravé et menotté au brancard ! Le trajet s’est fait en ambulance.
Après une traversée de l’hôpital digne de Starsky et Hutch, j’ai
subi un cathétérisme. Le gendarme a refusé de me désentraver pendant
l’examen. Deux cardiologues ont procédé au cathétérisme (n° 6 et 7),
naturellement différents de celui de la coronarographie (n°8).
J’étais de retour dans la matinée à Fresnes. Après ces 2 examens, il
faut rester 24 h la jambe absolument tendue, au lit, car un gros
pansement maintient un point de compression à l’aine à l’endroit où
le câble a été introduit. C’est dire, dans l’état où j’étais,
l’utilité de l’escorte et de son zèle.
Le trois
juin le médecin (n°5) est venu me dire qu’a priori tout allait bien,
ce qui m’a été confirmé le 5, aucune grave anomalie n’ayant été
trouvée. Le 4 juin j’ai été pesé à 66 kg. Le 6 juin un cardiologue
(n°9) est venu me parler des résultats des examens. Si la cause
précise n’était pas identifiée, visiblement en concertation avec
d’autres cardiologues ils ont estimé que désormais seul un test
d’effort était nécessaire. Dans le cas où celui-ci ne révélait rien,
avec un traitement, à vie (cordarone), je pourrais refaire du sport
“sans faire toutefois de compétition” ! Dans le cas contraire il
faudrait me faire une électro-simulation à l’hôpital de la
Salpêtrière. Au départ le n°2 avait prescrit de faire cette
électro-simulation en même temps que le cathétérisme mais par la
suite les autres cardiologues et en particulier celui de la
Salpêtrière que je ne connais pas mais qui visiblement suit le
dossier de près, ont décidé que cela n’était pas utile.
Le 6 juin
un autre médecin (n°10) est venu me voir. Il est je crois
responsable du service où je me trouve, mais ce n’est pas un
cardiologue. Il est repassé à plusieurs reprises mais reste dans des
généralités. Son passage à toutes les chambres n’est qu’un contrôle
de routine. Le 11 juin j’ai été pesé à 65 kg.
Le 13
juin j’ai été convoqué par une cardiologue (n°11) ici à Fresnes pour
passer le test d’effort. Auparavant elle a lu le dossier et elle est
tombée sur l’avis du n°2 demandant, en son temps, une
électro-stimulation. Elle voulait refuser alors le test d’effort.
Elle a téléphoné au cardiologue de la Salpêtrière (n°12) pour avoir
son avis puisqu’à l’évidence c’est lui qui doit être supérieur. Il a
dit que le test d’effort ne posait aucun problème. Celui-ci s’est
très bien passé et rien n’est apparu. Depuis le début, en raison du
traitement mon rythme cardiaque oscille entre 42 et 48 et la tension
reste de l’ordre de 9 - 5,5. Elle m’a dit donc que tout allait bien.
Ce que m’a confirmé le n°5 le lendemain, le 14 juin. Le n°5 m’a dit
que j’allais retourner dans ma cellule en début de semaine et que
si, éventuellement, il était décidé de me faire l’électro-stimulation,
je reviendrais plus tard. Lors de cette conversation elle m’a dit
que j’avais perdu connaissance lors de mon malaise du 16 mai,
contrairement à ce que m’avait dit le n°2. En fait ils lisent chacun
le dossier qui commence à être épais et je n’ai pas forcément le
point de vue exact.
Le 14
j’ai porté pendant 24 h un Holter-E.C.G., c’est à dire un
électro-cardiogramme qui a enregistré pendant 24 h. La cassette est
partie à l’analyse dont les résultats devaient être connus sous
quinzaine. Le 18 j’ai été pesé à 63 kg. Une infirmière m’indique que
je suis inscrit pour un examen (peut-être l’électro-stimulation)
mais elle n’en était pas sûre.
Mon souci
est donc d’avoir un avis unique sur la cause de cette tachicardie
ventriculaire, sur les risques de récidive, sur le traitement à
suivre, sur le suivi médical à respecter et sur les activités
physiques possibles.
Dernières
nouvelles, le 19. Le docteur n°5 m’annonce qu’elle vient de
téléphoner au cardiologue de la Salpêtrière et qu’il a confirmé que
l’électro-stimulation n’était pas nécessaire. J’ai réintégré la
cellule en 1° division à Fresnes quelques jours plus tard.
La
“convalescence” va donc se faire dans une cour surchauffée de 9 m de
long sur 4 de large, avec 15 personnes entassées, entre 4 hauts murs
de briques qui réfractent la chaleur… »
Jean
Castela, en juin 2002
Vincent Andriuzzi
La lettre de sa femme
« En
juillet 2003, mon mari Vincent Andriuzzi a été condamné à 30 ans de
réclusion dans le cadre de l’affaire Erignac, bien que depuis son
arrestation en mai 1999 il ait toujours clamé son innocence.
Nous
avons aussitôt fait appel de cette condamnation. Aujourd’hui, alors
qu’il est emprisonné depuis près de six ans, il m’apparaît essentiel
de faire connaître la véritable personnalité de mon époux.
En
juillet 2004, j’ai décidé de constituer un comité de soutien sous la
forme d’une association loi 1901. Ce comité de soutien est composé
du noyau familial et de personnes de sensibilités différentes parmi
lesquelles : Francis Pancrazi, maire de Monte et conseiller
général ; Pierre Jean Franceschi, diacre ; Michel Quilichini ; Vital
Geronimi ; Jean Alain Papi ; Michel Cacciaguerra ; André Leporati ;
Jean-Paul Luciani …
Les
différentes actions entreprises par le comité de soutien ont été :
la création d’un site web, la mise en circulation d’un texte
pétitionnaire demandant un procès équitable au plus tôt, l’envoi
d’un courrier type aux différents décideurs de l’île (évêque de la
Corse, élus, président de l’université etc…), enregistrement, en
septembre 2004 d’une émission par RCFM sur la situation judiciaire
de Vincent Andriuzzi, conférence de presse à Ajaccio le 06/12/2004
avec la ligue des droits de l’Homme, suivie le 08/12/2004 d’une
réunion d’information en présence d’élus d’horizons politiques
divers. Toutes nos actions ont bénéficié en Corse d’une bonne
couverture médiatique.
M.
Ange Santini, président de l’exécutif de l’assemblée de Corse et M.
Simon Renucci, député maire d’Ajaccio ont chacun relayé notre action
en écrivant à M. Dominique Perben, Ministre de la Justice. A ce
jour, plus de 3000 personnes d’horizons sociaux et politiques divers
ont adhéré à notre démarche.
Être
jugé équitablement au plus tôt est le seul et unique but que nous
poursuivons. »
Rose-Marie Andriuzzi
Vincent
ANDRIUZZI, son parcours
Vincent Andriuzzi est né le 16
septembre 1955 à Bastia où il a eu une enfance heureuse avec une
scolarité normale jusqu’au baccalauréat scientifique, section C,
obtenu en 1974.
Il a ensuite entrepris des études
scientifiques à Marseille jusqu’à la licence de mathématiques,
obtenue en partie en juin 1977. Il n’a pu terminer le cursus car en
septembre de la même année, Vincent rejoignait son affectation au
Service National où, au titre de la coopération militaire, il
exerçait pendant deux années scolaires en Algérie, dans la région
des Aurès, en qualité de professeur de mathématiques.
A son retour en Corse, Vincent
Andriuzzi a occupé différents postes de maître auxiliaire en
mathématiques jusqu’en 1981. Las d’une situation professionnelle
instable, il exerçait alors une activité de représentant de commerce
jusqu’en 1983, année où il décidait de reprendre ses études en
mathématiques pour terminer ma licence et passer le CAPES qu’il a
obtenu en 1985, à la fin de l’année de stage pratique. Ce stage
ayant été effectué à Bastia, c’est tout naturellement que Vincent
Andriuzzi a demandé une affectation en Corse, dans le cadre du
mouvement national auquel il était astreint à participer.
Alors que l’Académie de Corse
disposait de places dans la discipline, c’est en région parisienne
que l’administration entendait l’affecter. Avec d’autres collègues
dans la même situation, ils ont contesté leurs affectations et après
quelques moments de vive tension, ils ont obtenu gain de cause et
sont restés en Corse où Vincent Andriuzzi a exercé dans plusieurs
établissements bastiais. Lors de son interpellation du 26 mai 1999,
Vincent exerçait précisément au collège de Lucciana.
Par ailleurs, au registre de sa
formation, il a été amené à suivre un cursus de Conducteur de
Travaux en bâtiments à Toulouse, de septembre 1991 à janvier 1993 en
prévision de la création à venir d’un BTS du bâtiment dans
l’Académie de Corse. Cette création était envisagée par la
Collectivité Territoriale de la Corse, responsable du schéma
régional des formations. Malheureusement, à son retour dans l’île,
la Collectivité Territoriale avait changé ses projets en la matière.
Vincent Andriuzzi a pu néanmoins mettre en pratique ses nouvelles
connaissances dans le domaine du bâtiment puisque le Rectorat lui a
proposé d’intervenir pendant deux années en tant que formateur et
coordonnateur au sein du GRETA, organisme de formation continue pour
adultes. Vincent obtenait aussi l’autorisation de son administration
de tutelle d’exercer une activité complémentaire au sein du monde de
l’entreprise, l’objectif étant d’approfondir sa propre formation
professionnelle et de développer un tissu relationnel dans la
profession dont il entendait faire profiter ses élèves stagiaires.
Sur un plan plus
personnel et depuis 1980, Vincent partage la vie de Rose-Marie
MATTEI, son épouse, Directrice d’une agence du Crédit Agricole en
Corse et qui ont deux enfants : Francesca-Maria, née en 1987 et
Antone-Michele, né en 1995".
Vincent ANDRIUZZI et l'affaire Erignac :
ses explications
« Mon
premier contact avec ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire
ERIGNAC » a eu lieu lors de mon interpellation suivie de ma mise en
garde à vue le 18 novembre 1998.
A mon
domicile ont été saisis mon matériel informatique, ainsi que mon
agenda et mon téléphone portable, pour l’essentiel. Transféré à
Paris aux services de la DNAT, avec quatre autres personnes
(Jean-Philippe ANTOLINI, Jean CASTELA et son épouse Stella,
Jean-Nicolas ANTONIOTTI). J’ai répondu du mieux possible aux
innombrables questions posées. Au terme de soixante-douze heures de
garde-à-vue, j’ai été remis en liberté, avant donc la fin de
celle-ci, sans qu’à l’évidence aucune charge ne soit retenue contre
moi. Il en a été de même pour Jean-Nicolas ANTONIOTTI mais par
contre Jean-Philippe ANTOLINI ainsi que Jean et Stella CASTELA ont
été incarcérés à l’issue de leur garde-à-vue dans le cadre d’une
commission rogatoire annexe.
J’ai
ensuite été convoqué par le juge d’instruction Mme LE
VERT, le 02 avril 1999, en qualité de témoin pour une audition de
plus de quatre heures. Là encore sans conséquences.
Enfin, le 26 mai 1999, j’ai été arrêté et transféré de nouveau à
Paris, mon épouse subissant le même sort. Cette fois-ci je décidai
de garder le silence durant toute ma garde-à-vue et m’en expliquai
devant les policiers. C’est ainsi que, présenté devant le magistrat
instructeur, j’ai été mis en examen pour « complicité d’assassinat »
et écroué à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, mon épouse quant à
elle ayant été libérée après quarante-huit heures d’interrogatoire.
Sur mon attitude, je me suis complètement expliqué devant le juge
BRUGUIERE à l’occasion du débat contradictoire pour le maintien en
détention.
J’évoquai devant lui ma très grande inquiétude à l’occasion de cette
deuxième interpellation. En effet dès les premiers moments, j’ai
senti de la part des policiers un net changement d’attitude par
rapport à la première fois, me laissant entendre que « cette
fois-ci, ce ne serait pas comme la dernière fois…». Arrivant dans
les locaux de la DNAT, j’ai pu constater de suite l’extrême tension
qui y régnait.
Il
faut rappeler que le 21 mai précédent avaient été arrêtées plusieurs
personnes à Ajaccio parmi lesquelles certaines avaient reconnu leur
implication dans l’assassinat du Préfet Erignac. Parmi ces personnes
figurait Alain FERRANDI avec qui j’entretenais des relations
professionnelles que j’expliciterai plus loin.
Et
puis surtout, il y avait ces rumeurs largement diffusées, y compris
par la presse, concernant une réunion, soit disant conspiratrice, à
Ajaccio le 19 août 1998, plus de six mois après la mort du Préfet
Erignac, à laquelle j’aurais participé en compagnie de Jean CASTELA
et d’Alain FERRANDI, au domicile de la sœur de ce dernier. Nous y
reviendrons.
Ayant
eu connaissance de ces rumeurs et autres articles de presse avant
mon interpellation, en entendant dans les médias qu’Alain FERRANDI
avait reconnu sa participation à l’assassinat du Préfet Erignac,
j’ai eu peur de me trouver au centre d’une manipulation et je
préférai garder le silence, réservant mes explications au juge
d’instruction.
J’ai
du attendre la fin août pour être entendu par Mme LE VERT
sur le fond et ainsi m’expliquer complètement. Mais pour autant,
j’ai été maintenu en détention par la suite malgré mes demandes de
mise en liberté. Pire, le 2 décembre 1999, j’ai été mis en examen
dans un dossier connexe, celui des attentats de Strasbourg,
Pietrosella et Vichy perpétrés en 1997, ainsi que dans un troisième
dossier relatif à des attentats ayant eu lieu en 1994 où j’étais mis
en cause - fort opportunément - comme un ancien membre du FLNC canal
historique. La nasse judiciaire ainsi constituée, je demeurais
incarcéré à Fleury-Mérogis.
Néanmoins une lueur d’espoir m’est apparue lorsque la chambre
d’appel (devenue désormais chambre de l’instruction) m’a remis en
liberté dans le dossier Erignac le 12 janvier 2001. C’était pour moi
un signe fort. Mais je demeurais incarcéré dans les deux autres
dossiers car la Justice estimait que bien qu’offrant toutes les
garanties de représentation il y avait me concernant une suspicion
de délit de fuite.
J’ai
donc dû attendre le procès qui s’est ouvert deux ans et demi plus
tard pour tenter de débloquer ma situation, mes nombreuses demandes
de libération recevant toutes, entre temps, une réponse négative.
Pour mémoire, je signalerais que j’ai même écrit en février 2000 au
Garde des Sceaux, en recommandé avec accusé de réception, avec copie
au Premier Ministre, pour l’éclairer sur ma situation. Je n’ai pu
que déplorer que ma correspondance soit restée sans suite.
A
noter que concernant mes conditions carcérales, j’ai été transféré
de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis à celle de Fresnes le 11
janvier 2002, sur instruction de Mme LE VERT, sans qu’il
y ait eu de ma part une quelconque entorse au règlement de
l’Administration Pénitentiaire. Ne peut-on penser alors que mon
déplacement vers une maison d’arrêt aux conditions plus difficiles
s’inscrivait dans une tentative de déstabilisation psychologique ?
C’est donc le 2 juin
2003 que s’est ouvert à Paris « le procès Erignac », les trois
dossiers évoqués plus haut ayant été regroupés en un seul. Inutile
d’insister sur la charge émotionnelle de ce moment qui était à son
comble. Ce sont au total onze personnes qui ont comparu, dont deux
en prévenus libres.
Pour ma part,
l’accusation dans son ordonnance de renvoi me présentait comme un
des responsables de l’assassinat, ayant participé à la rédaction des
communiqués de revendication du " groupe des anonymes ", ce que bien
sur je contestais avec force comme je l’ai fait depuis le premier
jour.
Sans entrer ici dans le
récit exhaustif de l’audience, d’une durée de six semaines, on
retiendra que les débats ont permis de mettre à bas les éléments
présentés contre moi par l’accusation à l’appui de sa thèse.
Avant d’y revenir plus
en détail, notons que les principales questions me concernant et qui
posaient problèmes ont été abordées, que ce soit ma mise en cause
comme ex-membre du FLNC canal historique, la présence sur mon
ordinateur d’un texte pour le moins bizarre, mes relations
téléphoniques ou encore cette fameuse journée du 19 août 1998.
J’ai tenté d’éclairer la
Cour sur toutes ces questions et mon avocat, Me
MAISONNEUVE s’est attaché à démonter la construction de
l’accusation. Par ailleurs, concernant les attentats de Strasbourg,
Pietrosella et Vichy, où j’ai été condamné, on peut remarquer qu’en
plusieurs semaines d’audience aucune question ne m’a été posée sur
ces faits.
Au final, le 11 juillet
2003, la Cour d’assises de Paris spécialement composée m’a condamné
à trente ans de réclusion criminelle. Les observateurs avisés n’ont
pas manqué de souligner l’incohérence de cette sanction, soulignant
même que pesaient contre moi « les charges les plus évanescentes »
(Le Figaro du 12 et 13 juillet 2003). Manifestement, d’autres
considérations que celles du droit ont motivé la décision finale me
concernant. Pour ma part, toujours décidé à faire reconnaître mon
innocence dans ce dossier, j’ai décidé de faire appel de ce jugement
inique ».
Vincent
Andriuzzi : son engagement associatif
Le 5 mai 1992
tombait la tribune de Furiani. Avec elle, 2000 spectateurs sont
projetés dans le vide… La Corse, la France, sont en deuil… Certaines
personnes resteront handicapées. Un homme, parmi elles, faisait
construire sa maison individuelle. Quant elle fut finie, quelques
semaines plus tard, il ne put y entrer…
C’est avec cette triste réalité
qu’en septembre 1993 Vincent Andriuzzi, alors Président de
l’Association pour la Valorisation de la Qualité de l’Habitat en
Corse, décide de mener à bien la réalisation du projet « Megliu
Esse ». Traduisez : mieux être.
Rien n’est prévu pour vivre en
fauteuil roulant dans cette maison neuve.
L’AVQHC n’ayant pas spécialement
vocation à s’occuper des problèmes des handicapés, engage tout de
même une réflexion sur l’adaptation de l’habitat pour les personnes
à mobilité réduite. Pour atteindre cet objectif, l’association a
travaillé en partenariat avec des étudiants en B.T.S. d’action
commerciale du lycée Jeanne d’Arc de Bastia. Avec eux, l’AVQHC a
développé un véritable projet éducatif. Les résultats de cette étude
ont été rendus publics le 18 décembre 1993 à l’occasion d’un
colloque.
L’étape suivante a été la
construction d’une unité pilote. Cette partie du projet a impliqué
des constructeurs, membres de l’Union Nationale des Constructeurs de
Maisons Individuelles (UNCMI), ainsi que de nombreux acteurs de la
construction et du monde associatif comme la délégation de Haute
Corse de l’Association des Paralysés de France (APF). Le Ministère
de l’Equipement, du Logement et des Transports est aussi partenaire
de ce formidable projet. La coordination du groupe de travail ainsi
mis en place étant assurée par Vincent Andriuzzi pour l’AVQHC. Ce
projet a été présenté en mairie d’Ile Rousse devant Mr
Pierre Pasquini, alors Député-Maire de cette ville, le 18 mars 1994.
L’unité pilote d’habitation conçue et adaptée pour le mieux vivre
des personnes à mobilité réduite a été inaugurée le 25 juin 1994, en
présence de très nombreuses personnalités liées au projet. Parce ce
que les enjeux humains et économiques sont d’importance,
l’entreprise s’inscrit dans le temps. Débutée en septembre 1993,
elle s’est poursuivie jusqu’en 1995. Cette démarche a été reprise au
niveau national par l’UNCMI, pour lui donner encore plus d’ampleur.
L’implication dans l’associatif de
Vincent Andriuzzi est à l’évidence totale et on pourra noter, qu’à
la période 1994 son réel centre d’intérêt était bien dans ce projet.
Vincent
ANDRIUZZI : son engagement nationaliste
L’essentiel de l’engagement
nationaliste de Vincent Andriuzzi a eu lieu dans le domaine
syndical. C’est en 1985 qu’il a adhéré au S.C.I. (Sindicatu Corsu di
l’Insignamentu). Il y a trouvé un espace de réflexion et d’action
sur la question des affectations des personnels enseignant en Corse,
ainsi que sur la valorisation de l’enseignement de la langue corse,
thèmes auxquels il était très sensible. Vincent Andriuzzi a même
occupé la fonction de Président du syndicat pendant une année et a
été élu en tant que représentant des personnels certifiés à la
Commission Administrative Paritaire Académique en 1990.
A partir de 1991, pour des raisons
professionnelles liées d’une part à sa formation et d’autre part à
son activité complémentaire dans le domaine du bâtiment, Vincent
Andriuzzi a considérablement réduit son militantisme syndical.
Néanmoins, poursuivant son métier d’enseignant, il a tenu à
maintenir son adhésion, fut-elle formelle, à une organisation
syndicale.
A noter qu’en 1989 Vincent Andriuzzi
s’est rapproché de la Cuncolta Naziunalista, en tant que
sympathisant. Il a eu l’occasion d’assister à des réunions sans pour
autant avoir une présence régulière et du fait, là encore, de ses
activités professionnelles qui l’ont éloigné de Corse en 1991, il
n’a plus donné suite.
D’autant que, dans les années qui
ont suivi, les fortes tensions entre les mouvements, avec ce qu’il
est convenu d’appeler la guerre fratricide, l’ont fortement
perturbé. Depuis lors, il n’a plus d’attache avec aucun parti
nationaliste, bien que Vincent Andriuzzi maintienne ses convictions.
Vincent
ANDRIUZZI et le Groupe FILIPPI
En 1995, alors
que Vincent Andriuzzi poursuivait son métier d’enseignant, il a
accepté de collaborer avec le Groupe Filippi dont l’activité
principale est la location de voitures. Le Groupe le sollicitait
pour une mission de conduite de travaux pour l’ensemble de ses
infrastructures : il s’agissait d’intervenir, en fonction des
besoins, sur les différents sites de l’entreprise afin d’y diriger
les travaux. C’est cette activité que, parallèlement à celle de
professeur, Vincent Andriuzzi exerçait encore en mai 1999, lors de
son arrestation.
Il faut préciser qu’au sein du
Groupe Filippi, dont le PDG, feu Jean-François Filippi était le
cousin germain de Vincent Andriuzzi, le propre père de Vincent avait
exercé la même fonction de conduite de travaux pendant plus d’une
décennie, avant de s’en retirer, atteint par la maladie. C’est donc
au titre d’une certaine continuité familiale, fort de sa formation
et d’un héritage d’expérience paternelle que Vincent Andriuzzi a
accepté la proposition faite par ses cousins, les enfants de
Jean-François Filippi, qui reprenaient la direction de l’entreprise
après l’assassinat de leur père en décembre 1994.
Il est particulièrement important
d'apprécier le travail considérable effectué par Vincent Andriuzzi,
malgré les tentatives par l'accusation de minimiser la réalité de
cette collaboration. D'autant que, concrètement son action a été
possible, en complément de son activité principale de professeur,
grâce d'une part à la proximité du siège social du Groupe où il se
rendait régulièrement et d'autre part du fait d'un emploi du temps
de professeur qui lui laissait des demi-journées (voire des journées
entières) de libre, sans parler des congés scolaires.
Travaux que Vincent
Andriuzzi a supervisé pour le Groupe FILIPPI |
Agence / Lieux |
Date |
Type de travaux |
Intervenants |
|
Aéroport de CAMPO DELL'ORO
AJACCIO
|
Jul 96
Jul 97
Jul 97
Jul 97
Dec 97
Mai 98
Mai 98
Mai 98
Mai 98
Jun 98
Jun 98
Jun 98
Jul 98
Jul 98
Jul 98
Sep 98
Jan 99
Jan 99 |
Electricité
Electricité
Aménagement du Parc
Maçonnerie
Barrières automatiques
Plomberie
Travaux portiques de lavage
Electricité
Plomberie
Maçonnerie
Maçonnerie
Carrelages
Terrassements
Travaux portiques de lavage
Plomberie
Electricité
Maçonnerie
Menuiseries métalliques
Peintures |
Ets François LECCIA ZI
Baleone 20167 MEZZAVIA.
Ets François LECCIA ZI
Baleone 20167 MEZZAVIA.
SARL BATEX 6,
rue San Lazaro 20000 AJACCIO.
Automatismes
Corses 20290 BORGO.
E.U.R.L. MURA
Appieto 20167 MEZZAVIA.
PETRACUMPAC ZI
Vazzio 20090.
Ets François LECCIA ZI
Baleone 20167 MEZZAVIA.
E.U.R.L. MURA
Appieto 20167 MEZZAVIA.
RENOVA Rue Del Pellegrino
20000 AJACCIO.
RENOVA Rue Del Pellegrino
20000 AJACCIO.
TNA ZI Baleone 20167
MEZZAVIA.
Ets SPANU 20117 CAURO.
NEMA 20166 PORTICCIO.
E.U.R.L. MURA
Appieto 20167 MEZZAVIA.
Ets François LECCIA ZI
Baleone 20167 MEZZAVIA.
RENOVA Rue Del Pellegrino
20000 AJACCIO.
ATS 20167 ALATA.
ARTS ET FACADES 20117 CAURO.
|
|
BUDGET Bd Lantivy 20000
Ajaccio |
Fev 97 |
Tous corps d'états (projet) |
SARL ART DECO 13 av.
Impératrice Eugénie 20000 Ajaccio.
|
|
HERTZ Porto Vecchio |
Avr 97
Avr 97 |
Maçonnerie
Enseignes |
Ent SCAMPUDDU 20114 FIGARI.
CORSE ENSEIGNES Av Noël
Franchini 20000 Ajaccio |
|
Agence HERTZ AJACCIO Ville |
Dec 97 |
Revêtements des sols |
TNA 20167 MEZZAVIA.
|
|
Agence HERTZ ILE ROUSSE |
Fev 98 |
Peintures |
TIBERI J.P. 20220
MONTICELLO.
|
|
Aéroport de CALVI |
Fev 99 |
Enseignes |
Enseignes VINCENTI ZI 20600
BASTIA.
|
|
Agence HERTZ BASTIA Ville |
Avr 99 |
Peintures |
BATI DECORS 2B 20620
BIGUGLIA.
|
|
HERTZ |
Mar 96 |
Electricité |
Ets CRUCIANI Casatorra
20620 BIGUGLIA.
|
|
Aéroport de BASTIA PORETTA |
Déc 96 |
Maçonnerie |
PIMENTA ANGELO 20620
BIGUGLIA.
|
|
Box Accueil Aéroport Poretta |
Jan 97
Jan 97
Jan 97 |
Electricité
Peintures
Enseignes |
Ets CRUCIANI Casatorra
20620 BIGUGLIA.
BATI DECORS 2B 20620
BIGUGLIA.
Enseignes VINCENTI ZI 20600
BASTIA.
|
|
BUDGET PORETTA |
Fev 97
Fev 97 |
Electricité
Enseignes |
Ets CRUCIANI Casatorra
20620 BIGUGLIA.
Enseignes VINCENTI ZI 20600
BASTIA.
|
|
Bâtiment SOBADI PORETTA |
Mar 97
Avr 97
Avr 97 |
Electricité
Maçonnerie
Métallurgie |
Ets CRUCIANI Casatorra
20620 BIGUGLIA.
Etp FERREIRA Antonio BASTIA.
SOCOMETAL 20620 BIGUGLIA.
|
|
|
|
|
|
|
|
Agence / Lieux |
Dates |
Type de travaux |
Intervenants |
Garage FILIPPI AUTO Aéroport
de
BASTIA Poretta |
Mai 97
Jul 97
Jul 97
Sep 97
Sep 97
Jan 98
Avr 98
Mai 98
Jun 98
Jun 98
Jun 98
Jul 98
Jul 98
Oct 98
Oct 98
Déc 98
Fev 99
Mar 99 |
Electricité
Electricité
Barrières Parking
Barrières Parking
Electricité
Electricité
Electricité
Electricité
Electricité
Maçonnerie
Barrières automatiques
Portail roulant
Contrat maintenance
BTP
Etanchéité
BTP
Menuiseries
Rideaux métalliques
Electricité |
Ets CRUCIANI Casatorra 20620
BIGUGLIA.
Ets CRUCIANI Casatorra 20620
BIGUGLIA.
Automatismes Corses 20290
BORGO.
Automatismes Corses 20290
BORGO.
Ets CRUCIANI Casatorra 20620
BIGUGLIA
Ets CRUCIANI Casatorra 20620
BIGUGLIA.
Ets CRUCIANI Casatorra 20620
BIGUGLIA.
Ets CRUCIANI Casatorra 20620
BIGUGLIA.
Ets CRUCIANI Casatorra 20620
BIGUGLIA.
Etp FERREIRA Antonio BASTIA.
Automatismes Corses 20290
BORGO.
Automatismes Corses 20290
BORGO.
SARL FRANCESCHINI 20600
FURIANI.
ISOLA 20600 FURIANI.
SARL FRANCESCHINI 20600
FURIANI
Ets LIMONGI 20600 FURIANI.
FERROSUD 20213 FOLELLI.
Ets CRUCIANI Casatorra 20620
BIGUGLIA. |
Travaux en cours(à la date
de l'interpellation de Vincent Andriuzzi, en Mai 99) |
Aménagements du Garage de
l'aéroport de BASTIA-PORETTA
Permis de construire
N°2B1489B0019, Architecte: Paul NAVARRA 20620 BIGUGLIA |
Aménagement de la villa de
Mme FILIPPI Geneviève
20290 Lucciana |
Jul 96
Aou 96 |
Maçonnerie
Electricité
Vidéo surveillance
Portail automatique |
Etp PASQUALE Francesco
Ortale 20620 BIGUGLIA.
Ets CRUCIANI Casatorra 20620
BIGUGLIA.
Automatismes Corses 20290
BORGO.
Automatismes Corses 20290
BORGO.
|
Rénovation de l'appartement
de M.
Eric FILIPPI
Rés. A Canonica
20290 Lucciana |
Oct 96
Nov 96 |
Maçonnerie
Electricité
Placards
Porte blindée
Etanchéité
Carrelages
Peintures |
Etp FERREIRA Antonio
BASTIA.
Ets CRUCIANI Casatorra 20620
BIGUGLIA
PRO'POSE Falconaja 20600
FURIANI
Bastia Protection 20 Av
Emile Sari 20000 BASTIA.
ISOLA 20620 BIGUGLIA.
Corse Carrelages 20600
FURIANI.
LE ROCH 20600 Casatorra. |
Rénovation de la résidence
secondaire
De M. Eric
FILIPPI Mariana- Plage
20290 Lucciana |
Mar 98
Avr 98 |
Menuiseries
Peintures |
Ets LIMONGI 20600 FURIANI.
LE ROCH 20600Casatorra. |
Restaurant " Mariana Plage"
Quartier
Pineto 20290 Lucciana |
Fev 97
Mar 97
Déc 97
Jul 97 |
Peintures
Four à Pizzas
Marbrerie
Maçonnerie
Panneaux de Pub
Stores, Baches
Menuiseries
Electricité
Vitrerie
Alarmes
Publicités peintes |
BATI DECORS 2B
20620BIGUGLIA.
Comptoir de plâtre 20600
FURIANI.
La Marbrerie ZI Bastia 20600
BASTIA.
Etp FERREIRA Antonio BASTIA.
FERROSUD 20213 FOLELLI.
SARL MORELLINI 20290 BORGO.
MDL 20215 VESCOVATO.
Ets CRUCIANI Casatorra 20620
BIGUGLIA.
CASAVER 20600 FURIANI.
Ets CRUCIANI Casatorra 20620
BIGUGLIA.
Bastia Publicités ZI FURIANI
20600 BASTIA. |
Revue de presse
Articles évoquant Jean Castela et Vincent Andriuzzi dans différents
magazines et journaux.
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Ce dossier a été
réalisé par le
Comité Anti
Répression
Pour toute question ou complément d’information, vous pouvez joindre
au téléphone les porte-parole du CAR :
Stella Castela au 06 22 20 88 84,
Jean Philippe Antolini au 06 23 53 65 26,
et
avant le procès, vous pourrez envoyer des fax au 04 95 35 04
54
ou des e-mail à l’adresse Internet suivante :
ghjuvan.filippu.antolini@wanadoo.fr